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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Avec l'avènement du national
socialisme, de nouvelles divisions se créèrent au sein des protestants. Les
nazis les plus fanatiques parmi eux organisèrent en 1932 « le Mouvement des
Allemands de foi chrétienne », dont le chef le plus véhément était un certain
Ludwig Mueller, aumônier du district militaire de Prusse-Orientale, partisan
dévoué d'Hitler, qui avait organisé une rencontre entre le Führer et le général von Blomberg quand ce dernier commandait la région. Les «
chrétiens allemands » soutenaient ardemment les doctrines raciales nazies et le
principe de la suprématie allemande et voulaient les voir appliqués à une
Église du Reich, qui réunirait tous les protestants. En 1933, les « chrétiens
allemands » avaient gagné à leur cause environ trois mille pasteurs sur un
total de dix-sept mille, mais leurs partisans laïques représentaient
probablement un pourcentage plus grand de fidèles.
    Il existait un autre groupe minoritaire, opposé à celui des «
chrétiens allemands » et qui s'appelait « l'Église Confessionnelle ». Il
comptait à peu près le même nombre de pasteurs, et il fut finalement dirigé par
Niemœller. Il était opposé à la nazification des Églises protestantes, rejetait
les théories raciales des nazis et dénonçait les doctrines anti-chrétiennes de
Rosenberg et d'autres chefs nazis. Au milieu, il y avait la majorité des
protestants, qui semblaient trop timorés pour rejoindre les rangs d'un des deux
groupes combattants et qui finirent, pour la plupart, par atterrir dans les
bras d'Hitler, acceptant de le voir intervenir dans les affaires de l'Église et
obéissant à ses commandements sans protester ouvertement. Il est difficile de
comprendre le comportement de la plupart des protestants allemands au cours des
premières années du régime nazi si l'on ne connaît pas deux choses : leur
histoire et l'influence de Martin Luther [65] .
    Le grand fondateur du protestantisme était à la fois un
antisémite passionné et un défenseur de l'autorité politique absolue. Il
voulait débarrasser l'Allemagne des Juifs et, quand ceux-ci furent renvoyés, il
conseilla de leur enlever « toute leur fortune, leurs bijoux, leur argent et
leur or » et, de plus, « de mettre le feu à leurs synagogues et à leurs écoles,
de détruire leurs maisons... et de les placer sous un toit ou dans une étable,
comme des bohémiens... dans un état de misère et de captivité, car ils se
lamentent incessamment et se plaignent de nous à Dieu »... conseil qui fut
suivi à la lettre, quatre siècles plus tard, par Hitler, Gœring et Himmler (2).
    Au cours de ce qui fut probablement l'unique révolte populaire
de toute l'histoire allemande, le soulèvement des paysans en 1525, Luther
conseilla aux princes d'adopter les mesures les plus sévères contre les «
chiens enragés », comme il appelait les paysans désespérés et opprimés. Ici,
comme dans ses déclarations contre les Juifs, Luther employait un langage d'une
grossièreté et d'une brutalité inégalées dans l'histoire allemande jusqu'à
l'époque des nazis. L'influence de cette puissante personnalité s'étendit sur
des générations en Allemagne, surtout parmi les protestants. La conséquence,
entre autres, ce fut la facilité avec laquelle le protestantisme allemand
devint l'instrument de l'absolutisme royal et princier depuis le XVIe siècle
jusqu'en 1918, quand les rois et les princes furent renversés. Les monarques
héréditaires et les petits seigneurs devinrent les évêques des Églises protestantes
sur leurs terres respectives. C'est ainsi que le roi Hohenzollern était à la
tête de l'Église de Prusse.
    Dans aucun pays, si ce n'est dans la Russie des tsars, le clergé
ne devint si totalement asservi à l'autorité politique de l'État. Ses membres,
à quelques rares exceptions près, se tenaient solidement derrière le roi, les
junkers et l'armée, et, au cours du XIXe siècle, ils s'opposèrent avec
soumission aux divers mouvements libéraux et démocratiques qui naissaient. La
République de Weimar elle-même était mal vue de la plupart des pasteurs
protestants, non seulement parce qu'elle avait déposé les rois et les princes,
mais parce qu'elle tirait son principal soutien des catholiques et des
socialistes. Pendant les élections du Reichstag, on ne pouvait s'empêcher de
remarquer que le clergé protestant — Niemœller étant un exemple frappant de la
chose — soutenait très ouvertement les

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