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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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défense, qui étaient des
nazis « qualifiés », semblaient ridiculement faibles. On avait l'impression, à
lire les journaux qui se contentaient de publier les verdicts, que la plupart
des malheureux accusés étaient condamnés à la peine de mort, bien que ce ne fût
pas le cas le jour où j'étais là. Aucune statistique ne fut jamais publiée,
mais pourtant, en décembre 1940, Roland Freisler, le président si redouté du
tribunal du peuple (qui fut tué pendant la guerre lorsqu'une bombe américaine
tomba sur son tribunal au cours d'un procès), prétendit que « 4 pour 100
seulement des accusés étaient condamnés à mort ».
    Créé encore plus tôt que le sinistre tribunal du peuple, le Sondergericht ,
le Tribunal spécial, retira aux tribunaux ordinaires les affaires de crimes
politiques ou, comme le précisa la loi du 21 mars 1933 instituant cette
nouvelle juridiction, les cas d'« attaques insidieuses contre le gouvernement
». Les tribunaux spéciaux comprenaient trois juges, qui devaient invariablement
être de loyaux membres du parti, et pas de jury. Un procureur nazi avait le
choix, dans les affaires de ce genre, entre faire juger les accusés devant un
tribunal ordinaire ou devant le Tribunal spécial, et invariablement il
choisissait la seconde solution, pour des raisons évidentes.
    Les avocats de la défense devant ce tribunal, comme devant le Volksgerichtshof ,
devaient être approuvés par les chefs nazis. Parfois, même s'ils étaient
approuvés, cela ne leur réussissait pas mieux. Ainsi, les avocats qui voulurent
représenter la veuve du docteur Klausener, le leader d'Action catholique
assassiné durant la Purge sanglante, dans sa demande de dommages et intérêts à
l'État, furent emmenés au camp de concentration de Sachsenhausen, où on les garda jusqu'au jour où ils renoncèrent officiellement à
poursuivre leur action en justice.
    Hitler, et pendant quelque temps Gœring, avait le droit
d'étouffer un procès. Dans les documents publiés à Nuremberg (18), il fut fait
mention d'une affaire où le ministre de la Justice recommandait de poursuivre
un haut fonctionnaire de la Gestapo et un groupe d'hommes des S.A., convaincus
sans le moindre doute, estimait-il, d'avoir infligé les plus affreuses tortures
aux prisonniers d'un camp de concentration. Il envoya le dossier à Hitler. Le Führer ordonna d'arrêter les poursuites. Gœring aussi, au début,
avait ce pouvoir. Un jour d'avril 1934, il fit interrompre les poursuites
intentées contre un homme d'affaires fort connu. On ne tarda pas à apprendre
que l'accusé avait versé à Gœring quelque 3 millions de marks. Comme le fit
remarquer plus tard Gerhard F. Kramer, un éminent avocat berlinois du temps : «
Il était impossible de déterminer si Gœring avait fait chanter l'industriel ou
si celui-ci avait versé un pot-de-vin au Premier ministre de Prusse (19). » Ce
qui est sûr, en tout cas, c'est que Gœring étouffa l'affaire.
    D'un autre côté, Rudolf Hess, adjoint du Führer, avait
autorité pour prendre « des mesures impitoyables » contre les accusés qui, à
son avis, s'en tiraient avec des peines trop légères. Un relevé de toutes les
sentences frappant les gens accusés d'avoir attaqué le parti, le Führer ou l'État, était adressé à Hess qui, s'il estimait le châtiment trop
doux, pouvait prendre les mesures « impitoyables » prévues. Cela consistait
généralement à expédier la victime dans un camp de concentration ou à la faire
descendre.
    Parfois, il faut le dire, les juges du Sondergericht faisaient montre d'un certain esprit d'indépendance et même de
respect du droit. Dans ces cas-là, Hess ou la Gestapo intervenaient. Ainsi, on
l'a vu, quand le pasteur Niemœller fut acquitté par le tribunal spécial des
principaux chefs d'accusation portés contre lui et condamné seulement à une
brève peine de prison, qu'il avait déjà purgée en attendant le procès, la
Gestapo l'enleva au moment où il quittait la salle d'audience et l'expédia dans
un camp de concentration.
    Car la Gestapo, comme Hitler, était également la loi. Elle avait
été instituée à l'origine pour la Prusse par Gœring, le 26 avril 1933, pour
remplacer le département 1 A de l'ancienne police politique prussienne. Il
comptait d'abord la désigner simplement sous le nom de Bureau de la police
secrète (Geheimes Polizei Amt), mais les initiales allemandes G.P.A.
ressemblaient trop à la G.P.U. russe. Un obscur employé des postes, à

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