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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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professeurs d'université, détestaient
cordialement le régime de Weimar et, dans leurs décisions,
comme beaucoup le pensèrent, ils avaient écrit la page la plus noire de la vie
de la République allemande, contribuant ainsi à sa chute. Mais, du moins, sous
la constitution de Weimar, les juges étaient-ils
indépendants, soumis seulement à la loi, protégés contre toute révocation
arbitraire et tenus en tout cas théoriquement, par l'article 109, de
sauvegarder l'égalité devant la loi. La plupart d'entre eux avaient été des
sympathisants du national-socialisme, mais ils ne s'attendaient guère au
traitement qui allait être le leur quand les nazis seraient au pouvoir.
    La loi des fonctionnaires du 7 avril 1933 fut étendue à tous les
magistrats et ne tarda pas à débarrasser les services judiciaires non seulement
des Juifs, mais de ceux dont le nazisme était contestable, ou comme le
stipulait la loi, « qui donnaient la preuve de n'être plus disposés à
intervenir à tout moment en faveur de l'état national socialiste ». Bien sûr,
peu de juges se trouvèrent éliminés par cette loi, mais ils s'entendirent
rappeler où était leur devoir. Pour être bien sûr qu'ils avaient compris, le
docteur Hans Frank, commissaire à la Justice, et chef du Droit du Reich,
déclara aux juristes en 1936 : « L'idéologie nationale socialiste est le
fondement de toutes les lois fondamentales, notamment telle qu'elle est exposée
dans le programme du parti et dans les discours du Führer. » Le docteur Frank
poursuivit :
    L'indépendance de la loi n'existe pas en face du
national-socialisme. A chaque décision que vous prenez, dites-vous : « Comment
le Führer trancherait-il à ma place ?» A chaque décision, demandez-vous : «
Cette décision est-elle compatible avec la conscience nationale socialiste du
peuple allemand? » Vous aurez ainsi une base solide qui, alliée à l'unité de
l'État du Peuple national socialiste et à la conscience que vous avez de la nature
éternelle de la volonté d'Adolf Hitler, vous conférera dans votre propre sphère
de décision l'autorité du Troisième Reich, et ce pour toujours (17).
    Cela semblait assez clair, de même qu'une nouvelle loi sur les
fonctionnaires de l'année suivante (26 janvier 1937), qui prévoyait la
révocation de tous les fonctionnaires, juges compris, pour « opinions
politiques douteuses ». En outre, tous les juristes furent contraints d'adhérer
à la Ligue des Juristes nationaux socialiste allemands, où on leur faisait
souvent des conférences dans l'esprit des propos de Frank.
    Certains juges, malgré tous leurs sentiments antirépublicains,
ne suivirent pas avec assez d'empressement la ligne du parti. Un certain nombre
d'entre eux au moins voulurent fonder leurs jugements sur la loi. Un des pires
exemples de cette attitude, du point de vue nazi, ce fut la décision prise par
le Reichsgericht , la Cour suprême d'Allemagne, d'acquitter d'après les
preuves fournies trois des quatre accusés communistes dans le procès sur l'incendie
du Reichstag en mars 1934. (Seul Van der Lubbe, le Hollandais à demi idiot qui
avait avoué, fut reconnu coupable.)
    Cette décision mit Hitler et Gœring dans une fureur telle qu'un
mois plus tard, le 24 avril 1934, le droit de juger les affaires de trahison,
qui jusqu'alors avait été sous la juridiction exclusive de la Cour suprême, fut
retiré à cette auguste institution et transféré à un nouveau tribunal, le Volksgerichtshof ,
le Tribunal du Peuple, qui devint bientôt le tribunal le plus redouté du pays.
Il comprenait deux juges professionnels et cinq autres choisis parmi les cadres
du parti, les S.S. et les forces armées, si bien que ces derniers avaient la
majorité aux voix. Les décisions et les sentences de ce tribunal étaient sans
appel et il siégeait ordinairement à huis clos. De temps en temps pourtant, à
des fins de propagande, quand on devait prononcer des peines relativement
légères, les correspondants étrangers étaient invités à assister aux séances.
    C'est ainsi que l'auteur de ces lignes suivit un jour un procès
devant le tribunal du peuple en 1935. Cela le fit songer à une cour martiale
improvisée plutôt qu'à un procès au tribunal civil. Tout fut réglé en une
journée, la défense n'avait pratiquement pas la possibilité de citer des
témoins (si d'aucuns avaient osé comparaître pour défendre quelqu'un accusé de
« trahison »), et les arguments des avocats de la

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