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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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possibilité de conspiration
contre lui.
    C'est ainsi qu'il semblait ravi de voir trois hommes rivaliser
entre eux dans le domaine de la politique étrangère : Neurath, le ministre des
Affaires étrangères; Rosenberg, le chef du Département des Affaires étrangères
du parti, et Ribbentrop, lequel avait son propre « bureau Ribbentrop », qui se
mêlait de politique étrangère. Les trois hommes étaient à couteaux tirés, et
Hitler les entretint dans ces dispositions en conservant leurs services rivaux
jusqu'au moment où il finit par choisir Ribbentrop pour devenir son ministre
des Affaires étrangères et exécuter ses ordres en matière de politique
extérieure.
    Tel était donc le gouvernement du Troisième Reich, administré du
haut en bas de l'échelle suivant le prétendu principe du commandement par les
élites, par une vaste bureaucratie tentaculaire, qui ne faisait guère montre de
l'efficacité qu'on accorde d'ordinaire aux Allemands, une bureaucratie pourrie
par les pots-de-vin, harcelée par une confusion perpétuelle et par d'âpres
rivalités encore accrues par les interventions inopportunes des potentats du
parti, et souvent réduite à l'impuissance par la terreur qu'inspiraient les S.S.
et la Gestapo.
    Au sommet de l'édifice grouillant siégeait l'ancien vagabond
autrichien, devenu maintenant le plus puissant dictateur sur terre après
Staline. Comme le rappela le docteur Hans Frank à un congrès d'avocats au
printemps 1936, « il n'y a aujourd'hui en Allemagne qu'une seule autorité, et
c’est l'autorité du Führer (23) ».
    Grâce à cette autorité, Hitler avait rapidement anéanti ceux qui
s'opposaient à lui, il avait unifié et nazifié l'État, enrégimenté les
institutions et la culture du pays, supprimé la liberté individuelle, aboli le
chômage et remis en marche les rouages de l'industrie et du commerce : ce qui
n'était pas si mal après seulement trois ou quatre ans au pouvoir. Il allait
maintenant se consacrer — en fait, il se consacrait déjà — aux deux grandes
passions de sa vie : orienter la politique étrangère de l'Allemagne vers la
guerre et la conquête, et créer une puissante machine militaire qui lui
permettrait de parvenir à son but.
    Le moment est venu maintenant d'étudier, grâce à une documentation
plus abondante qu'on n'en possède sur aucun autre personnage de l'histoire
moderne, comment cet homme extraordinaire, à la tête d'une si grande et si
puissante nation, entreprit d'arriver à ses fins.

LIVRE III
VERS LA GUERRE

9 -
LES PREMIERS PAS (1934-1937)
    Parler de paix, préparer secrètement la guerre, tout en agissant
avec assez de prudence en matière de politique étrangère et de réarmement
clandestin pour éviter une action préventive de la part des puissances
signataires du traité de Versailles, telle fut la tactique adoptée par Hitler
pendant les deux premières années.
    Il commit pourtant une lourde erreur en faisant assassiner le
chancelier Dollfuss à Vienne, le 25 juillet 1934. A midi, ce jour-là, 154 membres des S.S. Standarte 89, revêtus d'uniformes militaires
autrichiens, firent irruption dans les locaux de la Chancellerie fédérale et
tirèrent presque à bout portant sur Dollfuss, qui fut blessé à la gorge. Non
loin de là, d'autres nazis s'emparaient de la station de radio et annonçaient
que Dollfuss avait démissionné. Quand il apprit la nouvelle, Hitler assistait à
une représentation de L'or du Rhin , au festival annuel de Bayreuth. Il
manifesta une vive agitation. Friedlinde Wagner, petite-fille du grand
compositeur, qui se trouvait à proximité, dans la loge réservée à la famille
Wagner, fut témoin de cette émotion. Elle a raconté par la suite que deux
officiers, les capitaines Schaub et Brueckner, recevaient à tout moment les
nouvelles de Vienne par le téléphone installé dans l'antichambre de sa loge et
à voix basse les communiquaient à Hitler.
    Après la représentation, le Führer se montra fort
surexcité. Cet état d'exaltation augmenta encore lorsqu'il nous fit part des
horribles nouvelles... Quoiqu'il ne réussît qu'avec peine à masquer la joie qui
éclatait sur son visage, Hitler, au restaurant, commanda soigneusement le
dîner, comme d'habitude.
    « Il faut bien me montrer une heure, dit-il, ou les gens
s'imagineront que je suis mêlé à cette affaire! »
    Ils ne se seraient guère trompés. Dans le premier paragraphe de Mein
Kampf , Hitler, on s'en souvient, déclarait que la réunion

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