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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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puisqu’il ne s’agissait que de causer, celui-ci ne voyait que des avantages à s’en aller préparer pour eux deux le souper et le coucher.
    Gilles n’eut aucune peine à retrouver la maison, bien que la nuit fût noire et la lune pas encore levée, grâce à certain bouquet de trois ormes qu’il avait repéré au lever du jour. C’était, sous un grand toit en pente, une construction à un seul étage avec des fenêtres assez hautes présentement habillées de leurs volets de bois. Mais on pouvait apercevoir un peu de lumière filtrant par les fentes de ces volets. Il y avait donc quelqu’un. Restait seulement à savoir si ce quelqu’un était bien Fersen.
    Afin de s’en assurer sans déranger personne, Gilles choisit d’escalader le mur grâce au lierre, certainement centenaire, qui le couvrait d’un épais manteau. De là-haut il découvrit un jardin plein d’herbes folles au milieu desquelles il se laissa tomber sans autre bruit qu’un léger froissement. Un instant il y demeura accroupi, guettant si sa chute avait attiré l’attention de quelqu’un mais rien ne vint, que le cri désagréable d’un engoulevent qui devait nicher dans l’un des grands arbres auxquels s’adossait la maison.
    À grandes enjambées, il marcha vers elle, s’approcha de l’une des fenêtres éclairées, colla son œil à la fente d’un volet et s’accorda un sourire de satisfaction : le Suédois était bien là. Assis à un petit bureau à la lumière de trois bougies plantées dans un chandelier d’argent, il écrivait une lettre qui devait être passionnante si l’on en jugeait l’ardeur inhabituelle qui colorait son visage pâle et le sourire plein de tendresse qu’il adressait de temps en temps à son papier tandis que la plume courait sans hésiter sur la feuille blanche.
    Sans plus attendre, Gilles frappa, du poing, plusieurs coups au volet. Il put voir Fersen tressaillir, se tourner, sourcils froncés vers la fenêtre mais sans lâcher sa plume et sans quitter sa chaise. Alors, il frappa plus fort.
    — Ouvre ! dit-il en s’efforçant de ne donner que juste ce qu’il fallait de voix. C’est moi, Gilles !
    Cette fois le Suédois bondit et le chevalier n’eut que le temps de reculer pour ne pas recevoir le volet dans la figure. La lumière de l’intérieur l’éclaira presque entièrement.
    — Excuse-moi ! dit-il. Tu m’avais dit, ce matin, que cette maison était la tienne et comme il fallait à tout prix que je te parle, je me suis permis de venir frapper à ta fenêtre.
    — Tu as bien fait, mais pourquoi pas à la porte ?
    — Je n’étais pas certain que c’était la bonne maison et je ne me voyais pas venant réclamer le comte de Fersen chez n’importe qui. Puis-je entrer ?
    — Je t’en prie…
    Tournemine enjamba l’appui de la fenêtre et se trouva dans un petit salon tendu d’indienne à fleurs blanches et bleues. Les sièges et les rideaux étaient faits du même tissu candide et un énorme bouquet de roses d’automne avait abandonné quelques-uns de ses pétales sur la marquetterie d’un petit clavecin, auprès d’une écharpe de soie bleu Nattier. Près d’une porte entrouverte que Fersen, après avoir soigneusement clos volets et fenêtre, se hâta d’aller refermer, il y avait une petite bibliothèque pleine de livres reliés en bleu. En résumé cette pièce, dans sa grâce un peu campagnarde, ne ressemblait en rien au salon d’un colonel suédois… à moins qu’elle n’ait été arrangée en vue d’une visite féminine.
    Revenant vers son bureau, Fersen, d’un geste qu’il s’efforça de rendre aussi naturel que possible, sabla sa lettre, la plia et la glissa dans un petit sous-main avant de se retourner vers son ami qui l’observait sans rien dire.
    — Où étais-tu, à midi ? demanda-t-il. Je t’ai cherché partout mais je ne t’ai vu nulle part. Il est vrai qu’il y avait tellement de monde… bien plus que je ne l’aurais imaginé.
    — Je suis arrivé en retard, juste à temps pour voir s’éloigner la gondole : la fête était finie.
    — Alors tu n’as rien vu ? Mon cher, notre piège a fonctionné à merveille et nous avons fait une capture des plus intéressantes. Imagines-tu qui était chargé de mettre le feu à la mèche ? Une femme, mon ami ! Une femme ravissante d’ailleurs ! Que dis-je ? Une jeune fille ! Et qui non seulement ne s’est pas cachée mais s’est désignée elle-même en interpellant Sa Majesté

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