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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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compte rendu de son activité et d'exprimer ses
recommandations sur le retour de la monarchie sous forme de dernière volonté
dans une lettre personnelle adressée à Hitler. Cela signifiait bien sûr que
tout le propos de mon projet initial était perdu, puisque la recommandation
concernant la monarchie ne s'adressait plus à la Nation; fait dont Hitler par
la suite profita pleinement.
    Aucun Allemand n'était aussi bien placé que Papen pour observer
comment Hitler en profita.
    Quand je revins à Berlin, après les funérailles de
Hindenburg, à Tannenberg, Hitler me téléphona. Il me demanda si Hindenburg
avait laissé un testament politique et si je savais où il était. Je répondis
que je demanderais à Oskar von Hindenburg. « Je vous serais reconnaissant,
reprit Hitler, de veiller à ce que ce document me parvienne le plus tôt possible.
» Je chargeai donc Kageneck, mon secrétaire particulier, de se rendre à Neudeck
pour demander au fils de Hindenburg si le testament existait encore et si je
pouvais l'avoir pour le transmettre à Hitler. Comme je n'avais pas vu
Hindenburg après son départ de Berlin à la fin de mai, j'ignorais totalement
s'il avait détruit ou non le testament.
    Oskar, qui n'avait pas réussi à trouver cet important document
aussitôt après la mort de son père, le retrouva brusquement. Cela n'était pas
un exploit bien difficile, comme en témoigna le comte von der Schulenburg,
l'aide de camp de Hindenburg, dans la déposition qu'il fit au procès de
dénazification de Papen. Il révéla que, le 11 mai, le président avait signé
deux documents, son testament et ses dernières volontés. Le premier était
adressé « au peuple allemand », et le second au « chancelier du Reich ». Quand
Hindenburg quitta Berlin pour son dernier voyage à Neudeck, Schulenburg emporta
les papiers avec lui. Papen dit qu'il l'ignorait à l'époque. Mais, en temps voulu,
son secrétaire revint de Neudeck porteur de deux enveloppes cachetées que lui
avait remises Oskar von Hindenburg.
    Le 15 août, Papen les apporta à Hitler à Berchtesgaden.
    Hitler lut les deux documents avec la plus grande attention
et en discuta le contenu avec nous. De toute évidence, les recommandations de
Hindenburg dans le document exprimant ses dernières volontés étaient contraires
aux intentions d'Hitler. Il profita donc du fait que l'enveloppe était adressée
« Au chancelier du Reich Adolf Hitler ». « Ces recommandations du défunt
président, déclara-t-il, me sont adressées personnellement. Je déciderai par la
suite si et quand je dois permettre leur publication. » Ce fut en vain que je
le suppliai de publier les deux documents. Le seul transmis à son chef de
presse fut le testament politique de Hindenburg, qui contenait certaines
allusions élogieuses pour Hitler (31).
    Ce qu'il advint du second document recommandant que ce ne fût
pas Hitler mais un Hohenzollern qui devînt chef de l'État, Papen ne le dit pas
et peut-être ne le sait-il pas. Comme on ne l'a jamais retrouvé parmi les
centaines de tonnes de documents secrets nazis capturés, il est vraisemblable
qu'Hitler ne tarda pas à le détruire.
    Cela n'aurait sans doute pas changé grand-chose si Hitler avait
eu le courage et l'honnêteté de le publier. Avant même la mort de Hindenburg,
il avait fait promulguer par le cabinet une loi lui accordant les pouvoirs du
président. C'était le 1er août, la veille de la mort du maréchal. Que la « loi
» fût illégale ne changeait pas grand-chose non plus dans une Allemagne où il
était maintenant devenu l'incarnation même de la loi. Son illégalité était
pourtant évidente. Le 17 décembre 1932, durant le gouvernement Schleicher, le
Reichstag avait voté à la majorité indispensable des deux tiers un amendement à
la Constitution prévoyant que le président de la Haute-Cour de Justice, et non
le chancelier, devrait assumer les fonctions de président jusqu'à ce qu'eussent
lieu de nouvelles élections. Et si l'acte d'Habilitation, qui constituait la
base « légale » de la dictature d'Hitler, donnait au chancelier le droit de
promulguer des lois en désaccord avec la Constitution, il lui interdisait
formellement de modifier l'institution de la présidence.
    Mais qu'importait la loi maintenant? Peu importait à Papen, qui
s'en alla gaiement servir Hitler comme ministre d'Allemagne à Vienne et aplanir
les difficultés soulevées par l'assassinat du chancelier Dollfuss par les
nazis. Peu importait

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