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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dans l'église de
la garnison de Potsdam, le grand autel du prussianisme, qui éveillait chez tant
d'Allemands des souvenirs de gloires impériales et de grandeur, car c'était là
que reposaient les restes de Frédéric le Grand; c'était là que les rois
Hohenzollern avaient suivi les services religieux; c'était là que Hindenburg
était pour la première fois venu en pèlerinage en 1866, alors qu'il revenait
comme jeune officier de la Garde de la guerre austro-prussienne, guerre qui
avait donné à l'Allemagne sa première unification.
    La date choisie pour la cérémonie d'ouverture du premier
Reichstag du Troisième Reich, le 21 mars, était significative également, car
elle tombait l'anniversaire du jour où Bismarck avait ouvert le premier
Reichstag du Second Reich en 1871. Tandis que les vieux maréchaux, généraux et
amiraux de l'époque impériale se rassemblaient dans leurs uniformes chamarrés
sous les voûtes de l'église de la garnison, avec à leur tête l'ancien Kronprinz
et le maréchal von Mackensen, revêtus de l'imposante tenue et du casque des Hussards
à tête de mort, les ombres de Frédéric le Grand et du Chancelier de Fer
planaient sur l'assemblée.
    Hindenburg était visiblement ému et, à un moment de la
cérémonie, Gœbbels, qui l'avait organisée et qui en dirigeait le reportage
radiodiffusé à la Nation, observa — et nota dans son journal — que le vieux
maréchal avait les larmes aux yeux. Flanqué d'Hitler, qui semblait mal à l'aise
dans sa jaquette de cérémonie, le président, en uniforme de campagne gris avec
le grand cordon de l'Aigle noir, et portant dans une main son casque à pointe
et dans l'autre son bâton de maréchal, avait lentement descendu la nef, s'était
arrêté pour saluer le siège vide du Kaiser Guillaume II dans la galerie
impériale, puis devant l'autel avait lu une brève allocution par laquelle il
accordait sa bénédiction au nouveau gouvernement d'Hitler.
    Puisse le vieil esprit de cet autel fameux imprégner la
génération d'aujourd'hui, puisse-t-il nous libérer de l'égoïsme et des
querelles de partis pour nous rassembler dans la conscience nationale pour
bénir une Allemagne libre et fière, et unie.
    La réponse d'Hitler était habilement calculée pour jouer sur les
sympathies et pour s'allier la confiance de l'Ancien Régime si brillamment
représenté.
    Ni le Kaiser, ni le gouvernement, ni la nation n'ont voulu
la guerre. C'est seulement l'écroulement de la nation qui a contraint une race
affaiblie à accepter, malgré ses convictions les plus sacrées, la
responsabilité de cette guerre.
    Puis, se tournant vers Hindenburg, qui était assis tout raide
sur sa chaise à quelques pas devant lui :
    Par un bouleversement sans précédent dans les dernières
semaines, notre honneur national a été restauré et, grâce à votre
compréhension, monsieur le maréchal, l'union a été célébrée entre les symboles
de l'ancienne grandeur et de la force nouvelle. Nous vous rendons hommage. Une
Providence protectrice vous place au-dessus des forces neuves de notre Nation
(11).
    Hitler, en affectant une profonde humilité envers le président
qu'il avait l'intention de dépouiller de son pouvoir politique avant la fin de
la semaine, s'approcha de lui, s'inclina très bas devant Hindenburg et lui
étreignit la main. Ce fut là, sous les éclairs des lampes à magnésium, et dans
le cliquetis des caméras, que Gœbbels avait placées avec des microphones aux
endroits stratégiques, ce fut là que fut enregistrée pour les yeux et pour les
oreilles de la Nation et du Monde la poignée de main solennelle du vieux
maréchal allemand et du caporal autrichien, unissant la nouvelle Allemagne avec
celle d'autrefois.
    « Après l'étonnant serment prononcé par Hitler à Potsdam,
écrivit par la suite l'ambassadeur de France qui assistait à la scène, comment
de tels hommes — Hindenburg et ses amis, les junkers et les barons
monarchistes, Hugenberg et ses nationalistes allemands, les officiers de la
Reichswehr — comment pouvaient-ils alors ne pas oublier l'appréhension avec
laquelle ils avaient assisté aux premiers excès et aux premiers abus de son
Parti? Pouvaient-ils hésiter maintenant à lui accorder leur entière confiance,
à satisfaire à toutes ses demandes, à lui accorder les pleins pouvoirs qu'il
réclamait (12)? »
    La réponse fut donnée deux jours plus tard, le 23 mars, à
l'Opéra Kroll à Berlin, où le Reichstag était réuni.

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