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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Hitler avait dépêché Gœring auprès des
leaders centristes, et celui-ci annonçait maintenant au cabinet que le Centre
exigeait « certaines concessions ». Gœring proposa donc la dissolution du
Reichstag et de nouvelles élections, ce qu'Hitler approuva.
    Hugenberg, un homme stupide malgré sa réussite dans les
affaires, ne voulait pas accepter le Centre dans le gouvernement, mais, d'autre
part, il s'opposait à de nouvelles élections, sachant pertinemment que les
nazis, avec les ressources de l'État derrière eux, pourraient remporter une
majorité absolue et se trouver ainsi en mesure de se dispenser de ses propres
services et de ceux de ses amis conservateurs. Il proposa simplement de
supprimer le Parti communiste; une fois supprimés ces 100 sièges, les nazis et
les nationalistes disposeraient d'une majorité. Mais Hitler ne voulait pas
aller si loin pour le moment et l'on convint finalement que le chancelier en
personne discuterait avec les leaders du Parti du Centre le lendemain matin et
que, si les conversations n'aboutissaient pas, le cabinet demanderait alors de
nouvelles élections.
    Hitler n'eut aucun mal à empêcher ces conversations d'aboutir. A
sa demande, le leader du Centre, Mgr Kaas, soumit comme base de discussion une
liste de questions qui équivalaient à demander à Hitler la promesse de
gouverner selon la Constitution. Mais Hitler, trompant à la fois Kaas et les
membres de son cabinet, déclara à ses ministres que le Centre avait formulé des
exigences impossibles et qu'il n'y avait aucune chance de parvenir à un accord.
Il proposa donc que l'on demandât au président de dissoudre le Reichstag et de
réclamer de nouvelles élections. Hugenberg et Papen étaient pris au piège,
mais, après l'assurance solennelle du leader nazi que le cabinet demeurerait
inchangé quel que fût le résultat des élections, ils acceptèrent de le
soutenir. De nouvelles élections furent donc prévues pour le 5 mars.
    Pour la première fois — dans les dernières élections
relativement libres que l'Allemagne devait connaître — le Parti nazi pourrait
employer toutes les vastes ressources du gouvernement pour gagner des voix.
Gœbbels jubilait. « Maintenant, écrivit-il dans son journal à la date du 3
février, ce sera facile de mener le combat, car nous pouvons faire appel à
toutes les ressources de l'État. La radio et la presse sont à notre
disposition. Nous allons organiser un chef-d'œuvre de propagande. Et cette
fois, naturellement, l'argent ne manquera pas (2) ».
    Les grands hommes d'affaires, apaisés par les promesses que le
nouveau gouvernement allait remettre les travailleurs organisés à leur place et
laisser le patronat mener ses affaires comme bon lui semblait, furent priés de
fournir des fonds. Ils acceptèrent au cours d'une réunion qui se tint le 20
février au palais du président du Reichstag, où habitait Gœring, réunion où le
docteur Schacht jouait le rôle d'hôte et où Gœring et Hitler exposèrent la
situation à une vingtaine de magnats allemands, parmi lesquels Krupp von
Bohlen, devenu du jour au lendemain un nazi enthousiaste, Bosch et Schnitzler
de l'I.G. Farben et Vœgler, chef de la Vereinigte Stahlwerke. On a conservé le
procès-verbal de cette réunion secrète.
    Hitler commença par un long discours destiné à apaiser les
industriels. « L'entreprise privée, déclara-t-il, ne peut être maintenue à
l'âge de la démocratie; elle n'est concevable que si les gens ont une
conception saine de l'autorité et de la personnalité... tous les biens que nous
possédons en ce monde, nous les devons à la lutte des élus... il ne nous faut
pas oublier que tous les bienfaits de la culture doivent être apportés plus ou
moins par une main de fer. » Il promit aux hommes d'affaires « d'éliminer les
marxistes » et de restaurer la Wehrmacht (ce dernier point intéressait
particulièrement des industries comme Krupp, Stahlwerke et I.G. Farben, qui
avaient le plus à gagner au réarmement).
    « Nous voici maintenant à la veille de la dernière élection »,
conclut Hitler, et il promit à ses auditeurs que, quel qu'en fût le résultat,
il n'y aurait pas de retraite. S'il ne remportait pas la victoire, il resterait
au pouvoir « par d'autres moyens... avec d'autres armes ». Gœring, s'exprimant
avec plus de réalisme, insista sur la nécessité de « sacrifices financiers »
qui « seraient certainement plus facilement supportés par l'industrie si
celle-ci se

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