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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rouge foncé arrivait au trot le long de la grande allée principale.
    Emporté par une impulsion dont il n’aurait pu dire d’où elle venait, Gilles, coincé contre l’un des pilastres d’entrée par le reflux de la foule, s’agrippa aux pierres et grimpa.
    Il se trouva ainsi juste à la hauteur des portières du carrosse quand il passa auprès de lui. Ainsi que l’avait prédit l’homme de lettres, la voiture était fermée mais seulement par ses glaces et les mantelets étaient relevés. Chacun put voir la femme qui était assise à l’intérieur, très droite, entre deux soldats. Elle était très pâle et ses cheveux défaits pendaient le long de son visage tuméfié. Ses yeux regardaient droit devant elle.
    Étouffant un cri sous son poing qu’il mordit, Gilles la reconnut avec horreur : c’était Judith !
    1 .  La Sainte-Barbe était la réserve de poudre et de munitions d’un navire de guerre.
    2 .  Le supplice réservé aux régicides était l’écartèlement.
    3 .  La loge maçonnique dont le duc de Chartres était le grand maître.
    4 .  Les gardes du corps se divisaient en quatre compagnies : écossaise, anglaise, bourguignonne et flamande.
    5 .  Étoffe de soie brochée originaire de l’Inde.

CHAPITRE VII
    PLAIDOYER POUR UNE RÉGICIDE…
    La grande stupéfaction de l’amateur d’héroïnes belles et tragiques, l’aimable jeune homme avec lequel il avait lié connaissance eut, dès le passage de la voiture, un comportement des plus étranges. Dégringolant du pilier sur lequel il s’était hissé, il courut rejoindre son cheval, laissé un peu plus bas à cause de la foule, sauta dessus en voltige et disparut comme un météore dans le nuage de poussière qui n’avait pas encore eu le temps de retomber.
    — Dommage ! soupira-t-il en haussant les épaules. Ce garçon me plaisait. J’aurais aimé l’étudier davantage… Je me demande qui il est…
    S’il avait pu, à cette minute même, poser la question à l’intéressé, il est probable que celui-ci eût été incapable d’y répondre. Le cœur fou, l’esprit en déroute, il n’avait plus qu’une seule idée claire : rejoindre ce carrosse, en arracher celle qu’il aimait, cette malheureuse enfant que Monsieur venait de sacrifier froidement à ses appétits de règne en exploitant, avec quelle abominable lâcheté ! sa folle jalousie envers la reine. Car si l’infernale machine de mort avait éclaté, l’hécatombe qu’elle aurait causée en faisait une victime de plus. Jamais la petite barque n’aurait pu s’écarter assez vite pour mettre la jeune incendiaire à l’abri. De toute façon, Judith devait mourir… ce qui était évidemment une excellente façon de l’empêcher de parler.
    — Si je n’arrive pas à la sauver, je le tuerai, je le tuerai de mes mains, ce misérable prince ! Je l’étranglerai.
    La colère l’étouffait, d’autant plus sauvage qu’elle se doublait d’un remords car il imaginait Judith désespérée, insensible peut-être à force de chagrin, se préparant froidement à cette action insensée dans laquelle Satan seul pouvait savoir quelle diabolique préparation l’avait précipitée. Et lui, pendant ce temps…
    Des genoux et des talons, il précipitait le galop de son cheval sans trop savoir ce qu’il allait faire, obnubilé par la caisse rouge de cette voiture qui roulait devant lui et sur laquelle, peu à peu, il gagnait… Qu’une douzaine de gendarmes galopât autour ne le troublait pas. Il allait, seul, attaquer cette forteresse, se battre, tuer ces hommes qui avaient osé mettre leurs pattes sales sur sa délicate Judith, la charger de cordes comme un gibier de potence… de cette potence où, sans doute, après un jugement hâtif, ils la traîneraient ensuite.
    Tout en chevauchant, il avait tiré l’un après l’autre ses pistolets pour en vérifier la charge. Il ne vit pas l’un des gardes de la voiture se retourner, tirer une arme de ses fontes et faire feu… Avec un hennissement de douleur, son cheval s’abattit et Gilles, vidant les étriers, se retrouva l’instant d’après couché sur le talus qui bordait la route, la tête à deux doigts du tronc d’un des platanes qui jalonnaient le chemin.
    Le tapis de feuilles mortes qui ouatait le talus ayant amorti la chute, il se releva presque aussitôt… Là-bas, au bout du tunnel formé par les arbres, la voiture rouge et les cavaliers bleus disparaissaient, avalés par la poussière et par la

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