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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lorsqu’un murmure d’admiration parcourut la salle.
     
    Tous les regards s’étaient portés vers la dame qui venait de taire son entrée. Personne, sauf moi, ne sembla prêter attention à celui sur le bras duquel elle avait posé la main. Son nouveau chevalier servant, Foulques de Montfort, était pourtant richement vêtu d’un pourpoint gris dont le col, le pourtour et l’extrémité des manches étaient bordés d’une magnifique fourrure de loutre blanche. Il arborait sur la poitrine ses armes échiqueté d’or et d’azur, au franc-canton d’argent au lion de gueules.
    Mais la baronne de Beynac, majestueuse et provocante, arborait des atours autrement plus séduisants. Une houppelande de soie blanche moulait parfaitement son corps.
    Au-dessus de l’ample décolleté de sa robe jaillissait la naissance de ses fortes mamelles. Deux tétons pointaient sous le tissu et mettaient en valeur la générosité sensuelle de ses appâts.
    Des manches, serrées jusqu’aux poignets, s’échappaient d’amples coudières gansées de fils d’or et d’une longueur telle qu’elles frôlaient le sol. Le chef, coiffé d’un chaperon, masquait en grande partie ses longs cheveux noirs adroitement tressés à la mode d’antan, au-dessus de la nuque. Un ruban de diamants enchâssés dans des griffes d’or couronnait l’ensemble, tandis que ses hanches voluptueuses retenaient une double ceinture sertie d’un chapelet de ces magnifiques émeraudes que j’avais aperçues quelques jours plus tôt et qui, ce soir, tombait jusqu’au pli de l’aine.
     
    La transparence de la soie, l’ombre discrètement noire à cet endroit, me laissèrent penser que la fine garce ne portait… aucun sous-vêtement. Eût-elle voulu mettre en valeur la ferme rondeur de sa poitrine, la finesse de sa taille que l’âge n’avait pas encore trop épaissie, la largeur de ses hanches et ses fesses callipyges, qu’elle n’aurait pu réussir de plus belle façon. Je ne pus contrôler un léger raidissement de mon membre inférieur qui me fit rougir de honte. Comment, diable, maîtriser la nature ?
    Elle releva le menton, révélant ses hautes pommettes pimplochées, et glissa ses yeux dorés cerclés de noir, que soulignait un fin mascara brun, sur les mâles qui l’entouraient. Puis elle m’affronta avant de porter les yeux sous ma ceinture. D’un regard qui en disait long sur ses sentiments à mon égard : « Tu vois, je ne laisse point indifférent ce troupeau de mâles concupiscents ! Eux, au moins, ne restent pas insensibles à mes charmes, à la différence d’aucuns… À moins que ? » crus-je y lire.
     
    Marguerite se tenait non loin de moi. Elle ne fut pas dupe. Elle me lança un regard torve et me tourna le dos. Vive les épousailles ! Vive les femelles ! Les complications ne tarderaient point. Mais j’en ignorais l’épouvantable et terrible cruauté ce jour-là. Femme blessée dans son orgueil de séductrice éconduite, onques ne pardonne, ignorais-je alors.
    « Messire Brachet de Born, vous détenez en cette forteresse fort jolie épouse et belle châtelaine de feu messire le baron de Beynac ! Et votre science en l’art de soutenir un siège ferait de vous un fier et riche baron en nos rangs. À la parfin, ne sommes-nous point frères en ce duché de Guyenne ? »
    Le comte de Derby leva une santé en mon honneur, puis, se ravisant, tendit aussi sa coupe vers Montfort. Une santé de plus.
    Une santé de trop. Je répliquai vertement :
    « Messire comte, nous sommes certes frères en notre Seigneur Jésus-Christ, mais ennemis en ces terres de la comté du Pierregord ! Restons féaux aux hommages que nous avons rendus l’un et l’autre et ne tentons point, de grâce, de rallier d’aucuns d’entre nous à une cause qui ne saurait être la leur.
    « Rédigeons plus volontiers bonne et noble trêve à défaut de discourir sur le mouvement des astres ou les humeurs qui dirigent l’alchimie des fidélités.
    — Soit. Je vous propose d’ordonner le repli de mon armée afin de ne point ternir la gloire qui vous a appartenu ces derniers jours…
    — Il n’y a point de gloire à triompher sans péril.
    Il n’y a point de péril à vaincre sans gloire, messire Brachet. Je reconnais bien dans vos propos la fougueuse impétuosité de la jeunesse.
    « Mais brisons là. Mon notaire a rédigé sous ma dictée une proposition de trêve que je soumets à votre intelligente sagacité. IL y est stipulé

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