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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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partis politiques d'Allemagne, à l'exception des
nazis, avaient été rapidement éliminés.
    On ne peut pas dire qu'ils succombèrent en combattant. Le 19 mai
1933, les sociaux-démocrates — ceux du moins qui n'étaient ni en prison ni en
exil — votèrent tous comme un seul homme au Reichstag pour
approuver la politique étrangère d'Hitler. Neuf jours plus tôt, la police de
Gœring avait saisi les bâtiments et les journaux du parti et confisqué ses
biens. Néanmoins, les socialistes essayaient encore d'apaiser Hitler. Ils
dénoncèrent leurs camarades réfugiés à l'étranger qui attaquaient le Führer. Le 19 juin, ils élurent un nouveau comité du parti, mais
trois jours plus tard Frick mit un terme à leur tentative de compromis en
prononçant la dissolution du Parti social démocrate comme « subversif et
hostile à l'État ». Paul Lobe, le leader survivant, et plusieurs membres de son
parti au Reichstag furent arrêtés. Les communistes, bien
entendu, avaient déjà été anéantis.
    Il ne restait plus que les partis bourgeois, mais pas pour
longtemps. Le Parti catholique du Peuple bavarois, dont le gouvernement avait
été évincé par le coup de force nazi du 9 mars, annonça sa propre dissolution
le 4 juillet, et son allié, le Parti du Centre, qui avait si vigoureusement
lutté contre Bismarck et qui avait été un des remparts de la République, suivit
cet exemple le lendemain, laissant l'Allemagne, pour la première fois dans
l'ère moderne, sans parti politique catholique — ce qui ne découragea pas pour
autant le Vatican de signer un Concordat avec le gouvernement de Hitler quinze
jours plus tard. Le vieux parti de Stresemann, le Parti du Peuple, fit
hara-kiri le 4 juillet, les démocrates ( Staats -partei )
en avaient déjà fait autant une semaine plus tôt.
    Et qu'advenait-il donc de l'associé d'Hitler au gouvernement, le
Parti national allemand, sans le support duquel l'ancien caporal autrichien
n'aurait jamais pu parvenir légalement au pouvoir? Malgré ses liens étroits
avec Hindenburg, l'armée, les junkers et les grosses affaires, malgré ce que
lui devait également Hitler, il suivit le même chemin que tous les autres
partis et avec la même docilité. Le 21 juin, la police et les troupes d'assaut
s'emparèrent de ses bureaux dans tout le pays, et, le 29 juin, Hugenberg, le
bouillant chef de parti, qui avait aidé Hitler à parvenir à la Chancellerie
encore six mois plus tôt, démissionna du gouvernement, et ses lieutenants
décidèrent « volontairement » la dissolution du parti.
    Le Parti nazi demeurait seul et, le 14 juillet, une loi décréta
:
     « Le Parti national socialiste des Travailleurs allemands
constitue le seul parti politique d'Allemagne.
    « Quiconque entreprend de maintenir la structure d'un autre
parti politique ou de former un autre parti politique sera puni d'une peine
pouvant aller jusqu'à trois ans de travaux forcés ou de six mois à trois ans de
prison, si le crime n'est pas passible d'un châtiment plus grave aux termes
d'autres règlements (15). »
    On était arrivé à l'État totalitaire à parti unique, sans avoir
pratiquement rencontré d'opposition, et cela quatre mois après que le Reichstag
eut abdiqué ses responsabilités démocratiques. Les syndicats libres, qui, comme
on l'a vu, avaient jadis fait échec au putsch fasciste de Kapp en déclarant
tout simplement une grève générale, furent liquidés tout aussi facilement que
les partis politiques et que les États — mais non sans qu'on leur eût toutefois
joué un tour pendable. Depuis un demi-siècle, le 1er mai était
traditionnellement jour de la fête du Travail pour les ouvriers allemands et
européens.
    Pour calmer les travailleurs et leurs chefs avant de frapper, le
gouvernement nazi proclama le 1er mai 1933 jour de Fête Nationale, le nomma
officiellement « Jour du Travail National » et se prépara à le célébrer comme
on ne l'avait encore jamais fait. Les leaders syndicalistes se laissèrent
prendre à cette étonnante manifestation d'amitié des nazis envers la classe
ouvrière et s'empressèrent de prêter leur concours au gouvernement et au parti
pour faire de cette journée un triomphe. Des chefs syndicalistes furent
acheminés par avion à Berlin de tous les coins d'Allemagne, des milliers de
bannières furent déployées, acclamant la solidarité du régime nazi avec les
travailleurs, et, à Tempelhof, Gœbbels se prépara à organiser la plus grande
démonstration

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