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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'étrange incendie du Reichstag et pour
prier le président Hindenburg « de protéger les opprimés de leurs oppresseurs
». Vain appel ! Le vieux président garda le silence. L'heure était maintenant
venue pour le peuple, en plein chaos, de parler.
    Le 5 mars 1933, jour des dernières élections démocratiques que
l'on devait voir du vivant d'Hitler, le peuple parla. Malgré toute la terreur
et toutes les intimidations, la majorité repoussa Hitler. Les nazis
l'emportèrent avec 17 217 180 voix — soit une augmentation de quelque 5 500 000
suffrages, — mais cela ne représentait que 44 pour 100 du total des voix. Une
majorité nette se dessinait encore contre Hitler. Toutes les persécutions,
toutes les interdictions des semaines précédentes n'empêchèrent pas le Parti du
Centre d'augmenter en fait ses voix, dont le nombre passa de 4 230 600 à 4 424
900; avec son allié, le Parti catholique du Peuple bavarois, il obtenait un
total de 5 500 000 voix. Même les sociaux-démocrates gardèrent leur position de
second parti, recueillant 7 181 629 voix, n'en perdant donc que 70 000. Les
communistes eurent beau perdre un million de supporters, ils recueillaient
encore 4 848 058 suffrages. Les nationalistes, menés par Papen et Hugenberg,
furent amèrement déçus de leur propre performance, 3 136 760 voix, à peine 8 pour
100 des suffrages exprimés et un gain de moins de 200 000 voix.
    Pourtant, les 52 sièges des nationalistes, ajoutés aux 288 des
nazis, donnaient au gouvernement une majorité de 16 voix au Reichstag. C'était
assez, peut-être, pour expédier les affaires courantes du gouvernement, mais
c'était loin de la majorité des deux tiers dont Hitler avait besoin pour mener
à bien un nouveau et audacieux plan visant à établir sa dictature avec le
consentement du parlement.

GLEICHSHALTUNG:
LA « COORDINATION » DU REICH
    Le plan était d'une simplicité déconcertante et avait l'avantage
de dissimuler la prise du pouvoir absolu sous le manteau de la légalité. On
demanderait au Reichstag de voter un « décret d'habilitation », conférant au
cabinet d'Hitler le pouvoir législatif exclusif pendant quatre ans. En termes
plus simples, le parlement allemand serait prié de remettre à Hitler ses
fonctions constitutionnelles et de prendre de longues vacances. Mais, comme
cela nécessitait un changement de la Constitution, une majorité des deux tiers
était nécessaire pour l'approuver.
    Comment recueillir cette majorité, ce fut la question à l'ordre
du jour du conseil de cabinet qui se réunit le 15 mars 1933 et dont le compte
rendu fut publié à Nuremberg (10). Une partie du problème serait résolue par «
l'absence » des 81 membres communistes du Reichstag. Gœring était persuadé que
l'on pourrait facilement régler l'affaire « en interdisant l'accès de la salle
à quelques sociaux démocrates ». Hitler était plein de confiance. Après tout,
par le décret du 28 février, qu'il avait décidé Hindenburg à signer le
lendemain de l'incendie du Reichstag, il pouvait faire arrêter autant de
députés de l'opposition qu'il le fallait pour lui assurer sa majorité des deux
tiers.
    Certaines difficultés se posaient à propos du Centre catholique,
qui réclamait des garanties, mais le chancelier était certain que ce parti le
suivrait. Hugenberg, le leader nationaliste, qui n'avait aucun désir de placer
tout le pouvoir entre les mains d'Hitler, demanda que le président fût autorisé
à participer à la préparation des lois élaborées par le cabinet au terme du
décret d'habilitation. Le docteur Meissner, secrétaire d'État de la
Chancellerie présidentielle, qui avait déjà lié son avenir à celui des nazis,
répondit que « la collaboration du président du Reich ne serait pas nécessaire
». Il avait tout de suite compris qu'Hitler n'avait aucune envie d'avoir les
mains liées par le vieux président, comme cela avait été le cas des chanceliers
du temps de la République.
    Mais Hitler souhaitait, à ce stade, faire un geste grandiose
envers le vieux maréchal, envers l'armée, ainsi qu'envers les conservateurs
nationalistes, et, ce faisant, lier son régime de révolutionnaire au nom
vénérable de Hindenburg et à toutes les gloires militaires du passé prussien.
Pour y parvenir, il conçut avec Gœbbels, qui, le 13 mars, était devenu ministre
de la Propagande, un plan remarquable. Hitler allait ouvrir la séance
inaugurale du nouveau Reichstag qu'il se proposait d'anéantir

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