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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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qui l'on
avait demandé de fournir un tampon d'affranchissement pour le nouveau service,
proposa qu'on l'appelât Geheime Staats polizei, simplement « Police Secrète
d'État » — en abrégé GESTAPO — créant ainsi sans s'en douter un nom dont
l'énoncé même allait inspirer la terreur, d'abord à l'intérieur, puis à
l'extérieur de l'Allemagne.
    Au début, la Gestapo n'était guère plus qu'un instrument personnel
de terreur employé par Gœring pour arrêter et assassiner les adversaires du
régime. Ce ne fut qu'en avril 1934, quand Gœring nomma Himmler sous-chef de la
police secrète prussienne, que la Gestapo commença à se développer en tant que
bras des S.S. et, sous le génie inspiré de son nouveau chef, l'ancien
aviculteur aux manières douces mais au caractère sadique et sous celui de
Reinhard Heydrich, un jeune homme à l'esprit diabolique (20), qui était à la
tête du Service de Sécurité S.S., ou S.D. ( Sicherheitsdienst ), à devenir
un tel fléau, avec droit de vie et de mort sur tous les Allemands.
    Dès 1935, la Cour suprême d'Administration prussienne, sous la
pression des nazis, avait décrété que les décisions et les actions de la
Gestapo n'étaient pas sujettes à examen judiciaire. La loi fondamentale de la
Gestapo, promulguée par le gouvernement le 10 février 1936, plaça
l'organisation de la police secrète au-dessus de la loi. Les tribunaux
n'avaient le droit d'intervenir d'aucune façon dans ses activités. Comme
l'expliqua le docteur Werner Best, un des bras droit d'Himmler à la Gestapo : «
Dès l'instant que la police exécute la volonté du gouvernement, elle agit
légalement (21). »
    Un manteau de « légalité » fut conféré aux arrestations et aux
incarcérations arbitraires dans les camps de concentration. Cela s'appelait Schutzhaft ou « Surveillance Protectrice », et cette surveillance s'exerçait d'après la
loi du 28 février 1933 qui, comme on l'a vu, suspendait les clauses de la
constitution garantissant les libertés civiles. Mais la surveillance
protectrice ne protégeait pas un homme de tout accident, comme c'était le cas
dans des pays plus civilisés. Elle consistait à le punir en le mettant derrière
des barbelés.
    Les premiers camps de concentration poussèrent comme des
champignons durant la première année d'Hitler au pouvoir. A la fin de 1933, il
y en avait une cinquantaine, tenus principalement par les S.A. pour administrer
à leurs victimes une bonne rossée, puis pour exiger de leur famille ou de leurs
amis la rançon le plus élevée possible. Il s'agissait essentiellement d'une
forme rudimentaire de chantage. Parfois, pourtant, les prisonniers étaient
assassinés, généralement par pur sadisme. Au procès de Nuremberg, il fut fait
mention de quatre affaires de ce genre qui eurent lieu au printemps 1933 dans
le camp de concentration S.S. de Dachau, près de Munich. Dans chaque cas, un
prisonnier avait été tué de sang-froid, l'un par flagellation, l'autre par
strangulation. Même le procureur général de Munich protesta.
    Comme, après la Purge sanglante de juin 1934, il n'y avait plus
de résistance au régime nazi, nombre d'Allemands s'imaginèrent que les
arrestations massives et l'emprisonnement de milliers de personnes dans les
camps de concentration allaient prendre fin. Le soir de Noël 1933, Hitler avait
annoncé une amnistie pour 27 000 prisonniers des camps, mais Gœring et Himmler
ne suivirent pas ses instructions, et quelques prisonniers seulement furent en
fait libérés. Ensuite Frick, qui était ministre de l'Intérieur, avait essayé,
en avril 1934, de mettre un frein aux abus des nazis en promulguant des décrets
confidentiels restreignant, l'usage des arrestations au titre de la Schutzhaft et réduisant les assignations à des camps de concentration, mais Himmler
l'avait persuadé de laisser cela. Le Führer des S.S. comprenait mieux que le
ministre que le but des camps de concentration n'était pas seulement de punir
les ennemis, du régime, mais, par leur existence même, de terroriser le peuple
allemand et de l'empêcher d'envisager même une résistance quelconque au régime
nazi.
    Peu après la purge Rœhm, Hitler remit aux S.S. le contrôle des
camps de concentration, et ceux-ci entreprirent de les organiser avec
l'impitoyable efficacité que l'on pouvait attendre de ce corps d'élite. La
garde en fut exclusivement confiée aux unités à la Tête de Mort ( Totenkopf
Verbœnde ), dont les membres se

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