Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
L'assemblée examinait le
soi-disant acte d'Habilitation — la « loi pour soulager la détresse du Reich et
du peuple » ( Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich ), comme on
l'appela officiellement. Ses cinq courts paragraphes retiraient au Parlement le
pouvoir législatif, y compris le contrôle du budget du Reich, l'approbation des
traités avec les États étrangers et l'initiative d'amendement constitutionnel,
pour le remettre au cabinet du Reich pour une période de quatre ans. Le décret
stipulait, en outre, que les textes de lois promulguées par le cabinet devaient
être rédigés par le chancelier et « pouvaient dévier de la Constitution ».
Aucune loi ne devait « affecter la position du Reichstag » — c'était sûrement
la plaisanterie la plus cruelle — et les pouvoirs du président demeuraient «
inchangés (13) ».
    Hitler insista sur ces deux derniers points dans un discours
d'une discrétion inattendue qu'il fit aux députés réunis dans cette salle à la
décoration un peu surchargée, qui s'était longtemps spécialisée dans des opéras
un peu légers et dont les travées étaient bordées maintenant d'hommes des
troupes d'assaut en chemises brunes, dont les visages de brutes couturés
indiquaient qu'on ne tolérerait aucune manifestation d'indocilité de la part
des représentants du peuple.
    Le gouvernement (promit Hitler) ne fera usage de ces
pouvoirs que dans la mesure où ils sont essentiels pour prendre les décisions
d'une nécessité vitale. Ni l'existence du Reichstag, ni celle du Reichsrat, ne
sont menacées. La position et les droits du président demeurent inchangés... on
ne touchera pas à l'existence individuelle des États de la fédération. Les
droits des Églises ne seront pas diminués et leurs relations avec l'État ne
seront pas modifiées. Le nombre de cas où une nécessité interne, exige d'avoir
recours à une pareille loi est en soi limitée.
    Le farouche leader nazi semblait très modéré et presque modeste;
il était trop tôt dans la vie du Troisième Reich pour que même les membres de
l'opposition connussent pleinement la valeur des promesses d'Hitler. L'un d'eux
pourtant, Otto Wells, leader des sociaux-démocrates, dont une douzaine de
députés avaient été « retenus » par la police, se leva — parmi les hurlements
des troupes d'assaut qui criaient dehors : « Les pleins pouvoirs, ou gare! » —
pour défier le candidat dictateur. Parlant d'une voix calme et avec une grande
dignité, Wells déclara que le gouvernement pourrait dépouiller les socialistes
de leur pouvoir, mais qu'il ne pourrait jamais les dépouiller de leur honneur.
    Nous, sociaux-démocrates allemands, faisons le vœu solennel,
en cette heure historique, de défendre les principes d'humanité et de justice,
de la liberté et du socialisme. Aucun acte d'habilitation ne peut vous donner
le pouvoir de détruire des idées qui sont éternelles et indestructibles.
    Furieux, Hitler se leva d'un bond, et l'Assemblée eut alors
droit à un échantillon de sa véritable éloquence.
    Vous arrivez tard, mais vous voilà quand même!
hurla-t-il... On n'a plus besoin de vous... L'étoile de l'Allemagne se lève et
la vôtre se couche. Le glas de votre mort a sonné... je ne veux pas de vos
voix. L'Allemagne sera libre, mais sans vous! ( Tonnerre d'applaudissements .)
    Les sociaux-démocrates, qui portaient une lourde responsabilité
dans l'affaiblissement de la République, étaient disposés du moins à ne pas
démordre de leurs principes et à se laisser abattre — pour cette fois du moins
— sans un ultime geste de défi. Mais il n'en alla pas de même du Parti du
Centre, qui jadis avait bravé avec succès le Chancelier de Fer, dans le
Kulturkampf. Mgr Kaas, le chef du parti, avait demandé à Hitler une promesse
écrite qu'il respecterait le droit de veto du président. Mais, bien que cette
promesse eût été faite avant le vote, elle ne fut jamais tenue. Néanmoins, le
chef du Parti du Centre se leva pour annoncer que son parti voterait pour le
projet de loi. Brüning demeura silencieux. Le vote
eut bientôt lieu : 441 pour et 84 (tous sociaux-démocrates) contre. Les députés
nazis se levèrent en criant et en trépignant sur place, puis, entourés des
troupes d'assaut, entonnèrent la chanson de Horst Wessel , qui allait
bientôt prendre place avec le Deutschland über Alles comme second hymne
national :
    Brandissez haut les drapeaux! Serrez les rangs
    Les troupes d'assaut

Weitere Kostenlose Bücher