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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'Angleterre, et
il qualifiait de tentative absurde son désir de supplanter les Britanniques
dans le domaine de la puissance navale.
    Avec une naïveté et un empressement incroyables, le gouvernement
anglais mordit à l'hameçon. Ribbentrop, devenu pour Hitler une sorte de garçon
de courses qu'il envoyait faire ses commissions à l'étranger, fut invité à
venir à Londres en juin, pour discuter des questions maritimes. Vaniteux,
totalement dépourvu de tact, il déclara aux Britanniques que les propositions
d'Hitler n'avaient pas à être débattues : il fallait les accepter ou les
rejeter, en bloc. Les Anglais les acceptèrent. Sans consulter leurs alliées du
front de Stresa, la France et l'Italie, qui, étant elles aussi des puissances
navales, se préoccupaient fort de voir l'Allemagne réarmer et faire fi des
clauses militaires stipulées à Versailles, sans même informer la S.D.N.,
chargée en principe de veiller à la stricte observation des traités de 1919,
ils entreprirent d'annuler les restrictions navales imposées à Versailles,
persuadés qu'ils tireraient de cette suppression un avantage personnel.
    Car, à Berlin, les esprits les plus simples ne pouvaient manquer
de se rendre compte qu'en autorisant l'Allemagne à construire une flotte
représentant un tiers de la flotte britannique, le gouvernement de Londres
laissait en réalité à Hitler toute latitude pour créer, aussi vite qu'il lui
serait matériellement possible, une marine de guerre, pour laquelle ses
chantiers navals et ses aciéries devraient travailler à plein rendement pendant
au moins dix ans. Loin d'imposer à l'Allemagne une limitation de son armement,
cet accord l'encourageait au contraire à l'accroître, dans le domaine naval,
aussi vite qu'elle trouverait moyen de le faire.
    Ajoutant l'insulte au préjudice déjà causé à la France, le
gouvernement britannique, pour tenir la promesse faite à Hitler, refusa de
révéler à sa plus intime alliée le type et le nombre des navires que la
Grande-Bretagne autorisait l'Allemagne à construire; elle consentit seulement à
lui faire savoir que le tonnage des sous-marins allemands (dont la construction
était formellement interdite par le Traité de Versailles) s'élèverait à 60 pour
100 de celui des Britanniques et, si des circonstances exceptionnelles venaient
à se produire, cette proportion pourrait être portée à 100 pour 100. En fait,
l'accord anglo-allemand autorisait les Allemands à construire 5 cuirassés dont
le tonnage et l'armement seraient supérieurs à ceux des unités britanniques
actuellement à la mer, bien que les chiffres officiels eussent été falsifiés
pour abuser Londres (13), ainsi que 21 croiseurs et 64 destroyers. Tous
n'étaient pas construits ou achevés quand la guerre éclata, mais ils étaient
cependant assez nombreux pour faire subir à l'Angleterre, avec l'aide des
U-boot, de lourdes pertes au cours des premières années de la seconde guerre
mondiale.
    Mussolini releva comme il convenait la « perfidie d'Albion ».
Deux partenaires pouvaient donc jouer à ce jeu qui consistait à apaiser Hitler.
De plus, l'attitude cynique de l'Angleterre, qui passait outre au Traité de
Versailles, l'encourageait à croire que, s'il violait le pacte de la S.D.N.,
Londres pourrait bien ne pas prendre la chose trop au sérieux. Le 3 octobre
1935, au mépris de ce pacte, ses armées envahirent l'antique royaume montagneux
d'Abyssinie. A l'instigation de la Grande-Bretagne, la S.D.N., appuyée sans
enthousiasme par la France, qui comprenait que l'Allemagne constituait une bien
plus grande menace pour l'avenir, vota aussitôt des sanctions. Mais ce ne
furent que des sanctions partielles, timidement imposées. Elles n'empêchèrent
pas Mussolini de vaincre l'Éthiopie, mais elles détruisirent l'amitié qui
unissait l'Italie fasciste à la Grande-Bretagne et à la France, abattant du
même coup le front créé à Stresa contre l'Allemagne nazie.
    A qui donc, en définitive, ces événements devaient-ils surtout
profiter si ce n'est à Adolf Hitler? Le 4 octobre, au lendemain de l'invasion
italienne, je passai la journée à la Wilhelmstrasse, à m'entretenir avec des
membres du parti ou des personnages officiels. Les réflexions que je notai ce
soir-là dans mon journal montrent que les Allemands avaient jugé, vite et bien,
la situation :
    A la Wilhelmstrasse, on est enchanté. Ou bien Mussolini va
trébucher et se trouver en si mauvaise posture en Afrique que

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