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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'avoir « agi avec énergie et décision » pour réprimer « une
haute trahison ». Le mardi, le général von Blomberg exprima
au chancelier les remerciements du cabinet, qui entreprit de « légaliser » le
massacre en le qualifiant de mesure nécessaire à « la défense de l'État ». Blomberg publia aussi un ordre du jour à l'armée, exprimant la
satisfaction du Haut-Commandement devant la tournure prise par les événements
et promettant d'établir « de cordiales relations avec les nouvelles troupes
S.A. ».
    Il était bien naturel que l'armée fût ravie de l'élimination de
ses rivaux, les S.A., mais que dire du sens de l'honneur, pour ne pas parler de
la décence, d'un corps des officiers, qui non seulement approuva mais félicita
ouvertement un gouvernement d'avoir perpétré un massacre sans précédent dans l'Histoire
allemande, au cours duquel deux de ses principaux officiers, les généraux von
Schleicher et von Bredow, qualifies de traîtres, furent assassinés de
sang-froid. Seuls le vieux maréchal von Mackensen, âgé de quatre-vingt-cinq
ans, et le général von Hammerstein, l'ancien commandant en chef de l'armée,
protestèrent contre le meurtre de leurs deux camarades et contre les
accusations de trahison invoquées pour le justifier [59] .
Cette attitude du corps des officiers fut une tache sur l'honneur de l'armée; c'était
également la marque d'une incroyable imprévoyance.
    En faisant cause commune avec Hitler le 30 juin 1934, les
généraux se plaçaient eux-mêmes dans une position où ils ne pourraient plus
jamais s'opposer dans l'avenir aux actes de terrorisme nazis, non seulement à
l'intérieur, mais même quand ils seraient perpétrés au-delà des frontières,
même quand ils seraient commis contre d'autres officiers. Car l'armée soutenait
Hitler lorsqu'il prétendait qu'il était devenu la loi ou, comme il le dit dans
son discours du 13 juillet au Reichstag : « Si l'on me reproche de n'avoir pas
fait appel aux tribunaux réguliers, tout ce que je peux répondre alors, c'est
ceci : en cet instant j'étais responsable du destin du peuple allemand et je
suis devenu par là le juge suprême ( Oberster Gerichts herr ) du peuple
allemand. » Et Hitler ajouta, pour faire bonne mesure : « Chacun doit savoir
désormais que, s'il lève la main pour frapper l'État, alors la mort certaine
l'attend. » C'était un avertissement aux généraux quand dix ans après, presque
jour pour jour, les plus désespérés d'entre eux devaient avoir enfin l'audace
de lever la main pour abattre leur « juge suprême ».
    En outre, le corps des officiers se faisait des illusions en
croyant que, le 30 juin, il s'était à jamais délivré de la menace du mouvement
nazi contre ses prérogatives et ses pouvoirs traditionnels. Car, au lieu des
S.A., vinrent les S.S. Le 26 juillet, les S.S., pour les récompenser de s'être
chargés des exécutions, furent déclarés indépendants des S.A., avec à leur tête
Himmler — comme Reichsführer — responsable seulement devant Hitler. Cette force
bien mieux disciplinée et plus loyale n'allait pas tarder à devenir beaucoup
plus puissante que les S.A. ne l'avaient jamais été et, en tant que rivale de
l'armée, elle allait réussir là où les Chemises Brunes de Rœhm avaient échoué.
    Mais, pour le moment, les généraux affichaient une confiance
satisfaite. Comme le répéta Hitler dans son discours du 13 juillet au
Reichstag, l'armée devait demeurer « la seule à porter les armes ». A la
demande du Haut-Commandement, le chancelier s'était débarrassé des S.A., qui
avaient osé mettre en question ce principe. Le temps était venu maintenant où
l'armée devrait jouer son rôle aux termes du « Pacte du Deutschland ».

LA MORT DE HINDENBURG
    Durant tout l'été, Hindenburg, qui semblait indestructible,
n'avait cessé de décliner et, le 2 août, à 9 heures du matin, il mourut dans sa
quatre-vingt-septième année. A midi, trois heures plus tard, on annonça que,
aux termes d'une loi votée par le cabinet la veille, les charges de chancelier
et de président avaient été combinées et qu'Adolf Hitler avait pris les
pouvoirs de chef de l'État et de commandant en chef des forces armées. Le titre
de président était aboli ; Hitler serait désigné sous le titre de Führer et
chancelier du Reich. Sa dictature était devenue totale. Pour ne laisser aucune
échappatoire, Hitler exigea de tous les officiers et hommes de troupes un
serment d'allégeance,

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