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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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contraire, c'est-à-dire si les Français ripostaient, le commandant en
chef se réservait « le droit de décider les contre-mesures militaires qui
s'imposeraient (18) ». En fait, comme je l'appris six jours plus tard (ce
détail sera d'ailleurs confirmé par les témoignages des généraux allemands à
Nuremberg), Blomberg savait déjà ce que seraient ces contre-mesures : elles
consisteraient à battre en retraite et à repasser le Rhin au plus vite (19)!
    Mais, cela, les Français l'ignoraient. Leur pays était déjà
paralysé par les luttes intérieures et la population sombrait dans le
défaitisme. A l'aube du 7 mars, une petite colonne symbolique de troupes
allemandes défilait sur les ponts du Rhin et pénétrait dans la zone
démilitarisée [71] .
    A dix heures du matin, von Neurath, le complaisant ministre
des Affaires étrangères, convoqua les ambassadeurs de France, de
Grande-Bretagne et d'Italie, pour leur communiquer les nouvelles de Rhénanie et
leur remettre une note officielle dénonçant le pacte de Locarno, qu'Hitler
venait de rompre, mais il leur soumettait, d'autre part, de nouvelles
propositions de paix! « Hitler frappe son adversaire en plein visage, remarque
ironiquement François-Poncet, et dans le même instant il lui dit : « Je vous
propose la paix (20). »
    Deux heures plus tard, d'ailleurs, le Führer était à la tribune
du Reichstag, exposant devant un auditoire en délire son désir de paix et ses
conceptions les plus récentes sur les moyens à employer pour la maintenir. Je
m'étais rendu à l'Opéra Kroll pour assister à ce spectacle que je n'oublierai
jamais, car il était à la fois fascinant et effroyable. Après une longue
harangue sur les funestes conséquences du Traité de Versailles et sur les
dangers du bolchévisme, Hitler annonça tranquillement que le pacte conclu entre
la France et la Russie rendait caduc le traité de Locarno qui, au contraire de
celui de Versailles, avait été signé librement par l'Allemagne. Le soir même,
je notai dans mon journal la scène qui suivit :
    L'Allemagne ne se considère plus comme liée par le traité
de Locarno (a dit Hitler). Dans l'intérêt des droits essentiels de son peuple à
la sécurité de ses frontières et à la sécurité de sa défense, le gouvernement
allemand a rétabli, à partir d'aujourd'hui, la souveraineté du Reich, absolue
et sans restriction, dans la zone démilitarisée!
    A ce moment les 600 députés, tous nommés personnellement
par Hitler, petits hommes aux corps épais, à l'encolure massive, au crâne
tondu, bedonnants, vêtus d'uniformes bruns et chaussés de lourdes bottes... se
lèvent d'un bond comme des automates, le bras droit levé dans le geste du salut
fasciste et hurlent des « Heil! », Hitler lève la main pour demander le
silence... D'une voix profonde, sonore, il prononce : « Hommes du Reichstag
allemand! » Le silence est total.
    « En cette heure historique, alors que, dans les provinces
de l'Ouest, les troupes allemandes pénètrent, à cette minute même, dans leurs
futures garnisons du temps de paix, nous nous unissons pour prononcer tous
ensemble deux serments sacrés. »
    Il ne peut aller plus loin. L'assemblée des «
parlementaires » vient d'apprendre de sa bouche que les soldats allemands sont
déjà en train de pénétrer en Rhénanie. Le vieux militarisme allemand dont ils
sont imbus leur monte à la tête. Ils se dressent brusquement, vociférant et
poussant des cris. La main levée dans un geste de salut servile, le visage
tordu par une sorte de délire, la bouche grande ouverte, ils crient, ils crient
éperdument, leurs regards brûlants de fanatisme fixés sur le nouveau dieu, le
Messie. Le Messie joue magnifiquement son rôle. Tête baissée, comme écrasé
d'humilité, il attend patiemment que le silence se rétablisse. Puis sa voix,
encore sourde, mais étranglée d'émotion, prononce les deux serments :
    « Nous jurons d'abord de ne céder à aucune force, quelle
qu'elle soit, qui voudrait nous empêcher de restaurer l'honneur de notre
peuple... En second lieu, nous prenons l'engagement de lutter maintenant, plus
que jamais, pour l'établissement d'une entente entre les peuples d'Europe,
surtout avec nos voisins occidentaux... Nous n'avons aucune exigence
territoriale à formuler en Europe!... L'Allemagne ne rompra jamais la paix! »
    Un long moment s'écoula avant que ne s'apaisent les
vivats... Quelques généraux se dirigèrent vers la sortie. On ne pouvait

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