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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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quelque chose de plus
sensationnel pour jeter la panique dans le public avant les élections du 5
mars.

L’INCENDIE DU REICHSTAG
    Le soir du 27 février, quatre des hommes les plus puissants
d'Allemagne dînaient séparément, deux par deux, à Berlin. Dans le très select Herrenklub de la Vosstrasse, le Vice-Chancelier von Papen traitait le président von
Hindenburg. Au domicile de Gœbbels, le chancelier Hitler était arrivé pour
dîner en famille. Selon Gœbbels, ils étaient très détendus, écoutaient des
disques et racontaient des histoires. « Soudain, raconta-t-il plus tard dans
son journal, coup de téléphone du docteur Hanfstaengl : « Le Reichstag brûle! »
Je suis sûr que c'est une blague et je n'en parle même pas au Führer (4). »
    Mais les convives du Herrenklub étaient juste en face du
Reichstag.
    Soudain (écrivit plus tard Papen), nous remarquâmes
derrière les vitres une lueur rouge, et nous entendîmes des cris dans la rue.
Un des serveurs se précipita vers moi et me chuchota : « Le Reichstag est en
feu! » ce que je répétai au président. Il se leva, et de la fenêtre nous pûmes
voir la coupole du Reichstag qui semblait illuminée par des projecteurs. De
temps en temps, des flammes jaillissaient et un tourbillon de fumée dissimulait
les contours du bâtiment (5).
    Le Vice-Chancelier ramena le vieux président chez lui dans sa
propre voiture et se précipita sur les lieux de l'incendie. Cependant Gœbbels,
d'après son récit, s'était dit, à la réflexion, que Putzi Hanfstaengl ne lui
avait peut-être pas fait de « blague »; il avait donné quelques coups de
téléphone et appris que le Reichstag était en flammes. Quelques secondes plus
tard, le Führer et lui fonçaient « à cent à l'heure par la Charlottenburger
Chaussée vers le lieu du crime ».
    Car c'était un crime, un crime communiste, proclamèrent-ils dès
leur arrivée sur les lieux du sinistre. Gœring, en nage, hors d'haleine et au
comble de l'excitation, était déjà arrivé et clamait au ciel, comme le raconta
par la suite Papen, que « c'est un crime communiste contre le nouveau gouvernement
». S'adressant au nouveau chef de la Gestapo, Rudolf Diels, Gœring cria : «
C'est le commencement de la révolution communiste! Il ne faut pas perdre une
minute. Il faut être impitoyable. Tous les chefs communistes doivent être
abattus, là où on les trouvera. Il faut cette nuit même pendre haut et court
tous les députés communistes (6). »
    On ne saura probablement jamais toute la vérité à propos de
l'incendie du Reichstag. Presque tous ceux qui la connaissaient sont
aujourd'hui morts, la plupart d'entre eux assassinés par Hitler dans les mois
qui suivirent. Même à Nuremberg, le mystère ne put être entièrement éclairci,
bien que l'on possède assez de preuves pour affirmer avec une quasi-certitude
que c'étaient les nazis qui avaient préparé l'incendie et qui l'avaient exécuté
à de fins politiques.
    Du palais du président du Reichstag, demeure de Gœring, un
passage souterrain, construit pour faire passer les canalisations de chauffage
central, conduisait au bâtiment du Reichstag. Dans la nuit du 27 février, Carl
Ernst, ancien chasseur d'hôtel devenu chef des S.A. de Berlin, conduisit par ce
souterrain un petit détachement de troupes d'assaut vers les sous-sols du
Reichstag, où ils répandirent de l'essence et des produits chimiques
s'allumant  tout seuls, après quoi ils s'empressèrent de regagner le
palais en empruntant le même chemin par lequel ils étaient venus. Au même
moment, un communiste hollandais à demi idiot, un maniaque incendiaire, Marinus
van der Lubbe, s'était rendu dans le grand bâtiment plongé dans l'ombre et
qu'il ne connaissait pas pour y allumer de son côté de petits incendies. Ce
pyromane fut une bénédiction pour les nazis. Il avait été arrêté par les S.A
quelques jours plus tôt, après qu'on l'eut entendu se vanter dans un bar
d'avoir tenté de mettre le feu à divers bâtiments publics et annoncé qu'il
allait s'attaquer ensuite au Reichstag.
    La coïncidence qui veut que les nazis aient trouvé un communiste
pyromane prêt à faire exactement ce qu'eux-mêmes avaient décidé d'entreprendre
peut paraître incroyable, mais les preuves ne manquent pourtant pas à l'appui
de cette thèse. Ce sont presque certainement Gœbbels et Gœring qui avaient eu
les premiers l'idée de l'incendie. Hans Gisevius, un fonctionnaire du ministère
de l'Intérieur de

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