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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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rendait compte que les élections du 5 mars seront sûrement les
dernières pour les dix années et peut-être même pour les cent années à venir ».
    Tout cela était assez clair pour les industriels rassemblés là,
et ils répondirent avec enthousiasme à la promesse de voir mettre un terme à
ces élections infernales, à la démocratie et au désarmement. Krupp, le roi des munitions, qui, d'après Tissen, avait insisté
auprès de Hindenburg le 29 janvier pour qu'il ne désignât pas Hitler, se leva
d'un bond et exprima au Chancelier la « gratitude » des hommes d'affaires «
pour nous avoir donné une image si claire de la situation ». Le docteur Schacht alors fit passer le plateau. « Je recueillis trois
millions de marks », rappela-t-il à Nuremberg(3).
    Le 31 janvier 1933, le lendemain du jour où Hitler avait été
nommé chancelier, Goebbels nota dans son journal : « Dans
une conférence avec le Führer, nous avons jeté les grandes
lignes de la lutte armée contre la terreur rouge. Pour l'instant, nous nous
abstiendrons de mesures directes. Il faut d'abord que se manifestent les
tentatives de révolution bolchévique. Le moment venu, nous frapperons. »
    Malgré des provocations de plus en plus nombreuses des autorités
nazies, il n'y avait pas signe de révolution communiste ou socialiste éclatant
soudain, pendant que se déroulait la campagne électorale. Au début de février,
le gouvernement d'Hitler avait interdit tous les meetings communistes et
interdit la presse communiste. Les réunions des sociaux-démocrates étaient soit
interdites, soit troublées par les agitateurs des S.A., et les principaux
quotidiens socialistes étaient sans cesse suspendus. Même le Parti catholique
du Centre n'échappait pas à la terreur nazie. Stegerwald, le chef des syndicats
catholiques, fut rossé par les Chemises Brunes, quand il tenta de prendre la
parole à un meeting, et Brüning fut obligé de demander la
protection de la police pour une autre réunion après que les hommes des S.A.
eurent blessé un grand nombre de ses partisans. Au total, 51 anti-nazis furent
assassinés durant la campagne électorale, et les nazis prétendirent que 18 des
leurs avaient été tués.
    La position-clef de Gœring en tant que ministre de l'Intérieur
de Prusse commençait maintenant à apparaître. Sans tenir compte des protestations
de Papen qui, en tant que premier ministre de Prusse, était censé être
au-dessus de lui, Gœring révoqua des centaines de fonctionnaires républicains
pour les remplacer par des nazis, pour la plupart officiers de S.A. et de S.S.
Il ordonna à la police d'éviter « à tout prix » des heurts avec les S.A., les
S.S. et le Stahlhelm, mais, par contre, d'être sans pitié pour tous ceux qui
étaient « hostiles à l'État ». Il donna la consigne à la police « de faire
usage de ses armes » et déclara que ceux qui n'obéiraient pas seraient punis.
    C'était une invitation directe à faire abattre tous les
opposants à Hitler par la police d'un État (la Prusse), qui contrôlait les deux
tiers de l'Allemagne. Pour être bien sûr qu'on suivrait impitoyablement ses
consignes, Gœring créa, le 22 février, une force de police auxiliaire de 50 000
hommes, dont 40 000 provenaient des rangs des S.A. et des S.S . et le reste du Stahlhelm. La
police en Prusse se trouvait ainsi pratiquement entre les mains des tueurs
nazis. Il fallait être bien téméraire, après cela, pour demander à une telle «
police » protection contre les terroristes nazis.
    Et pourtant, malgré cette terreur, la « révolution bolchévique »
qu'attendaient Gœbbels, Hitler et Gœring refusait d'éclater. Si on ne pouvait
la provoquer, ne serait-ce pas possible de l'inventer?
    Le 24 février, la police de Gœring fit une descente à la Karl
Liebknecht Haus, le quartier général communiste à Berlin. Les locaux avaient
été abandonnés quelques semaines auparavant par les leaders communistes, dont
un grand nombre étaient déjà passés dans la clandestinité ou étaient partis
discrètement pour la Russie. Mais on avait laissé dans la cave des piles de
brochures, et cela suffit pour permettre à Gœring d'annoncer dans un communiqué
officiel qu'il avait saisi « des documents » prouvant que les communistes
étaient sur le point de déclencher la révolution. Le public et même certains
des conservateurs du gouvernement accueillirent cette nouvelle avec
scepticisme. De toute évidence, il faudrait trouver

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