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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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pour toutes les confessions religieuses existant dans
l'État, à condition qu'elles ne représentent pas... un danger pour les
sentiments moraux de la race allemande. Le parti est pour un christianisme
positif. »
    Dans son discours du 23 mars 1933 au Reichstag, quand le corps
législatif de l'Allemagne abandonna ses fonctions au dictateur, Hitler rendit
hommage aux fois chrétiennes, en disant qu'elles étaient « des éléments
essentiels pour la sauvegarde de l'âme du peuple allemand »; il promit de
respecter leurs droits, déclara que son gouvernement « ambitionnait de parvenir
à un accord entre l'Église et l'État » et ajouta — l'œil sur les bulletins de
vote du Parti catholique du Centre, qu'il obtint — « nous espérons améliorer
nos bonnes relations avec le Saint-Siège. »
    Quatre mois plus tard à peine, le 20 juillet, le gouvernement
nazi conclut un concordat avec le Vatican, aux termes duquel il garantissait le
libre exercice de la religion catholique et le droit, pour l'Église, « de
régler ses propres affaires ». Cet accord, signé par Papen pour l'Allemagne et
par monsignor Pacelli, secrétaire d'Etat du pape et futur pape Pie XII, pour le
Vatican, était à peine sur le papier qu'il était violé par le gouvernement
nazi. Mais arrivant comme il le fit, au moment même où les premiers excès du
nouveau régime en Allemagne provoquaient des réactions horrifiées dans le monde
entier, le concordat contribua sans aucun doute à donner au gouvernement
hitlérien un prestige dont il avait grand besoin [64] .
    Le 25 juillet, cinq jours après la ratification du concorda,
le gouvernement allemand promulgua une loi sur la stérilisation, qui offensait
tout particulièrement l'Église catholique. Cinq jours plus tard, des mesures
étaient prises pour dissoudre la Ligue des Jeunesses catholiques. Durant les
années suivantes, des milliers de prêtres catholiques, de religieuses et de
chefs laïques furent arrêtés, nombre d'entre eux sur des accusations forgées de
toutes pièces « d'immoralité » et de « trafic de devises étrangère ». Erich
Klausener, leader de l'Action catholique, fut, comme on l'a vu, assassiné au
cours de la purge du 30 juin 1934. Des dizaines de publications catholiques
furent supprimées, et même la sainteté du confessionnal fut violée par des
agents de la Gestapo.
    Au printemps de 1937, la hiérarchie catholique d'Allemagne, qui,
comme la majorité du clergé protestant, avait commencé par essayer de
collaborer avec le nouveau régime, avait totalement perdu ses illusions. Le 14
mars 1937, Pie XII publia une encyclique, Mit Brennender Sorge (Avec une
Brûlante Douleur), qui accusait le gouvernement nazi d'avoir « éludé » et «
violé » le concordat et d'avoir semé « l'ivraie de la suspicion, de la
discorde, de la haine,  de la calomnie, de l'hostilité fondamentale,
secrète et ouverte, au Christ et à Son Église ». A « l'horizon de l'Allemagne
», le pape voyait « les nuages menaçants des guerres religieuses
destructrices... qui n'ont d'autre but que... l'extermination ».
    Le révérend Martin Niemœller avait personnellement salué avec
satisfaction l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933. Cette année-là avait été
publiée son autobiographie, Du Sous-marin à la Chaire. L'histoire de cet
ancien commandant de sous-marin de la Guerre de 1914-1918, devenu un éminent
pasteur protestant, avait reçu un excellent accueil dans la presse nazie, et
elle était devenue un best-seller. Comme pour nombre de prêtres protestants,
les quatorze années de la République avaient été, pour le pasteur Niemoeller, «
des années d'obscurité (1) », et à la fin de son autobiographie il ajoutait une
note exprimant sa satisfaction que la révolution nazie eût finalement triomphé
et qu'elle eût entraîné cette « renaissance nationale », pour laquelle lui-même
avait si longtemps combattu — pendant un temps — dans le corps franc dont tant
de leaders nazis étaient issus.
    Il ne devait pas tarder à connaître une terrible désillusion.
    Tout comme aux États-Unis, les protestants étaient divisés en
Allemagne. Très peu d'entre eux seulement — 150 000 sur 45 millions —
appartenaient aux diverses Églises libres, telles que les baptistes et les
méthodistes. Le reste se partageait entre vingt-huit Églises luthériennes et
réformées, dont la plus importante était l'Église de la Vieille Union
Prussienne, qui comptait 18 millions de membres.

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