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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'on pût interpréter comme « anti-nazis » sans
s'être assuré d'abord que ces propos n'étaient pas captés par des microphones
dissimulés par le S.D., ou surpris par un agent du S.D. Votre fils, votre père,
votre femme, votre cousin, votre meilleur ami, votre patron ou votre secrétaire
pouvait être un sbire à la solde de Heydrich, on ne savait jamais, et, si l'on
était prudent, on ne prenait jamais rien pour argent comptant.
    Les espions à plein temps au service du S.D. ne dépassèrent sans
doute jamais 3 000 vers les années trente, et la plupart d'entre eux se
recrutaient dans les rangs de jeunes intellectuels désaxés : étudiants d'université
incapables de trouver des situations convenables ou une place stable dans une
société normale. Aussi régnait-il toujours parmi ces espions professionnels une
bizarre atmosphère de pédantisme. Ils portaient un intérêt grotesque à des
problèmes comme l'étude de l'archéologie teutonique, des crânes des races
inférieures et de l'eugénisme d'une race de seigneurs.
    Un observateur étranger éprouvait quelque difficulté à avoir des
contacts avec ces personnages bizarres, bien que Heydrich lui-même, un homme
arrogant, glacial et dur, se montrât parfois dans une boîte de nuit berlinoise,
escorté de quelques-uns de ses jeunes sbires blonds. Non seulement ils
évitaient la publicité en raison de la nature même de leurs activités, mais, en
1934 et en 1935 du moins, parce qu'un certain nombre d'entre eux qui avaient
espionné Rœhm et ses complices des S.A. furent descendus par une organisation
secrète qui s'intitulait « les Vengeurs de Rœhm » et qui prenait grand soin
d'épingler cette étiquette sur les cadavres.
    Une des tâches intéressantes, bien que secondaire, du S.D.,
était de découvrir qui votait « non » aux plébiscites d'Hitler. Parmi les
nombreux documents de Nuremberg se trouve un rapport secret du S.D. de Kochem
sur le plébiscite du 10 avril 1938:
    Ci-inclus liste des personnes qui ont voté « non » ou dont
les bulletins ont été reconnus nuls à Kappel. Voici comment a été effectué le
contrôle : certains membres du comité électoral ont numéroté tous les
bulletins. Durant le scrutin, on a dressé la liste des votants. Les bulletins
ont été remis suivant l'ordre numérique, ce qui a permis par la suite... de
découvrir les personnes qui ont voté « non » ou qui ont remis des bulletins
nuls. Le numérotage a été fait au verso du bulletin avec du lait écrémé.
Ci-inclus également le bulletin du pasteur protestant Alfred Wolfers (22). »
    Le 16 juin 1936, pour la première fois dans l'histoire
allemande, une police unifiée était créée pour l'ensemble du Reich — la police
jusqu'alors avait été organisée séparément par chacun des États — et Himmler
fut désigné comme chef de la police allemande. Cela revenait à placer la police
entre les mains des S.S. qui, depuis la répression de la « révolte » de Rœhm en
1934, avaient vu leurs pouvoirs s'accroître rapidement. Ils étaient devenus non
seulement la garde prétorienne, non seulement le seul service armé du Parti,
non seulement l'élite où l'on choisissait les futurs chefs de la nouvelle
Allemagne, mais ils possédaient maintenant le pouvoir policier. Le Troisième
Reich, processus inévitable dans le développement de toutes les dictatures
totalitaires, était devenu un État policier.

LE GOUVERNEMENT DU TROISIEME REICH
    Bien que la République de Weimar fût détruite, la Constitution
de Weimar ne fut jamais officiellement abrogée par Hitler. Bien mieux — et par
une ironie du sort — Hitler fonda la « légalité » de son régime sur la
constitution républicaine si méprisée. C'est ainsi que des milliers de lois
promulguées par décret — il n'y en avait pas d'autres dans le Troisième Reich —
s'appuyaient explicitement sur le décret présidentiel d'urgence du 28 février
1933 pour la Protection du Peuple et de l'État, que Hindenburg avait signé en
vertu de l'article 48 de la Constitution. On n'a pas oublié que le vieux
président fut pratiquement forcé de signer le décret le lendemain de l'incendie
du Reichstag, lorsque Hitler lui assura qu'il y avait grave danger de
révolution communiste. Le décret, qui suspendait tous les droits du citoyen,
demeura en vigueur pendant toute la durée du Troisième Reich, permettant au
Führer de gouverner grâce à une sorte de loi martiale continue.
    La loi d'Habilitation

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