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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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communications d’importance à nous faire, l’une a dame Marguerite, l’autre à moi. Je le reçus fraîchement :
    « Avez-vous bien soupé, hier au soir ? ironisai-je. Vous étiez arrivé après la bataille, messire Foulques !
    — Après la bataille, mais porteur de nouvelles du baron de Beynac.
    — Ah ? par Saint-Damien ! Serait-il encore vif ?
    — Que nenni, messire Bertrand. Non, mais…
    — Pour plaisante qu’elle soit, votre communication ne pourrait-elle attendre que je m’enquisse d’une affaire d’autre importance ? Un chevalier gascon aurait trouvé la mort en le Grand Cluzeau et les conséquences de son décès seraient d’une belle gravité, le coupai-je.
    Il ouvrit la bouche. Sans doute voulait-il me convaincre que la sienne affaire, dont il souhaitait nous entretenir, ne souffrait point de retard. Il en serait pour ses frais.
    « Justement, messire Bertrand. Je tenais à vous faire compliment, beau compliment pour avoir organisé les défenses de la place face à l’ennemi. Sachez cependant que, bien que notre forteresse de Beynac fût imprenable, nous fûmes cependant en grande vigilance. Mais votre village était d’une grande vulnérabilité. Votre audace, votre sens du commandement, votre adresse à conduire les hommes et… Je reconnais aussi votre courage.
    — Comment le savez-vous ? Vous n’étiez point présent pour en juger ! répliquai-je avec insolence.
    — Vous n’avez point été adoubé sur le champ de bataille sans raison, mon ami. Par les plus preux de nos chevaliers. Je regrette toutefois que le baron, votre tuteur et compère n’ait pu le faire. Il eût dû vous remettre l’épée et les éperons d’or avant de vous confier cette mission, ô combien périlleuse pour un jeune écuyer. Il n’aurait tenu qu’à moi…
    — Il n’aurait tenu qu’à vous, messire Foulques ?
    — Je ne vous cache pas que je fus très réticent. Michel de Ferregaye avait plus d’expérience que vous pour assumer le fardeau que le baron a tenu à vous confier. Mais notre maître a toujours eu une foi inébranlable en vous. Sinon, il ne vous aurait onques confié le commandement d’une place aussi précieuse dans notre système de défense.
    — Était-ce là l’importante communication que vous aviez à me faire ? Je vous en remercie, messire Foulques. Me permettez-vous à présent de remplir mon devoir ? À moins que vous ne souhaitiez me révoquer ? » osai-je lui demander en lui tournant ostensiblement le dos pour me diriger à grands pas vers la maison forte du chevalier Guillaume de Lebestourac. Les compliments, je préférai les adresser aux autres, plus que les recevoir. Les réprimandes aussi.
    Le chevalier de Montfort éleva la voix et m’interpella :
    « Brachet, un instant, je vous prie ! Je n’en ai point fini ! Il me déplairait de rappeler à votre souvenance que je suis votre suzerain en ces terres, et ne vous permets pas de mettre fin à un entretien sans que je vous aie prié de vous retirer !
    — Un suzerain à titre jurable et rendable, messire de Montfort !
    — Oui, à ce titre qui fait de votre orgueilleuse personne mon vassal.
    —  Le vassal d’un vassal n’est point vassal, rétorquai-je tout à trac en évoquant un vieil adage, le feu aux joues.
    — Par le Sang-Dieu, auriez-vous bu du vin de lion ? Dois-je vous réciter l’ordonnance de feu notre saint roi Louis qui en dicte les lois et en confirme les prérogatives féodales ? Ou bien voulez-vous que nous portions l’affaire devant le comte de Pierregord, Roger Bernard, ou par-devant le Conseil du roi ?
    — Point n’en est besoin, messire. Je vous écoute, dis-je en me ressaisissant.
    Bertrand, j’ai de graves révélations à vous faire sur dame Éléonore de Guirande, sur Arnaud de la Vigerie et… »
    À ces mots, mes oreilles se tendirent comme une peau sucée par une ventouse. Je me figeai incontinent et fixai le chevalier avec grande attention.
    « Et sur moi, reprit-il posément.
    — Je suis tout ouï, messire Foulques, insistai-je avec impatience pour couper court aux préambules.
    — Dois-je lever les soupçons que vous nourrissez contre moi et vous témoigner une nouvelle fois de la confiance que je vous porte…
    — Une nouvelle fois ? eus-je le tort de me récrier, ne m’avez-vous pas déclaré à l’instant que vous ne m’auriez pas confié la défense de la place de Commarque s’il n’en était tenu qu’à

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