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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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non pas à l'Allemagne, non pas à la Constitution qu'il avait
violée en n'organisant pas d'élections pour désigner un successeur à
Hindenburg, mais à lui-même. Ce serment précisait :
    Je prête devant Dieu ce serment sacré d'obéir sans
condition à Adolf Hitler, Führer du Reich et du peuple allemand, commandant
suprême des forces armées, et d'être prêt en brave soldat à risquer à tout
moment ma vie pour respecter ce serment.
    A dater d'août 1934, les généraux, qui jusqu'alors auraient pu
renverser sans mal le régime nazi s'ils l'avaient voulu, se lièrent ainsi à la
personne d'Adolf Hitler, reconnaissant en lui la plus haute autorité légale du
pays et se mettant sous sa dépendance par un serment de fidélité qu'ils se
sentaient tenus par l'honneur de respecter en toute circonstance, si humiliant
que ce pût être pour eux et pour la mère patrie. C'était un serment qui devait
poser des cas de conscience à un certain nombre d'officiers supérieurs quand
leur chef reconnu s'engagerait dans une direction dont ils savaient qu'elle ne
pouvait conduire qu'à l'anéantissement de la Nation et qu'ils désapprouvaient.
    C'était aussi un serment qui permettrait à un nombre encore plus
grand d'officiers de s'exonérer de toute responsabilité personnelle pour les
crimes indicibles qu'ils perpétreraient sur l'ordre d'un commandant suprême
dont la véritable nature leur était apparue à l'occasion de la boucherie du 30
juin. Une des effarantes aberrations du corps des officiers allemands à partir
de cette date naquit de ce conflit « d'honneur », mot qui, l'auteur de ces
lignes peut en témoigner par expérience personnelle, revenait souvent sur leurs
lèvres et dont ils avaient une conception si curieuse. Bien souvent par la
suite, en honorant leur serment, ils se déshonorèrent en tant qu'êtres humains
et piétinèrent dans la boue le code moral de leur caste.
    Quand Hindenburg mourut, le docteur Goebbels, ministre
de la Propagande, annonça officiellement qu'on n'avait découvert aucun
testament du maréchal et que l'on devait donc supposer qu'il n'en avait pas
laissé. Mais, le 15 août, quatre jours avant le plébiscite par lequel on
demandait au peuple allemand d'approuver l'accession d'Hitler à la présidence,
le testament politique de Hindenburg apparut, et ce fut Papen lui-même qui le
remit à, Hitler. Les paroles flatteuses qu'il contenait à l'adresse d'Hitler
apportèrent à Gœbbels de précieuses munitions dans les derniers jours de la
campagne électorale, et cet appui se trouva encore renforcé à la veille du
scrutin par une allocution radiodiffusée du colonel Oskar von
Hindenburg :
    Mon père avait vu lui-même en Adolf Hitler son successeur
direct à la tête de l'État allemand, et j'agis conformément aux vœux de mon
père en demandant à tous les hommes et à toutes les femmes d'Allemagne de voter
pour confier les fonctions de mon père au Führer et au chancelier du Reich [60] .
    On peut affirmer presque à coup sûr que ce n'était pas vrai. Car
Hindenburg, d'après les témoignages les plus valables que l'on possède, avait
recommandé une restauration de la monarchie après sa mort. Mais, cette partie
du testament, Adolf Hitler la supprima.
    Une partie, sinon la totalité du mystère enveloppant la vérité à
propos du testament du vieux président, se trouva éclaircie après la guerre par
l'interrogatoire de Papen à Nuremberg, et plus tard par ses mémoires. Et si
Papen n'est pas un témoin irréprochable et s'il n'a peut-être pas dit tout ce
qu'il savait, son témoignage ne saurait être ignoré. Il rédigea lui-même le
premier jet des dernières volontés de Hindenburg et, selon lui, à la demande du
maréchal.
    Mon projet (dit-il dans ses mémoires) recommandait que l'on
adoptât après sa mort une monarchie constitutionnelle, et j'insistai sur
l'inconvénient qu'il y aurait à combiner les charges de président et de
chancelier. Pour éviter de blesser Hitler, il y avait également certaines
allusions approbatrices à quelques-unes des actions positives du régime nazi.
    Papen remit ce projet à Hindenburg en avril 1934, raconte-t-il.
    Quelques jours plus tard, il me demanda de revenir le voir
et me dit qu'il avait décidé de ne pas approuver le document dans la forme que
je lui proposais. Il estimait... que la nation dans son ensemble devait décider
quelle forme d'État elle désirait. Il avait donc l'intention de considérer
comme un testament le

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