Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
de Versailles, reconstituerait une armée forte et,
grâce à sa puissance militaire, redonnerait à la Patrie sa place au soleil.
C'étaient également les buts d'Hitler. Et, bien qu'il apportât ce qui avait
toujours manqué aux conservateurs, un soutien massif, la Droite était certaine
de conserver barre sur lui : n'était-il pas dominé à huit contre trois au sein
même du cabinet du Reich? Une telle domination permettrait aussi aux
conservateurs, du moins le croyaient-ils, de parvenir à leurs fins sans laisser
se déchaîner la barbarie du nazisme sans mélange. Ils se considéraient comme
des gens convenables, et qui craignaient Dieu.
    L'Empire des Hohenzollern avait été construit sur les triomphes
militaires de la Prusse, la République allemande sur la défaite par les Alliés
après une grande guerre. Mais le Troisième Reich ne devait rien aux fortunes de
la guerre ni à l'influence étrangère. Il débuta en temps de paix et
pacifiquement, grâce aux Allemands eux-mêmes, en raison tout à la fois de leur
faiblesse et de leur force. Les Allemands s'imposèrent à eux-mêmes la tyrannie
nazie. Un grand nombre d'entre eux, peut-être la majorité, ne s'en rendirent
pas compte quand à midi, ce 30 janvier 1933, le président Hindenburg, agissant
dans le cadre de la Constitution, confia la Chancellerie à Adolf Hitler.
    Mais ils ne devaient pas tarder à l'apprendre.

7 -
LA NAZIFICATION DE L'ALLEMAGNE :
1933-1934
    La théorie
élaborée par Hitler durant ses années de vagabondage à Vienne et qu'il n'avait
jamais oubliée — que la route du pouvoir au mouvement révolutionnaire était de
s'allier avec quelques-unes des puissantes institutions de l'État — s'était
maintenant réalisée dans la pratique à peu près comme il l'avait prévu. Le
président, soutenu par l'armée et les conservateurs, l'avait nommé chancelier.
Mais son pouvoir politique, quoique grand, n'était pourtant pas complet. Hitler
devait le partager avec ces trois sources d'autorité qui l'avaient installé au
pouvoir et qui étaient extérieures au Mouvement national socialiste, dont, dans
une certaine mesure, elles se méfiaient.
    La tâche immédiate d'Hitler était donc de les éliminer
rapidement des postes de commande, de faire de son parti le maître exclusif de
l'État puis, avec le pouvoir d'un gouvernement autoritaire et sa police,
d'accomplir la révolution nazie. Il était au pouvoir depuis moins de
vingt-quatre heures quand il fit son premier pas décisif, tendant un piège à
ses crédules « gardiens » conservateurs et déclenchant une chaîne d'événements
qu'il provoquait ou contrôlait et qui, au bout de six mois, réaliseraient la
nazification complète de l'Allemagne et son accession à la dictature d'un
Reich, unifié et défédéralisé pour la première fois de l'Histoire allemande.
    Cinq heures après avoir prêté serment, à dix-sept heures, le 30
janvier 1933, Hitler tint son premier conseil de cabinet. Le procès-verbal de
cette session, qui fut révélé à Nuremberg parmi les centaines de tonnes de
documents secrets capturés, révèle avec quelle rapidité et avec quelle adresse
Hitler, aidé par l'habile Gœring, commença à mener en bateau ses collègues
conservateurs [53] (1).
    Un grand nombre de ces discussions hautement
confidentielles et des décisions qui y furent prises — toutes considérées comme
secrets d'État — seront désormais mentionnées dans ce livre qui, depuis ce
chapitre et jusqu'à la fin, se fonde essentiellement sur les documents qui en
firent état à l'époque. Au risque d'encombrer quelque peu les pages avec les
numéros correspondant aux notes, ces sources seront indiquées. L'histoire
d'aucune autre nation durant une période donnée ne comprend, je crois, une
documentation aussi complète que celle du Troisième Reich, et il a paru à
l'auteur que ne pas mentionner ces références aurait grandement affaibli la
valeur que ce livre peut avoir en tant que document historique.
    Hindenburg avait désigné Hitler pour diriger non pas un cabinet
présidentiel, mais un gouvernement s'appuyant sur une majorité au Reichstag.
Toutefois, les nazis et les nationalistes, les deux seuls partis représentés au
gouvernement, n'avaient que 247 sièges sur 583 au parlement et ne possédaient
donc pas de majorité. Pour l'obtenir, il leur fallait le soutien du Parti du
Centre, qui disposait de 70 sièges. Dans les toutes premières heures
d'existence du nouveau gouvernement,

Weitere Kostenlose Bücher