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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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observateur qui arrivait dans le pays était surpris de
constater que les gens ne paraissaient pas se rendre compte qu'ils étaient sous
la poigne d'une dictature brutale et sans scrupule. Au contraire, ils
soutenaient le régime avec un sincère enthousiasme. Ils étaient pleins d'un
espoir nouveau et de confiance, et ils avaient une foi étonnante dans l'avenir
de leur pays.
    Hitler liquidait le passé, avec tout ce qu'il avait apporté de
déceptions. Étape par étape, et rapidement (comme nous le verrons en détail par
la suite), il libérait les Allemands des entraves du Traité de Versailles,
confondant les Alliés et redonnant une force militaire à son pays. C'était cela
que la plupart des Allemands désiraient, et ils étaient prêts à faire les
sacrifices que demandait d'eux le chef pour l'obtenir : les sacrifices,
c'est-à-dire la perte de la liberté personnelle, un régime Spartiate (« Des
canons plutôt que du beurre ») et un travail dur. Au courant de l'automne de
1936, le problème du chômage avait été résolu; presque tout le monde avait de
nouveau un emploi [61] et l'on pouvait entendre des travailleurs qui avaient été privés de leurs
droits syndicaux dire en plaisantant, devant leurs gamelles pleines, que sous
Hitler au moins on n'avait plus la liberté de mourir de faim.
     « Gemeinnutz vor Eigennutz! » (L'intérêt de tous
avant celui de chacun!) était un des grands slogans nazis de l'époque, et, bien
que plus d'un chef du parti, et surtout Gœring, ne manquât pas de s'enrichir en
secret et que les bénéfices eussent monté dans les affaires, les masses étaient
indubitablement gagnées par le « national socialisme » qui, en apparence,
plaçait le bien-être de la communauté au-dessus des profits personnels.
    Les lois raciales, qui écartaient les Juifs de la communauté
allemande et qui, pour un observateur étranger, étaient un scandaleux retour à
des mœurs primitives, étaient loin d'être impopulaires, car les théories
raciales des nazis dépeignaient les Allemands comme le sel de la terre et la
race maîtresse. On rencontrait quelques Allemands — d'anciens socialistes ou
des libéraux ou des chrétiens pratiquants des anciennes classes conservatrices
— qui étaient dégoûtés ou même révoltés par la persécution des Juifs, mais,
s'ils aidaient à soulager des cas individuels, ils ne faisaient rien pour
contribuer à arrêter le courant. Que pouvaient-ils faire ? Ils vous posaient
souvent la question, et ce n'était pas facile d'y répondre.
    Les Allemands apprenaient vaguement par leurs journaux censurés
et leur radio que leurs pratiques étaient considérées avec répulsion à
l'étranger, mais ils remarquaient que cela n'empêchait pas les étrangers
d'arriver en foule dans le Troisième Reich et de jouir apparemment de son
hospitalité. Car l'Allemagne nazie, beaucoup plus que la Russie soviétique, ouvrait
ses portes au monde entier [62] .
    Le tourisme était florissant et apportait des devises bien
nécessaires. Un étranger, même s'il était très anti-nazi, pouvait venir en
Allemagne et y voir et étudier ce qui lui plaisait, à l'exception des camps de
concentration et, comme dans tous les pays, des installations militaires. Et
beaucoup vinrent. Et beaucoup revinrent, sinon convertis, du moins plus
tolérants à l'égard de l'Allemagne nouvelle et pensant qu'ils avaient vu ce
qu'ils appelaient « des réalisations positives ». Même un homme aussi
perspicace que Lloyd George, qui avait conduit l'Angleterre à la victoire
contre l'Allemagne en 1918, et qui, cette année-là, avait mené sa campagne
électorale avec le slogan « Le Kaiser au poteau », put aller voir Hitler à
Obersalzberg en 1936 et repartir très content du Führer et même louer celui-ci
publiquement d'être « un grand homme » qui avait l'intelligence et la volonté
de résoudre les problèmes sociaux d'une grande nation moderne (et surtout, le
problème du chômage, cette plaie dont continuait à souffrir l'Angleterre et au
sujet duquel le grand leader libéral, avec son programme « Nous pouvons vaincre
le chômage », avait trouvé si peu de soutien dans son pays).
    Les Jeux olympiques qui eurent lieu à Berlin en août 1936
donnèrent aux nazis une merveilleuse occasion d'impressionner le monde avec les
réalisations du Troisième Reich, et ils en tirèrent le maximum. Les pancartes Juden
unerwuenscht (Juifs indésirables) furent retirées sans fracas des magasins,
des

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