Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
! hoquetai-je. Puis m ’ adressant à la foule qui se pressait, je rugis   :
    «   Où sont passés mes écuyers   ? Où est l ’ écuyer qui montait ce ch eval   ?
    —  Messire mon mari, ne jurez point en ces lieux saints   !   » m ’ admonesta Marguerite, les joues aussi rouges que des peneaux, les yeux aussi noirs que de l ’ encre de galle.
    Les gens qui faisaient cercle autour du destrier, à voir ma mine desfaciée, eurent un mouvement de recul. Je levai la main et leur demandai derechef s ’ ils avaient vu le cavalier.
    Des têtes se tournèrent les unes vers les autres, des moues d’ ignorance se formèrent sur leur lippe, mais tous s ’ accoisèrent. J’ allais pousser un coup de gueule lorsqu ’ un damoiseau boutonneux, en robe de pèlerin, m ’ apprit que le cheval s ’ était couché à l’ entrée de l ’ hostellerie, mais que son cavalier avait dû vider les arçons plus loin car personne ne le chevauchait.
    René accourut enfin. Je le réprimandai vertement et lui ordon nai d ’ abréger les souffrances du cheval.
    Il desfora l ’ épée.
    Je tentai vainement d ’ écarter la foule de plus en plus nom breu se qui se pressait autour de nous. Chassez le naturel et il re vient au galop, ne pus-je m ’ empêcher de penser. Une heure plus tôt, tous ces braves pèlerins priaient, se confessaient et communiaient. Maintenant, ils jouissaient à l ’ idée d ’ assister au sacri fice de cet animal sur l ’ autel de leur bestialité.
    Aucun garde de la cité n ’ ayant accouru pour disperser les ba dauds, j ’ ordonnai à mes hommes d ’ armes et à mes archers de le faire. Ils le firent, sans ménagement, avec une magnifique aisance, en formant un cercle autour de nous de sorte que quiquionques ne purent voir René plonger son épée dans le cœur de l’ animal.
    Le destrier dont on avait entendu les sabots marteler le sol perça le cercle. Guilbaud de Rouffignac sauta de cheval. Il por tait en croupe le corps d ’ un homme.
    «   Messire Brachet, nous avons grand malheur   ! Onfroi est blessé. Il a chu de cheval à l ’ entrée des portes et j ’ ai réussi à le hisser. Il a besoin des soins d’un mire. Il perd son sang !
    — Que s’est-il passé ? Avez-vous été attaqués par les Godons ? Par des routiers ?
    — Que nenni, messire, tout s’est passé à Calviac ! hoqueta le jeune écuyer, les larmes au bord des yeux, en proie à un terrible émeuvement. Nous avons livré bataille. Le chevalier Guillaume est gravement blessé ! Michel de Ferregaye poursuit les soudoyers !
    — Soit, gardons notre calme ! Nous rentrons ce soir à brides avalées. Nous confierons Onfroi de Salignac aux bons soins des mires de l’hôpital. À première vue, il a perdu conscience des choses, mais ses navrures ne devraient pas mettre sa vie en danger, espérai-je après avoir examiné superficiellement le blessé que mes gens portaient sur une civière.
    — Et nos enfants, messire Guilbaud ? Nos enfants ? hucha Marguerite à oreilles étourdies. Sont-ils sains et saufs ? Parle, Guilbaud ! Parle ! »
    Notre écuyer fondit en larmes.
     
    Le manoir de Braulen était en feu.
    Notre aîné, Hugues, avait échappé à la surveillance des serviteurs.
     
    Tout laissait penser qu’il avait été enlevé.

La promptitude est l’essence même de la guerre. Tirez parti du manque de préparation de l’ennemi ; empruntez des itinéraires imprévus et frappez-le là où il ne s’est pas prémuni.
     
    L’art de la guerre, Les neuf sortes de terrain,
    Sun Tzu, général de l’Empire du Milieu entre l’an 400 et 320 av. J. -C.
    Chapitre 12
    À Rouffillac, à Sarlat, puis près d’Angoulême au cours de l’été de l’an de grâce MCCCLIII {48} .
    L’incendie qui s’était déclaré en notre manoir de Braulen avait fait des dégâts considérables. Pas autant toutefois que Guilbaud l’avait craint. Seuls les dépendances, les granges, le grenier à blé et les écuries étaient détruits. Ils fumaient encore à notre arrivée, la nuit même. Des retours de flamme surgissaient des ténèbres, au moindre souffle d’air.
    Des communs, où logeaient nos serviteurs, nos servantes, nos palefreniers et notre modeste garnison de gens d’armes et d’archers, il ne restait que des murs. Les bâtiments étaient inhabitables Nous dûmes les héberger en le château de Rouffillac, beaucoup plus vaste que les dépendances calcinées de notre manoir, en attendant qu’elles soient

Weitere Kostenlose Bücher