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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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aux généraux, qui entreprirent avec ardeur de construire
l'armée d'Hitler. Peu importait aux industriels, qui se lancèrent avec
enthousiasme dans l'entreprise rémunératrice du réarmement. Les conservateurs
de la vieille école, les Allemands « convenables », comme le baron von Neurath
aux Affaires étrangères, et le docteur Schacht à la Reichsbank, ne
démissionnèrent pas. Personne ne démissionna. Bien mieux, le docteur Schacht
assuma en outre les nouvelles fonctions de ministre de l'Économie à dater du 2
août, jour où Hitler s'empara des pouvoirs du président défunt.
    Et le peuple allemand? Le 19 août, quelque 95 pour 100 des
électeurs inscrits se rendirent aux urnes, et 90 pour 100, plus de 38 millions
d'électeurs, approuvèrent de leur vote l'usurpation par Hitler du pouvoir
absolu. Seuls 4 250 000 Allemands eurent le courage — ou l'envie — de voter «
non ».
    Hitler pouvait donc être plein d'assurance quand le congrès du
Parti nazi se réunit à Nuremberg, le 4 septembre. Je le vis, le matin du
lendemain, s'avancer comme un empereur conquérant par la travée centrale du
grand Luitpold Hall, tout décoré de drapeaux, tandis que l'orchestre attaquait
la Marche de Baden-weiler et que 30 000 mains se levaient pour faire le salut
nazi. Quelques instants plus tard, il s'asseyait fièrement au centre de
l'immense estrade, les bras croisés, les yeux brillants, tandis que le
gauleiter de Bavière, Adolf Wagner, lisait la proclamation du Führer :
    La forme de vie allemande est définitivement fixée pour les
mille ans à venir. L'Age des Nerfs du XIXe siècle s'est clos avec nous. Il n'y
aura pas d'autre révolution en Allemagne pendant les mille ans à venir!
    Comme il était mortel, il ne vivrait pas mille ans, mais, aussi
longtemps qu'il vivrait, il allait être pour ce grand peuple l'autocrate le
plus puissant et le plus impitoyable que l'Allemagne eût jamais connu. Le
vénérable Hindenburg n'était plus là pour mettre en question son autorité;
l'armée était dans ses mains, liée par un serment qu'aucun soldat allemand ne
violerait facilement. En fait, toute l'Allemagne et tous les Allemands étaient
entre ses mains sanglantes, maintenant que les derniers récalcitrants avaient
été éliminés ou avaient disparu pour de bon.
    « C'est merveilleux! » s'écria-t-il à Nuremberg devant les
correspondants étrangers, au terme d'une semaine épuisante de défilés, de
discours, de cérémonies païennes et de l'adulation la plus frénétique que
l'auteur de ces lignes ait jamais vu témoigner à une personnalité publique.
Adolf Hitler avait parcouru un long chemin depuis les ruisseaux de Vienne. Il
n'avait que quarante-cinq ans, et c'était à peine le début. Même quelqu'un qui
retournait en Allemagne pour la première fois depuis la mort de la République
pouvait se rendre compte que, quels que fussent ses crimes contre l'humanité,
Hitler avait libéré une force dynamique extraordinaire qui s'était trouvée
longtemps enfermée dans le cœur du peuple allemand. A quelles fins, il l'avait
déjà clairement expliqué dans les pages de Mein Kampf et dans cent
discours qui étaient passés inaperçus ou qui avaient été tournés en ridicule
par tant de gens — par presque tout le monde — à l'intérieur et surtout à
l'extérieur du Troisième Reich.

8 -
LA VIE DANS LE TROISIEME REICH:
1933-1937
    Ce fut à cette époque, à la fin de l'été de 1934, que je vins habiter et
travailler dans le Troisième Reich. Il y avait largement de quoi impressionner,
intriguer et troubler un observateur étranger dans cette Allemagne nouvelle.
L'écrasante majorité des Allemands semblait accepter de se voir retirer toute
liberté personnelle, de voir aussi une si grande partie de leur culture
détruite et remplacée par une barbarie aveugle et leur vie et leur travail
réglementés à un degré encore jamais atteint même dans un pays habitué depuis
des générations à être enrégimenté.
    Partout planait, bien sûr, l'ombre menaçante de la Gestapo et la
peur du camp de concentration pour ceux qui s'écartaient du droit chemin, ou
qui avaient été communistes ou socialistes ou trop libéraux ou trop pacifistes,
ou pour ceux qui étaient Juifs. La purge sanglante du 30 juin 1934 était un avertissement
qui montrait bien jusqu'où les nouveaux chefs pouvaient aller. Cependant, dans
les premières années, la terreur nazie n'affectait que la vie de relativement
peu d'Allemands, et un

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