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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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la couronne de France. En semant l’effroi avant de tenter quelque sacre en la ville de nos rois, à Saint-Denis.
    Car peu après la fête de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple et des relevailles de la Vierge Marie, c’est-à-dire deux jours après les calendes de février, la légende affirmait que l’ours sortait de l’hibernation, le ventre affamé, ayant épuisé les réserves qu’il avait voracement englouties lors des derniers jours de l’automne.
     
    L’avenir ne devait pas me démentir. Je gardais cependant pour moi ces sombres pressentiments, fruits d’une vision déchirante qui m’apparaissait souvent. Curieusement lors des nuits de lune noire.
    Sur l’heure, nous nous rendîmes en la chapelle Saint-Jean pour prier nos morts et rendre grâce à Dieu de ses autres bienfaits. Seul le curé était absent. Il était lui aussi rentré en hibernation dans la sacristie. Il ronflait allègrement accroupi dans un recoin, adossé à une tapisserie représentant l’archange Gabriel terrassant le dragon. Plusieurs burettes jonchaient le sol…

    Sur le seuil de l’église, un sergent d’armes s’approcha de moi en criant et en gesticulant. Je reconnus Louis Ribière. Il était de garde devant la poterne qui commandait la défense du grand Cluzeau.
    « Messire Bertrand, messire Bertrand ! Une rixe a éclaté entre les Gascons !
    — Au Diable les Gascons ! Est-ce pour cela que tu n’étais pas présent à l’office ?
    — J’étais de garde, messire, et le savais bien !
    — Oui, et alors ?
    — Nous ne pouvons pas les abandonner en l’état, messire Bertrand ! Ils souffrent : du sang partout, des nez éclatés, des dents cassés, des côtes brisées, des visages desfaciés, des fractures multiples… et bien d’autres maux encore !
    — Peu me chaut ! Ils en ont vu d’autres ! Te voilà mire à présent, pour établir de tels diagnostics ? Soit, prévient Marguerite, elle pansera leurs plaies et leur fera servir de ce blanc de Saint-Émilion que messire de Lancastre nous a livré. Point trop cependant. Sinon il pourrait leur monter à la tête, échauffer le sang qu’ils ont déjà chaud, et provoquer une nouvelle échauffourée.
    — Ce n’est pas tout, messire Bertrand. Je doute que dame Marguerite puisse ressusciter un mort ! À moins d’être fagilhère ! Un de nos prisonniers est étendu raide à même le sol !
    — Par Saint-Christophe, je t’interdis de prononcer le mot de sorcière en parlant de mon épouse ! Tu as bien failli le payer de la vie, il y a peu ! Ne t’en souviendrais-tu pas ? »
    Louis Ribière rougit jusqu’à la racine des cheveux, s’excusa maladroitement {18} et, sur ma requête, me donna en béguetant les détails de l’affaire qui s’avérait, somme toute, bien banale :
    — Lorsque nous avons délivré les prisonniers anglais, au petit matin, les autres, les Gascons, z’ont compris que le Godon ne baillerait point rançon pour eux. S’ont battus sauvagement. N’avons pas toujours bien compris c’qu’ils beuglaient dans la langue d’leur pays, mais semblerait qu’ils aient accusé un chevalier gascon d’les avoir conduit à la mazelerie en tentant d’investir la place avant qu’le gros de l’armée n’estrave ses pavillons. L’tenaient pour responsable d’leur triste sort.
    — Un chevalier gascon ? Quel chevalier ? Celui qui nous avait porté sommation ?
    — Oui, messire.
    — Géraud de Castelnau d’Auzan ?
    — Un nom comme ça, je crois. »
    Je dus devenir plus blanc que neige. Si l’homme disait vrai, j’avais derechef perdu la trace de mon Graal. Le destin s’acharnait contre nous. Comment saurai-je désormais ce qu’il était advenu de ma bien-aimée Isabeau à en croire ce jeune écuyer, Hugues de Queyssac ? Ma sœur chérie dont je pistais les voies depuis le mois de janvier de l’an de grâce 1345 ?
     
    À Dieu son héritage ! À Dieu le fabuleux trésor des hérétiques albigeois aussi ! S’il ne s’agissait point d’un mythe ?
     
    Mais à Dieu surtout l’instant si ardemment désiré où je pourrais lui donner la brassée et déposer sur ses lèvres le baiser de mon fin amor fraternel.

Il est primordial de repérer les agents de l’ennemi qui viennent mener des opérations d’espionnage contre vous et de les soudoyer afin qu’ils passent à votre service. Donnez-leur des instructions et prenez soin d’eux. C’est ainsi que les agents doubles sont recrutés et

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