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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Russie, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie et Yougoslavie —
découvrirent soudain que la France ne repousserait pas par les armes une
agression allemande pour préserver le système de sécurité que le gouvernement
français lui-même avait pris l'initiative d'édifier si laborieusement. Mais il
y avait plus. Ces alliées de l'Est commencèrent à se rendre compte que, même si
la France n'était pas aussi apathique, elle ne serait bientôt plus capable de
leur apporter un réel secours, étant donné que l'Allemagne construisait
fiévreusement un mur de l'Ouest, à l'arrière de la frontière franco-allemande.
    Ils le voyaient bien, la construction de cette ligne fortifiée
allait rapidement changer à leur détriment la carte stratégique de l'Europe.
Ils ne pouvaient guère espérer qu'une France qui n'osait pas, avec ses cent
divisions, repousser trois bataillons allemands, verserait le sang de sa
jeunesse pour s'emparer de fortifications allemandes imprenables, tandis que la
Wehrmacht attaquerait à l'est. Mais, même si l'inattendu se produisait, ce
serait en vain. Dorénavant, les Français ne pourraient immobiliser à l'ouest
qu'une petite partie de l'armée allemande en voie de développement. Le reste de
cette armée serait disponible pour se battre contre les voisins de l'Allemagne
à l'est.
    William Bullitt, ambassadeur des U.S.A. en France, eut la
révélation de l'extrême importance des fortifications rhénanes dans la
stratégie hitlérienne lors d'une visite qu'il fit au ministre allemand des
Affaires étrangères à Berlin, le 18 mai 1936.
    Von Neurath m'a dit, écrivait Bullitt dans son rapport au
Département d'Etat, que la politique du gouvernement allemand consiste à
n'entreprendre aucune action décisive en matière de politique étrangère « avant
que la Rhénanie n'eût été digérée ». Il voulait dire par là, m'expliqua-t-il,
que, jusqu'au jour où les fortifications allemandes seraient construites le
long des frontières française et belge, le gouvernement allemand, loin
d'encourager un mouvement nazi en Autriche, ferait tout son possible pour le
prévenir et entretiendrait avec la Tchécoslovaquie des rapports de bon
voisinage : « Dès que nos fortifications seront construites et que les pays
d'Europe centrale se rendront compte que la France ne peut pénétrer en
territoire allemand quand bon lui semblera, tous ces pays songeront à réviser
leur politique étrangère, et une nouvelle coalition se formera (31).
    Ces prévisions ne tardèrent pas à se réaliser.
    Le docteur Schuschnigg a raconté dans ses mémoires :
    Comme je me tenais sur la tombe de mon prédécesseur
(Dollfuss, le chancelier assassiné), je compris que, pour sauver l'indépendance
de l'Autriche, il me fallait adopter désormais une politique d'apaisement... Il
importait d'éviter tout ce qui pouvait fournir à l'Allemagne un prétexte pour
intervenir et il fallait tout faire pour obtenir d'une manière quelconque
qu’Hitler tolérât le statu quo (32).
    Le jeune chancelier d'Autriche nouvellement élu avait été
réconforté par la déclaration faite publiquement par Hitler devant le
Reichstag, le 21 mai 1935, selon laquelle « l'Allemagne n'avait ni l'intention
ni le désir de se mêler des affaires intérieures de l'Autriche, de l'annexer ou
de conclure un Anschluss ». D'autre part il s'était senti rassuré quand, à
Stresa, l'Italie, la France et la Grande-Bretagne avaient affirmé à nouveau
leur détermination de tout mettre en œuvre pour sauvegarder l'indépendance de
l'Autriche. Par la suite, Mussolini, le principal protecteur de l'Autriche
depuis 1933, était allé s'embourber en Abyssinie et avait rompu avec la France
et la Grande-Bretagne.
    Quand les Allemands pénétrèrent en Rhénanie et entreprirent d'y
construire des fortifications, le docteur Schuschnigg comprit qu'il fallait
donner des apaisements à Hitler. En vue de conclure un nouveau traité, il
entama des négociations avec von Papen, l'astucieux ministre d'Allemagne à
Vienne. Bien qu'il eût failli être assassiné par les nazis lors de l'épuration
de juin 1934, il n'avait cessé, dès son arrivée en Autriche, à la fin de l'été
1934, après l'assassinat de Dollfuss, de tout mettre en œuvre pour saper
l'indépendance de l'Autriche et permettre ainsi au chef du Reich de s'emparer
de son pays natal : « Le national-socialisme doit vaincre la nouvelle idéologie
autrichienne et il y réussira », avait-il écrit à Hitler le

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