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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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recrutaient parmi les éléments nazis les
plus convaincus, s'engageaient pour douze ans et portaient sur leurs tuniques
noires l'insigne familier du crâne et des tibias entrecroisés. Le commandant du
premier détachement à Tête de Mort et le premier commandant du camp de Dachau,
Theodor Eicke, fut mis à la tête de l'ensemble des camps de concentration.
    On ferma les camps provisoires pour en construire de plus
vastes, dont les principaux (jusqu'à la guerre, qui vit leur expansion en
territoire occupé) étaient Dachau, près de Munich, Buchenwald, près de Weimar,
Sachsenhausen, qui remplaça le camp d'Oranienburg tristement célèbre près de
Berlin, Ravensbrueck, dans le Mecklembourg (pour les femmes) et, après
l'occupation de l'Autriche en 1938, Mauthausen, près de Linz — noms qui, avec
ceux d'Auschwitz, de Belsen et de Treblinka, établis par la suite en Pologne,
devaient ne devenir que trop familiers pour la quasi-totalité du monde.
    Dans ces camps, avant que la fin vînt leur apporter la
délivrance, des millions de malheureux furent exécutés et des millions d'autres
soumis à des humiliations et à des tortures plus révoltantes que tout ce qu'un
esprit normal pouvait imaginer. Mais au début — dans les années 30 — la
population des camps de concentration nazis en Allemagne ne compta sans doute
jamais plus de 20 à 30 000 prisonniers à la fois, et nombre des horreurs
inventées et perpétrées plus tard par les hommes d'Himmler étaient encore
inconnues. Les camps d'extermination, les camps d'esclaves, les camps dont les
prisonniers servaient de cobayes aux « recherches médicales » nazies durent
attendre la guerre.
    Ces premiers camps n'étaient pourtant pas à proprement parler
humains. J'ai devant moi un exemplaire du règlement fixé pour Dachau le 1er
novembre 1933 par son premier commandant, Theodor Eicke, qui, quand il devint
chef de tous les camps, leur appliqua ce même règlement.
    Art. 11. Les délinquants suivants, considérés comme
agitateurs, seront pendus : quiconque... fait de la politique, tient des
discours ou des réunions de provocation, forme des cliques, se rassemble avec
les autres détenus; quiconque, dans le but de fournir à la propagande adverse
des récits d'atrocités, recueille des renseignements, vrais ou faux, sur le
camp de concentration, accueille ces renseignements, en discute avec les
autres, les fait parvenir hors du camp entre les mains de visiteurs étrangers,
etc.
    Art. 12. Les délinquants suivants, considérés comme mutins,
seront abattus sur-le-champ ou pendus par la suite : quiconque se sera livré à
des voies de fait sur la personne d'un garde ou d'un S.S., aura refusé d'obéir
ou de travailler en corvée... aura protesté, crié, provoqué ou tenu des discours
tout en marchant ou sur les lieux de travail.
    Des sentences plus bénignes de deux semaines de cachot et de
vingt-cinq coups de fouet frappaient « quiconque se sera livré à des remarques
désobligeantes, dans une lettre ou dans tout autre document, sur les chefs
nationaux socialistes, sur l'État, le gouvernement... (ou bien) aura glorifié
les chefs marxistes ou libéraux des anciens partis démocratiques ».
    Avec la Gestapo collaborait le Service de Sécurité, le Sicherheitsdienst ,
ou S.D., autre groupe d'initiales qui devait mettre la terreur au cœur de tous
les Allemands, et plus tard des peuples occupés. Créé à l'origine par Himmler
en 1932 pour être le service de renseignements des S.S., et placé par lui sous
la direction de Reinhard Heydrich, qui devait s'acquérir par la suite une
réputation internationale sous le nom de « Heydrich le bourreau », il avait
pour fonction initiale de surveiller les membres du parti et de signaler toute
activité suspecte. En 1934, il devint aussi le service de renseignements de la
police secrète, et en 1938 une nouvelle loi étendit cette fonction à l'ensemble
du Reich.
    Sous la main experte de Heydrich, ancien officier de
renseignements de la marine cassé par l'amiral Raeder en 1931 à l'âge de
vingt-six ans pour avoir refusé d'épouser la fille d'un armateur qu'il avait
compromise, le S.D. ne tarda pas à déployer son réseau sur l'ensemble du pays,
employant quelque 100 000 informateurs à mi-temps, qui avaient pour consigne
d'espionner tous les citoyens du pays et de signaler la plus infime remarque ou
activité estimée hostile au régime nazi. Personne — personne de raisonnable —
ne disait ni ne faisait rien que

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