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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de masse que l'Allemagne eût jamais vue.
    Avant ce meeting monstre, Hitler en personne reçut les délégués
des ouvriers, en déclarant : « Vous verrez combien est inique et injuste
l'affirmation selon laquelle la révolution est dirigée contre les travailleurs
allemands. Tout au contraire. » Plus tard, dans le discours qu'il prononça
devant plus de 100 000 travailleurs sur le terrain de Tempelhof, Hitler lança
la formule : « Honneur au travail et respect aux travailleurs! » et promit que
le 1er mai serait célébré en l'honneur du travail allemand « au long des
siècles ».
    Tard ce soir-là, Gœbbels, après avoir décrit dans sa prose la
plus délirante l'enthousiasme des travailleurs pour cette fête du 1er mai qu'il
avait si brillamment organisée, ajouta dans son journal une phrase curieuse : «
Demain, nous occuperons les immeubles des syndicats. Il y aura peu de résistance
(16) [55] .
»
    C'est ce qui se passa. Le 2 mai, les sièges des syndicats
dans tout le pays furent occupés, les fonds des syndicats confisqués, les
organisations dissoutes et les chefs arrêtés. Nombre d'entre eux furent rossés
et acheminés vers les camps de concentration. Theodor Leipart
et Peter Grassmann, les deux présidents de la
confédération des syndicats, avaient ouvertement prêté serment de collaborer
avec le régime nazi. Malgré cela, ils furent arrêtés. « Les Leipart et Grassmann, déclara le docteur Robert Ley, chef du parti à
Cologne, à qui Hitler avait confié la tâche de mettre la main sur les syndicats
et d'organiser le Front du Travail allemand, peuvent hypocritement proclamer
autant qu'ils veulent leur dévouement au Führer, mais il
vaut mieux qu'ils soient en prison. » Et c'est là qu'on les mit.
    Tout d'abord, Hitler, aussi bien que Ley, s'efforça d'assurer
aux travailleurs que leurs droits seraient protégés. Ley déclara dans sa
première proclamation : « Travailleurs! Vos institutions sont sacrées pour nous
autres nationaux-socialistes. Je suis moi-même le fils d'un pauvre paysan et je
comprends la pauvreté... je sais comment le capitalisme anonyme vous exploite.
Travailleurs! Je vous le jure, non seulement nous maintiendrons tout ce qui existe,
mais nous étendrons encore la protection et les droits des travailleurs. »
    Trois semaines plus tard, on put voir ce que valait une autre
promesse nazie, lorsque Hitler promulgua une loi mettant un terme aux
conventions collectives et décrétant que désormais « des conseillers du travail
», désignés par lui, « réglementeraient les contrats de travail » et
assureraient « la paix sociale (18) ». Comme la décision de ces conseillers
devait avoir force de loi, ce décret, en fait, rendait les grèves illégales. Ley
promit « de rendre son autorité absolue au chef naturel d'une usine,
c'est-à-dire au patron... seul le patron peut décider. De nombreux patrons ont
dû pendant des années compter avec « le maître de la maison ». Maintenant, les
voilà redevenus « les maîtres de la maison ».
    Pour l'instant, le patronat était satisfait. Les dons généreux
que tant de patrons avaient faits au Parti national socialiste des Travailleurs
allemands se révélaient rentables. Toutefois, pour que les affaires puissent
prospérer, une certaine stabilité de la société est indispensable et, durant
tout ce printemps et ce début d'été, la loi et l'ordre s'effondraient en
Allemagne, tandis que des bandes de Chemises Brunes déchaînées parcouraient les
rues, arrêtant, rossant et parfois tuant qui bon leur semblait, tandis que la
police assistait à ces scènes de violence sans même lever une matraque.
    La terreur dans les rues ne provenait pas de l'effondrement de
l'autorité de l'État, comme cela avait été le cas dans la révolution française,
mais au contraire elle avait lieu avec l'encouragement et souvent sur l'ordre
de l'État, dont l'autorité en Allemagne n'avait jamais été plus grande ni plus
concentrée. Les juges vivaient dans l'intimidation; ils craignaient pour leur
vie s'ils accusaient et condamnaient un homme des troupes d'assaut, même pour
un meurtre commis de sang-froid. Hitler était maintenant la loi, comme le
disait Gœring, et, en mai et en juin 1933, le Führer déclarait
encore que « la révolution nationale socialiste n'a pas encore achevé son cours
» et « elle ne triomphera que si l'on éduque un nouveau peuple allemand ».
    En langage nazi : « éduquer » signifiait « intimider »

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