Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
reconstruites.
    Nos réserves de foin et de paille s ’ étaient embrasées, ce qui n ’ était point si grave, puisqu ’ elles étaient presque épuisées et que les fenaisons d ’ été approchaient.
    Si le vent avait soufflé de l ’ est, il ne serait resté de notre demeure qu ’ un amas de pierre et de poutres calcinées. Par la grâce de Dieu, il n ’ en avait pas été ainsi. Les palefreniers avaient ouvert les portes des écuries à temps et tous nos chevaux paissaient paisiblement dans le pré, autant que nous pûmes en juger par cette nuit de lune ronde.
    Palefreniers et chevaux furent remerciés, chacun selon leurs mérites. Nos chevaux reçurent double ration de ce qu ’ il nous restait d ’ avoine. Avec l ’ herbe tendre de la reverdie, ils deviendraient haut la main et devraient être montés très vite. Les palefreniers, quant à eux, remercièrent Marguerite de sa générosité   : elle avait bourse déliée et décidé de doubler leur maigre solde.
     
    En revanche, d ’ autres malheurs beaucoup plus prégnants s ’ étaient abattus sur nous et notre famille.
    Notre fils, Hugues, jouait dans la basse-cour avec Guillaume de Lebestourac lorsqu ’ une bride, que tous croyaient alors être de ces grandes compagnies de routiers, avait surgi et surpris notre petite garnison qui n ’ avait pas eu le temps de se mettre à l ’ arme.
    D ’ après les témoignages que je recueillis, d ’ aucuns portaient des surcots aux couleurs écartelées de France et d ’ Angleterre. Il ne pouvait s ’ agir que d ’ une bride anglaise.
    Mon compère en chevalerie, le chevalier Guillaume de Lebestourac s ’ était battu comme un lion et avait occis moult de nos assaillants.
    Sur l ’ heure, il luttait contre la mort dans l ’ une des chambres de notre manoir, veillé par Marguerite. Il souffrait de graves blessures au chef, aux bras et à la poitrine. D ’ après des témoins, il avait été surpris alors qu ’ il enseignait sa façon d ’ escrémir à notre fils Hugues. Ne pouvant desforer l ’ épée qu ’ il ne portait point, il avait affronté l ’ un des cavaliers, à pied, avec pour seule arme, une épée de bois, avant de le désarçonner, de lui emprunter celle qu ’ il brandissait, de l ’ occire et de faire grand foison de nos ennemis.
    D ’ aucuns parmi nos archers avaient cloué au sol cinq ou six God ons. Làs, profitant de la mêlée, l ’ un d ’ iceux avait arraché notre fils Hugues avant de s ’ enfuir au galop avec le reste de sa bride qui avait lancé des torches sur les communs, les écuries, le g renier aux grains et la grange.
     
    Guillaume de Lebestourac avait ordonné à nos deux écuyers de l ’ aire fi de la défense du manoir dont il se chargeait, pour nous qu érir à brides avalées, avant de s ’ effondrer. Michel de Ferregaye commandait notre garnison de Rouffillac. Il ne s ’ était pas porté à leur secours, ignorant tout de cette chevauchée.
    Alors qu ’ il avait sauté sur son destrier, Onfroi de Salignac avait été atteint par la flèche d ’ un de nos archers qui, dans la confusion générale, l ’ avait pris pour un Anglais. Il l ’ avait arraché d e son épaule sans prendre le soin de bander la plaie pour arrêter l’ écoulement du sang. C ’ était miracle qu ’ il n ’ ait pas vidé les arç ons avant d ’ arriver à une lieue de la porte du Figuier où Gu ilbaud de Rouffignac l ’ avait rejoint bien plus tard.
    Confié aux bons soins des mires de l ’ hôpital Saint-Jean, il avait regagné notre logis le surlendemain, se plaignant non pas de ses navrures, mais de l ’ état impraticable des routes que son charnu avait dû affronter sans pouvoir éviter les ornières et les saillies des rochers qui entravaient chaque tour de roue.
    Par la grâce de Dieu, il était sauf et se rétablit très vite. Fort heureusement pour lui. Pour moi aussi qui devrais rendre des com ptes à son oncle, monseigneur de Salignac , de l ’ échec de ma mission.
    P oint de fioles, point de pardon. Plus le péché était grave, plus l’ indulgence se baillait cher. Et point d ’ information sur Arnaud de la Vigerie, aussi. Alors, si le neveu avait passé les pieds outre ...

    Marguerite était de méchante humeur. Elle m ’ avait reproché vertement de n ’ être pas encore parti à la recherche de notre fils enlevé par les Godons. J ’ avais bien tenté de lui faire comprendre que je devais d ’ abord réunir des informations sur la direction

Weitere Kostenlose Bücher