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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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protégée l’intriguait, il avait demandé, histoire de plaisanter, s’il y avait là un trésor.
    — Joli trésor ! oui, lui avait répondu l’un des soldats. Du gibier de potence ! Une meurtrière qu’on emmène à Vincennes…
    — C’est quoi, Vincennes ? demanda Tim quand l’homme, après avoir touché son bonnet, eut regagné sa maisonnette.
    — Un vieux château royal, une prison aux portes de Paris… La sœur jumelle de la Bastille ou presque… en plus redoutable peut-être…
    Il répondait machinalement, réfléchissant en même temps. Une heure d’avance… c’était beaucoup… c’était trop ! La voiture et son escorte devaient atteindre Villeneuve-Saint-Georges en ce moment et eux, dont les chevaux n’avaient rien d’exceptionnel, ne les rejoindraient peut-être pas avant Vincennes, justement. Quelle chance aurait alors une attaque sous les murs même du vieux château ?
    — Écoute, dit Tim, je ne connais rien aux habitudes de ce pays ni comment on s’y prend avec un roi ou une reine. On n’a pas tout ça chez nous… mais si j’ai bien compris ce que tu m’as raconté, ta reine, tu l’as sauvée, elle et ses gosses ?
    — Oui, c’est à peu près ça…
    — Bon. Alors, en échange de ce beau service, on va te tuer ta femme parce qu’elle lui a crié des injures en promenant une chandelle contre le bois de son bateau ?
    — … avec l’intention de faire exploser ce bateau parce qu’elle ignorait qu’il était désamorcé. Dans un cas pareil, c’est l’intention qui compte. Judith voulait tuer… en outre, la reine ignore qu’elle est ma femme.
    — Eh bien, il faut aller le lui dire, tout simplement ! conclut Tim avec tranquillité et il ajouta : Ta femme te croit mort et mort à cause de cette reine. Si ça ne lui paraît pas des excuses suffisantes, c’est qu’à ce service-là tu perds ton temps, ta santé, tes forces et ton intelligence. C’est trop ! Alors ? On y va ?
    Comme tout paraissait tout à coup simple, et clair, en passant par la saine logique de Tim. C’était cela bien sûr, la solution : la reine principale intéressée pouvait, devait pardonner. Elle seule, en tout cas, avait le pouvoir de libérer Judith.
    — Aujourd’hui, ce n’est pas possible, dit-il enfin. Elle n’arrivera à Fontainebleau que demain soir. Mais, en attendant, nous allons nous mettre à la recherche de quelqu’un qui saura, mieux que quiconque, la disposer à m’entendre…
    Il haïssait l’idée de réclamer un paiement, quel qu’il soit, en contrepartie d’un service rendu, d’autant que ce service n’était rien d’autre, à ses yeux, qu’un simple devoir. Mais il n’avait pas le choix et, pour sauver Judith, il se savait prêt à toutes les exigences, à tous les chantages… Aussi la première chose à faire était-elle de retrouver Axel de Fersen. Il aurait même dû commencer par là s’il n’avait eu ce coup de folie, cette fureur aveugle du mâle dont la femelle est en danger et qui ne raisonne plus.
    Que le Suédois ne fît pas partie de la suite de la reine ne faisait aucun doute. Peut-être même se cachait-il plus ou moins car, lorsqu’ils s’étaient quittés, à l’aube sur le chemin de halage, il avait désigné au chevalier les toits d’une petite maison derrière les arbres et il était très possible qu’il y soit encore… Si tout cela, ce voyage incroyablement paresseux, cette gondole d’un autre âge, et jusqu’à ce retour inattendu de Fersen 1 , n’avait été voulu qu’en vue de cette seule nuit… et si elle avait été, cette nuit, ce qu’il en avait espéré, il y avait une chance pour que le romantique Suédois, tel que Tournemine le connaissait, eût préféré revenir en revivre chaque instant dans la maison du bord de l’eau plutôt que se mêler au tohu-bohu des fêtes qui attendaient la reine à Melun.
    En conclusion de quoi, Gilles et Tim reprirent, en gens pressés, le chemin de Corbeil.
    La nuit était tombée quand ils atteignirent le faubourg de Saint-Germain… et se séparèrent. Tim s’en alla préparer leur logement à l’auberge du Pont tandis que Gilles se dirigeait seul vers le chemin de halage. Ce qu’il serait peut-être amené à faire entendre à Fersen ne pouvait l’être devant aucun témoin, ce témoin fût-il le bon Tim Thocker qui parlait mal le français mais le comprenait assez bien… et qui était tout de même un agent du gouvernement américain. D’ailleurs,

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