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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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distance. Hors d’atteinte !
    Des larmes de rage aux yeux, Tournemine essuya à sa manche sa figure souillée de terre et alla rejoindre son cheval abattu en plein milieu de la route. L’animal était mort : une balle l’avait frappé juste entre les deux yeux avec une habileté qui tenait du prodige. Ramené brutalement à la réalité par sa chute, Gilles, comme si un mécanisme secret venait de jouer en lui, retrouva d’un seul coup tout son sang-froid, et se mit à réfléchir en considérant le grand cadavre brun étendu à ses pieds.
    Depuis la seconde où, dans un bruit qui lui avait paru le fracas même du tonnerre, le profil pâle de Judith lui était apparu, il n’avait plus rien vu d’autre, sinon la caisse rouge de la voiture qui l’emmenait. Quels étaient donc les soldats que l’on avait envoyés pour l’emmener ? Il n’avait fait attention ni à leurs uniformes, ni à leurs armes… Et surtout, quels étaient ces hommes qui, sans être attaqués, tiraient à vue sur un cavalier coupable seulement de galoper derrière eux, un homme seul ? L’arme qui avait abattu son cheval à cette distance, ce ne pouvait être un pistolet. Plutôt un fusil, ou mieux pour la précision du tir, une carabine…
    Remettant à plus tard la solution du problème, il en revint à celui qui le hantait toujours : rejoindre la voiture et, au moins, apprendre où elle allait… Mais comment faire à présent, seul et à pied ?…
    Il regarda autour de lui, reconnut la route qui, passant à travers les bois de Sainte-Assise, longeait le haut du coteau en direction de Nandy. Un peu plus loin ce devait être l’embranchement dont une tige allait sur Savigny-le-Temple mais, surtout, Seine-Port était tout proche… Seine-Port où, à l’auberge, Tim devait l’attendre comme il le lui avait demandé. Tim ! Cette force de la nature, le meilleur tireur sans doute de l’Ancien et du Nouveau Monde ! Avec lui, même la prise de la Bastille ne serait pas une entreprise impossible.
    Récupérant ses armes et son chapeau qui avait roulé dans le fossé, Gilles se mit à courir pour rejoindre au plus tôt cet indispensable élément du salut de Judith. Une demi-heure plus tard, à peu près hors d’haleine, il tombait comme la foudre sur Tim Thocker qui dormait du sommeil du juste, étendu de tout son long sur le lit de Gilles à l’auberge de l’Ormeteau :
    — Allons ! Réveille-toi ! Debout !… Vite ! Nous partons. J’ai besoin de toi… Mais réveille-toi donc, bon sang ! s’écria-t-il en le secouant si vigoureusement que Tim ouvrit un œil et lui sourit.
    — Oh ! C’est toi !…
    — Oui, c’est moi ! Je t’en prie, lève-toi vite ! il faut que nous partions tout de suite !
    Le jeune Américain, qui avait peut-être arrosé un peu trop copieusement son repas, ne comprit pas grand-chose aux explications quelque peu embrouillées de son ami mais il venait de dire qu’il avait besoin de lui et cela suffisait. Tandis que Gilles bouclait ses sacoches et allait régler l’aubergiste, il se plongeait la tête dans un seau d’eau froide puis, encore tout trempé, se déclarait prêt à reprendre la route.
    Comme il n’y avait plus qu’un cheval pour deux, on le chargea simplement des bagages et l’on alla prendre le bac pour traverser la Seine, car la seule chance pour Gilles de trouver une nouvelle monture était le maître de poste de Saint-Fargeau où, en effet, il put se remonter avec un soulagement intense.
    — Où allons-nous, dit paisiblement Tim que son ami avait mis approximativement au courant de la situation durant le court voyage et qui ne s’en montrait pas autrement troublé.
    — J’ignore quelle route aura choisie l’escorte. Cela peut être Juvisy ou Villeneuve-Saint-Georges. Allons toujours jusqu’à Corbeil et nous verrons bien…
    Mais, à Corbeil, personne n’avait vu passer la voiture rouge de la prisonnière. Alors ils repartirent, empruntant le vieux pont pour repasser la Seine, plongèrent dans les épaisseurs de la forêt de Sénart, lancés comme deux limiers sur la trace d’une harde.
    Ils la retrouvèrent, cette trace, à la croix de Villeroy où un forestier les renseigna ; oui il avait vu passer, environ une heure plus tôt, un carrosse fermé, gardé par une forte escorte. La calvacade s’était même arrêtée un moment à cause d’un des chevaux qui s’était déferré. Il avait prêté la main pour aider et, comme cette voiture si bien

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