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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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nationalistes et même les ennemis nazis
de la République. Tout comme Niemœller, la plupart des protestants saluèrent avec
satisfaction l'avènement d'Adolf Hitler à la Chancellerie en 1933.
    Ils ne devaient pas tarder à faire connaissance avec les
tactiques nazies très rigoureuses qui avaient amené Hitler jusqu'au pouvoir
politique. En juillet 1933, des représentants des Églises protestantes avaient
rédigé une constitution en vue de la création d'une nouvelle « Église du Reich
», et celle-ci fut officiellement reconnue par le Reichstag le 14 juillet.
Aussitôt, une ardente lutte se livra pour l'élection du premier évêque du Reich.
Hitler insista pour que ce haut poste fût confié à son ami, l'aumônier Mueller,
qu'il avait désigné comme son conseiller pour les affaires de l'Église
protestante. Les chefs de la Fédération des Églises proposèrent un
ecclésiastique éminent, le pasteur Friedrich von Bodelschwingh. Mais ils
étaient naïfs.
    Le gouvernement nazi intervint, ordonna la dissolution d'un
certain nombre d'organisations ecclésiastiques provinciales, suspendit
plusieurs grands dignitaires des Églises protestantes, lâcha les S.A. et la
Gestapo sur les prêtres récalcitrants, terrorisa, en fait, tous ceux qui
soutenaient Bodelschwingh. A la veille de l'élection des délégués au synode qui
devait élire l'évêque du Reich, Hitler fit personnellement une allocution à la
radio pour « recommander instamment » l'élection de « chrétiens allemands »,
dont le candidat était Mueller. Ce procédé d'intimidation remporta tout le
succès désiré. Entre-temps, Bodelschwingh avait été contraint de retirer sa
candidature, et les « élections » fournirent une majorité de « chrétiens
allemands », lesquels élirent en septembre, au synode de Wittenberg, là même où
Luther avait pour la première fois défié Rome, Mueller évêque du Reich.
    Mais ce nouveau chef de l'Église, qui était un homme assez
maladroit, ne parvint pas à instituer une Église unifiée ni à nazifier
complètement les congrégations protestantes. Le 13 novembre 1933, le lendemain
du jour où le peuple allemand avait si puissamment soutenu Hitler dans un
plébiscite national, les « chrétiens allemands » organisèrent un grand
rassemblement au Sportpalast de Berlin. Un certain docteur Reinhardt Krause,
chef de la secte dans le district de Berlin, proposa l'abandon de l'Ancien
Testament, « avec ses histoires de marchands de bétail et de proxénètes », et
la révision du Nouveau Testament, de manière que l'enseignement de Jésus «
corresponde entièrement aux demandes du national-socialisme ». Des résolutions
furent rédigées, demandant « Un Peuple, Un Reich, Une Foi », exigeant de tous
les pasteurs qu'ils prêtent un serment de fidélité à Hitler et de toutes les
Églises, qu'elles fussent exclusivement aryennes et excluent les Juifs
convertis. C'en était trop, même pour les protestants timorés qui avaient
refusé de prendre part à la guerre des Églises, et l'évêque Mueller fut
contraint de suspendre le docteur Krause et de le désavouer.
    En réalité, la lutte entre le gouvernement nazi et les Églises
se livrait sur le vieux problème de savoir ce qu'il fallait rendre à César, et
ce qui revenait à Dieu. En ce qui concernait les protestants, la position
d'Hitler était nette : si les « chrétiens allemands » nazis ne parvenaient pas
à amener les Églises évangéliques sous la coupe de l'évêque du Reich Mueller,
le gouvernement lui-même devrait prendre la direction des Églises. Il avait
toujours eu un certain mépris pour les protestants qui, bien qu'en faible
minorité dans son Autriche catholique natale, comprenaient les deux tiers des
Allemands. « On peut faire d'eux ce qu'on veut, confia-t-il un jour à un de ses
collaborateurs. Ils se soumettent.... ce sont de petites gens insignifiants,
soumis comme des chiens, et ils suent de timidité quand on leur parle (3). » Il
se rendait bien compte que cette résistance à la nazification des Églises
protestantes venait d'une minorité de pasteurs et d'une minorité encore plus
faible de fidèles.
    Au début de 1934, le pasteur Niemœller, qui avait bien perdu de
ses illusions, était devenu l'âme de la minorité résistante, tant dans «
l'Église confessionnelle » que dans la Ligue de Défense dés pasteurs. Au Synode
Général de Barmen, en mai 1934, et au cours d'une réunion extraordinaire qui
eut lieu dans

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