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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de s'apercevoir que leurs sourires masquaient une certaine nervosité... Je me
heurtai au général von Blomberg... Il me parut livide, ses joues étaient
agitées de tics (21).
    Cette nervosité n'était pas sans cause. Le ministre de la
Défense, qui, cinq jours plus tôt, avait rédigé de sa propre main l'ordre
d'avancer, perdait son sang-froid. Le lendemain, j'appris qu'il avait donné
l'ordre à ses troupes de repasser le Rhin si les Français leur opposaient
quelque résistance. Mais les Français ne bougèrent pas. François-Poncet a écrit
qu'à la suite de l'avertissement donné par lui au mois de novembre précédent,
le haut-commandement français avait demandé au gouvernement quelle serait son
attitude au cas où les événements prouveraient que l'ambassadeur avait raison.
Le gouvernement, fut-il répondu, porterait l'affaire devant la Société des
Nations (22). En réalité, le jour où Hitler déclencha l'opération [72] ,
ce fut le gouvernement français qui voulut agir et le général Gamelin qui
hésita : « Le général Gamelin, déclare François-Poncet, avait émis l'avis
qu'une opération de guerre, même limitée, comportait des risques imprévisibles
et que, par conséquent, elle ne pouvait être entreprise sans qu'il fût procédé
à la mobilisation générale (23). »
    Tout ce que consentait à faire le général Gamelin, chef
d'état-major général — et ce qu'il fit d'ailleurs — ce fut de concentrer treize
divisions près de la frontière allemande, mais uniquement pour renforcer la
ligne Maginot. Cette seule mesure suffit pour jeter la panique au sein du
Haut-Commandement allemand. Blomberg, soutenu par Jodl et par la plupart des
officiers de haut rang, voulait rappeler les trois bataillons qui avaient
traversé le Rhin. Jodl a affirmé à Nuremberg : « Étant donné la situation où
nous nous trouvions, les troupes françaises de couverture auraient pu nous
mettre en pièces (24). »
    Elles auraient pu le faire, et dans ce cas, c'eût été presque
certainement la fin d'Hitler. L'histoire aurait alors pris une tournure toute
différente et plus favorable, car le dictateur n'aurait pas survécu à un tel
fiasco. Hitler lui-même l'a reconnu : « Si nous avions été battus, avoua-t-il
plus tard, c'eût été un effondrement (25).» En la circonstance — et le fait
devait se reproduire plus d'une fois à des moments décisifs — ce fut Hitler,
grâce à ses nerfs d'acier, qui sauva la situation et qui, déjouant les
prévisions des généraux rétifs, assura le succès de l'affaire. Mais il eut à
passer des moments difficiles.
    Son interprète Paul Schmidt l'entendit raconter plus tard : «
Pendant les quarante-huit heures qui suivirent l'entrée en Rhénanie, mes nerfs
furent mis à rude épreuve, plus qu'à aucun autre moment de ma vie. Si les
Français avaient alors pénétré en Rhénanie, nous aurions été contraints de nous
retirer l'oreille basse, car les ressources militaires dont nous disposions
auraient été totalement insuffisantes pour permettre une résistance, même de
courte durée (26). »
    Persuadé que les Français ne marcheraient pas, il écarta
brutalement les suggestions du Haut-Commandement, très irrésolu, qui
envisageait le retrait des troupes. Le général Beck, chef d'état-major général,
aurait voulu que le Führer atténuât au moins le coup en déclarant qu'il ne
fortifierait pas la zone ouest du Rhin, mais, selon Jodl, Hitler rejeta cette
proposition avec brusquerie — pour d'excellentes raisons, nous le verrons
bientôt (27). Hitler devait dire plus tard au général von Rundstedt que la
retraite envisagée par Blomberg n'était rien de moins qu'une lâcheté (28).
    « Que se serait-il passé, s'écria Hitler, au cours d'une réunion
intime avec ses compères au quartier général, le soir du 27 mai 1942, en
évoquant le coup de force de Rhénanie, si tout autre que moi avait été à la
tête du Reich! Je vous défie de me citer quelqu'un qui n'aurait pas perdu la
tête. J'étais obligé de mentir et, ce qui nous a sauvés, ce fut mon entêtement
invincible et mon aplomb stupéfiant (29)! »
    C'était vrai, mais il faut aussi rappeler qu'il fut aidé non
seulement par les hésitations des Français, mais par l'inertie de leurs alliés
britanniques. Le ministre des Affaires étrangères français, Pierre-Étienne
Flandin, se rendit à Londres en avion le 11 mars et pria le gouvernement
britannique de soutenir la France en prenant,

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