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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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je n’ai jamais vu Mme de Tournemine.
    Tournant vivement sur ses talons, elle parut chercher quelque chose autour d’elle, courut dans la pièce voisine et en revint portant un petit crucifix d’ébène et d’ivoire qu’elle lui mit entre les mains.
    — Tiens ! Sur cette croix et sur le salut de mon âme, je te jure que je ne t’ai dit que la vérité. Je n’ai jamais rencontré cette femme depuis que tu l’as épousée. Qui a proféré ce mensonge ?
    — Le comte de Modène, quand il est venu me voir à la Bastille pour me faire chanter. Il disait même que vous tueriez Judith si je ne remettais pas certains objets destinés à compromettre la reine.
    Alors elle éclata :
    — Et tu l’as cru ? Ce misérable Levantin, qui traîne dans son sang à moitié grec tous les vices de sa race sans en avoir les grandeurs, ce suppôt de Satan qui fait du prince ce qu’il veut depuis qu’il lui a promis la couronne de France ? Il se vante même d’avoir, au cours d’une nuit d’orage, fait voir le diable à Monsieur ! Je ne suis pas une sainte, tant s’en faut et tu le sais mieux que personne, mais mon sang à moi est pur et je sais encore prier. Modène me hait autant que je l’exècre et nous menons l’un contre l’autre une guerre sourde, impitoyable à qui aura le plus d’empire sur le comte de Provence, une guerre qui ne se terminera peut-être que par la mort de l’un d’entre nous…
    D’un geste plein de lassitude, elle se détourna de Gilles, alla vers la cheminée devant laquelle elle s’accroupit, prit le tisonnier et secoua les bûches qui jetèrent des étincelles et flambèrent plus joyeusement. Un instant elle les regarda flamber d’un air absent puis, brusquement, enfouit sa tête dans ses bras et se mit à sangloter tandis que le tisonnier échappé de ses doigts roulait sur le dallage.
    Un moment, Gilles la regarda pleurer sans essayer d’intervenir. Il ne savait plus trop que penser de cette femme séduisante et hardie, cynique et sensuelle, à peu près dépourvue de scrupules et qu’il avait cru redoutable et sans le moindre défaut à sa cuirasse d’élégante dépravation. Or, il découvrait qu’elle pouvait faiblir, souffrir, pleurer et se lamenter comme n’importe quelle pauvre fille atteinte du mal d’amour.
    Peu à peu, quelque chose s’émut en lui et le poussa vers la forme repliée qui, jusque dans sa prostration, gardait une grâce troublante. La masse blonde des cheveux, simplement nouée d’un large ruban blanc qui donnait à la comtesse l’air d’une jeune fille, avait glissé en un énorme écheveau soyeux découvrant une nuque mince aux frisons légers sur laquelle Gilles posa sa main. La peau en était tiède, soyeuse, et il ne résista pas au plaisir de laisser glisser ses doigts le long du cou penché.
    Au contact de cette main, Anne frissonna. Ses sanglots s’apaisèrent graduellement pour faire place à des soupirs. Elle se redressa peu à peu, rejetant la tête en arrière comme si elle cherchait à emprisonner la main si doucement caressante qui découvrit, dans les dentelles de son décolleté, les rondeurs fermes de sa gorge. Elle avait clos les paupières et ses cils tremblaient sur ses joues inondées de larmes ; elles roulaient encore jusqu’à sa bouche entrouverte dont les lèvres frissonnaient, humides et gonflées, attendant d’autres lèvres.
    Les doigts de Gilles trouvèrent les agrafes de la robe qui ne firent aucune difficulté pour s’ouvrir. Afin de faire glisser plus commodément le corsage, il mit un genou en terre, dégagea les épaules rondes, les plis délicats des aisselles, les seins drus qui jaillirent joyeusement de leur prison de soie et s’offrirent à ses caresses avec leurs pointes brunes déjà durcies qu’il effleura légèrement, arrachant à la femme renversée sur son genou un frisson qui ressemblait à un râle. Alors seulement il se pencha sur sa bouche qu’il ravagea tandis que sa main poursuivait habilement l’exploration d’un corps qu’elle retrouvait avec plaisir. La belle comtesse n’ayant pas jugé utile d’étrangler d’un corset sa taille mince, aucun autre obstacle que de légères batistes ne s’opposait au cheminement des caresses. Passive, pour la première fois depuis leur première rencontre, elle le laissait faire, haletante, les yeux noyés, attentive seulement à la progression du plaisir.
    Dépouillé de ses vêtements qui gisaient dans la cendre, à l’exception des bas

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