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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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en même temps qu'elle, des
mesures militaires en Rhénanie pour riposter à l'Allemagne. Son appel demeura
vain. La Grande-Bretagne ne voulait pas courir le risque d'une guerre, bien que
les Alliés possédassent sur l'Allemagne une supériorité écrasante.
    Comme le dit alors Lord Lothian : « Après tout, les Allemands ne
font que récupérer l'arrière-cour de leur maison. » Le 9 mars, avant même
l'arrivée à Londres du ministre français, Anthony Eden, devenu depuis décembre
ministre des Affaires étrangères, avait dit à la Chambre des Communes : «
L'occupation de la Rhénanie par la Reichswehr porte un coup sévère au principe
de la sainteté des traités. Heureusement, ajoutait-il, il n'y a aucune raison
de supposer que la présente action de l'Allemagne comporte une menace
d'hostilités (30). »
    Et pourtant, aux termes du traité de Locarno, la France était en
droit de prendre des mesures militaires contre la présence des troupes
allemandes dans la zone démilitarisée, et la Grande-Bretagne était obligée, par
ce traité, d'apporter à son alliée l'appui de ses forces armées. Les
conversations avortées de Londres confirmaient Hitler dans la conviction qu'il
avait réussi son dernier coup de dés.
    Non seulement les Britanniques se dérobaient devant le risque de
guerre, mais cette fois encore ils prenaient au sérieux la dernière édition des
« propositions de paix » d'Hitler. Dans les notes remises le 7 mars aux trois
ambassadeurs, de même que dans son discours au Reichstag, Hitler avait offert
de signer avec la Belgique et la France un pacte de non-agression d'une durée
de vingt-cinq ans, qui serait garanti par la Grande-Bretagne et l'Italie, de
conclure des pactes semblables avec les voisins de l'Allemagne à l'est,
d'accepter la démilitarisation des deux côtés de la frontière franco-allemande
et enfin d'entrer à nouveau à la S.D.N. On aurait pu juger de sa sincérité par
le seul fait qu'il proposait de démilitariser les deux côtés de la frontière
franco-allemande : une telle mesure, en effet, aurait obligé la France à
détruire la ligne Maginot, sa dernière protection contre une attaque allemande
lancée par surprise.
    A Londres, le digne Times , tout en déplorant l'invasion
précipitée de la Rhénanie par Hitler, titrait ainsi son éditorial : « Une
occasion de reconstruire. » Avec le recul du temps, il est aisé de voir que le
coup de dés réussi par Hitler en Rhénanie lui apporta une victoire plus
écrasante et plus lourde de conséquences qu'on ne pouvait s'en rendre compte
sur le moment. En Allemagne, ce coup d'audace renforça sa popularité [73] et son pouvoir, les portant à un point qu'aucun chef d'État allemand n'avait
jamais connu dans le passé.
    Ce coup assurait son ascendant sur les généraux, qui avaient
hésité et faibli dans un moment critique, alors que lui-même avait tenu bon; il
leur apprenait qu'en matière de politique étrangère et même en ce qui
concernait les affaires militaires, son jugement était supérieur au leur. Ils
avaient craint que les Français ne voulussent se battre, mais, lui, il savait à
quoi s'en tenir. Par dessus tout, l'occupation de la Rhénanie, si peu
importante qu'elle fût en tant qu'opération militaire, ouvrait la voie — comme
seul Hitler et seul aussi Churchill en Angleterre semblent l'avoir compris — à
d'incalculables conséquences dans une Europe qui, non seulement en fut
ébranlée, mais où la situation stratégique se trouva modifiée de façon
irrévocable, parce que trois bataillons allemands avaient défilé sur les ponts
du Rhin.
    Il est également facile de voir, avec le recul du temps, que
l'attitude adoptée par la France et la Grande-Bretagne, dont l'une ne repoussa
pas les bataillons de la Wehrmacht, tandis que l'autre refusait de soutenir son
alliée dans l'accomplissement de cette simple opération de police, fut pour
l'Ouest un premier désastre d'où découlèrent tous les suivants, d'une ampleur
bien plus grande. En mars 1936, les deux démocraties occidentales avaient là
une dernière chance de stopper, sans risquer un conflit de grande envergure,
l'essor d'une Allemagne totalitaire, militarisée et agressive. Du même coup —
nous avons vu qu'Hitler le reconnaissait — l'occasion leur était offerte de
provoquer la chute du dictateur nazi et de son régime. Elles laissèrent
échapper cette chance.
    Pour la France, ce fut le commencement de la fin. Ses alliées de
l'Est —

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