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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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entière s’il le faut, mais faites nettoyer ce nid de conspirateurs ! Et ce soir Monsieur, dûment enfermé à la Bastille en compagnie de ses âmes damnées, la Balbi, le Modène et l’odieux comte d’Antraigues, pourra y consulter les étoiles à loisir pour savoir quand tombera sur lui la hache du bourreau. Et nous, nous pourrons enfin dormir tranquilles.
    — Madame, riposta froidement Louis XVI, je vous rappelle que la Bastille est pleine de gens dont certains ont cru pouvoir se dire de vos amis. Allons, ma chère Antoinette ! ajouta-t-il plus doucement en voyant des larmes perler aux yeux bleus de sa femme, vous savez bien que ce rêve-là est impossible à réaliser. Outre que pour prendre Brunoy il faudrait verser beaucoup de sang, nous n’avons aucune preuve tangible à fournir à la Haute Cour d’exception qu’il faudrait susciter pour juger un prince du sang.
    — Mais votre preuve, elle existe : c’est cette jeune femme. C’est elle qu’il faut reprendre… ne fût-ce que pour l’empêcher de nuire encore.
    Le roi haussa les épaules.
    — Je gagerais ma couronne contre une poignée de châtaignes qu’on lui a trouvé, à cette heure, un refuge bien plus secret…
    — Dites que vous ne voulez rien faire !
    — Je ne peux rien faire. Cela a toujours été le sort des rois de devoir laisser se développer auprès d’eux les pires complots voilés sous le masque de l’affection fraternelle sans jamais frapper sous peine de soulever de graves troubles. Car, hélas, Monsieur a de nombreux partisans et je n’ignore pas que l’on pense, en maints lieux où l’on cultive l’esprit, qu’il ferait un roi bien meilleur que moi parce qu’il est beaucoup plus intelligent. Ne prolongeons pas davantage cette discussion, madame, car, croyez-moi, elle ne peut mener à rien.
    « Quant à vous, chevalier, ajouta-t-il en revenant à Gilles, sachez que le roi partage votre angoisse et vous supplie de vous reprendre. Ceci n’est, vous le comprenez, qu’un épisode dans une lutte sournoise qui ne finira qu’avec Monsieur lui-même et qui devient chaque jour un peu plus dangereuse car Provence s’exaspère à voir que la couronne s’éloigne de lui davantage chaque fois qu’il naît un prince à la France. La famille royale a besoin que ses meilleurs serviteurs demeurent debout… et en vie. C’est pourquoi je vais exiger de vous une promesse. »
    Au prix d’un violent effort, Gilles réussit à s’incliner.
    — Le roi peut exiger, en effet…
    — Non. Le terme a dépassé ma pensée, le roi vous demande de renoncer au projet insensé qu’il sent germer dans votre esprit. Vous allez me promettre, monsieur de Tournemine, de ne rien tenter contre le château de Brunoy car vous n’y trouveriez rien, vous y perdriez sans doute la vie et moi un serviteur dévoué. Promettez-vous ?…
    Comprenant que le combat était inutile, le jeune homme baissa la tête.
    — Je promets, sire… Quels sont mes ordres pour le moment ?
    — Aucun. Rentrez seulement dans le silence… Ah ! pendant que j’y pense : comptez-vous conserver votre logement à l’hôtel White ?
    — Le roi sait cela ? fit Gilles surpris.
    — Le roi sait bien des choses qui vous surprendraient. Il faut que vous trouviez un logis indépendant, un appartement, une maison où il vous serait plus facile de vous défendre au cas où votre incognito serait percé… ce qui ne saurait manquer d’arriver si vous continuez à vous promener ainsi à visage découvert. Vous m’en ferez savoir l’adresse par qui vous savez. À présent, madame, ajouta-t-il en se tournant vers la reine, je vous donne le bonsoir et je vais me coucher. Rappelez donc M. de Fersen qui s’ennuie à mourir, près de l’étang, avec votre amie Polignac et dites-lui qu’il ramène son camarade à Paris avec le plus de discrétion possible.
    — Sire ! s’écria Marie-Antoinette devenue très rouge sous ses cheveux poudrés à frimas, vous me semblez ce soir avoir de bien bons yeux. C’est en effet M. de Fersen qui a conduit ici le chevalier…
    Le roi se mit à rire.
    — Pourquoi tenez-vous tellement à m’expliquer ce que je sais ? Voyez-vous, ma chère Antoinette, je suis comme beaucoup de myopes : habitué à vivre dans le brouillard, je distingue fort bien les silhouettes et, tout compte fait, j’y vois plus clair qu’il n’y paraît. À bientôt, chevalier, je ne vous oublierai pas…
    Un instant plus tard, il n’y avait plus,

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