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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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autorisait le gouvernement du Reich à prendre
complètement en main le pouvoir dans les États de la Fédération quand la
nécessité s'en faisait sentir et prévoyait la peine de mort pour un certain
nombre de crimes, y compris « les atteintes graves à la sécurité » par des
personnes armées (8).
    Ainsi, d'un seul coup, Hitler avait la possibilité non seulement
de bâillonner légalement ses adversaires et de les arrêter à son gré, mais, en
rendant « officielle » la prétendue menace communiste, de jeter des millions de
bourgeois et de paysans dans la panique à l'idée que, s'ils ne votaient pas
national socialiste aux élections de la semaine prochaine, les bolchéviques
pourraient s'emparer du pouvoir. Quelque quatre mille chefs communistes ainsi
qu'un grand nombre de leaders sociaux-démocrates et libéraux furent arrêtés, y
compris des membres du Reichstag qui pourtant, d'après la loi, jouissaient de
l'immunité parlementaire.
    C'était la première expérience qu'avaient les Allemands de la
terreur nazie soutenue par le gouvernement. De pleins camions de troupes
d'assaut fonçaient à travers les rues dans toute l'Allemagne, et les nazis
envahissaient les domiciles, rassemblaient les victimes et les emmenaient au
casernement S.A., où ils étaient battus et torturés. On interdit la presse et
les réunions politiques communistes ; les quotidiens sociaux-démocrates, de
nombreux journaux libéraux furent suspendus, et les meetings des partis
démocratiques furent soit interdits, soit interrompus. Seuls les nazis et leurs
alliés nationalistes purent faire campagne sans danger.
    Avec à leur disposition toutes les ressources des gouvernements
national et prussien, avec tout l'argent des grosses affaires dans leur coffre,
les nazis menèrent une campagne électorale comme l'Allemagne n'en avait jamais
vu. Pour la première fois, la radio d'État apporta les voix d'Hitler, de Gœring
et de Gœbbels aux quatre coins du pays. Les rues, décorées de drapeaux à croix
gammée, retentissaient sous les bottes des troupes d'assaut. Il y avait des
réunions de masses, des défilés aux flambeaux, le vacarme des haut-parleurs
retentissait sur les places. Les panneaux électoraux étaient recouverts des
affiches nazies flamboyantes et, la nuit, des feux de joie illuminaient les
collines. Le corps électoral était, tour à tour, bercé par les promesses d'un paradis
allemand, intimidé par la terreur brune dans les rues et affolé par les «
révélations » à propos d'une « révolution » communiste. Le lendemain de
l'incendie du Reichstag, le gouvernement prussien publia un long communiqué
déclarant qu'il avait découvert des « documents » communistes prouvant que :
    Des bâtiments officiels, des musées, des hôtels
particuliers et des usines de première importance devaient être incendiés; des
femmes et des enfants devaient être placés au premier rang de groupes terroristes;
l'incendie du Reichstag devait être le signal d'une sanglante insurrection et
d'une guerre civile;... on a la certitude que la journée d'aujourd'hui devait
voir éclater à travers l'Allemagne une flambée de terrorisme contre les
individus, contre la propriété privée, contre la vie de la population paisible
et marquer aussi le début d'une guerre civile générale.
    On promit la publication de « documents prouvant le complot
communiste », mais elle n'eut jamais lieu. Le fait pourtant que le gouvernement
prussien lui-même se portât garant de leur authenticité impressionna beaucoup
d'Allemands.
    Les hésitants furent peut-être frappés aussi par les menaces de
Gœring. A Francfort, le 3 mars, la veille des élections, il s'écria :
    Chers compatriotes, les mesures que je compte prendre ne
seront pas entravées par des arguties juridiques... Je n'ai pas à me préoccuper
de justice; ma mission n'est que de détruire et d'exterminer, rien de plus!...
Bien sûr, j'utiliserai au maximum le pouvoir de l'État et de la police, mes
chers communistes, alors n'allez pas tirer de conclusions erronées; mais le
combat à mort, au cours duquel mes poings vous serreront le cou, je le mènerai
avec ceux qui sont en bas de cette tribune... les Chemises Brunes (9).
    On n'entendit pratiquement pas la voix de l'ancien chancelier
Brüning, qui prit également la parole ce jour-là, pour affirmer que son Parti
du Centre résisterait à toute tentative de violation de la Constitution, pour
demander l'ouverture d'une enquête sur

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