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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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27 juillet 1935 en
lui rendant compte de sa première année de service à Vienne (33).
    Les termes de l'accord austro-allemand, tel qu'il fut rendu
public, semblaient témoigner de la part d'Hitler une générosité et une
tolérance inaccoutumées. L'Allemagne y réaffirmait sa reconnaissance de la
souveraineté de l'Autriche et renouvelait sa promesse de ne pas intervenir dans
les affaires intérieures de sa voisine. En retour l'Autriche s'engageait à se
conformer, en matière de politique étrangère, au principe selon lequel elle se
considérait comme « un Etat germanique ».
    Mais le traité comportait aussi des clauses secrètes (34) par
lesquelles Schuschnigg faisait des concessions qui allaient le conduire à sa
perte — et son pays avec lui. Il consentait à amnistier les prisonniers
politiques en Autriche et à nommer des représentants de la soi-disant «
opposition nationale » (euphémisme désignant les nazis ou les sympathisants
nazis) à des postes de « responsabilité politique ». C'était permettre à Hitler
de construire en Autriche un Cheval de Troie. On verrait bientôt s'y glisser un
homme de loi viennois, Seyss-Inquart, qui jouera un rôle assez important dans
la suite de l'histoire.
    Von Papen avait soumis à l'approbation d'Hitler le texte du
traité; il s'était même rendu personnellement à Berlin à cet effet, au début de
juillet. Cependant le Führer entra dans une violente
colère contre son envoyé quand celui-ci lui téléphona le 16 juillet pour lui
annoncer que l'accord était signé.
    La réaction d'Hitler me remplit d'étonnement, écrivit plus
tard von Papen. Au lieu d'exprimer sa satisfaction, il m'accabla de reproches.
Je l'avais abusé, prétendait-il, amené à faire des concessions exagérées...
C'était un véritable guet-apens (35).
    L'avenir devait prouver que le guet-apens était tendu contre
Schuschnigg et non pas contre Hitler.
    La signature du traité austro-allemand prouvait bien que
Mussolini avait cessé d'exercer son emprise sur l'Autriche. On aurait pu
s'attendre à ce que les relations entre les deux dictateurs fascistes
devinssent dès lors moins bonnes. Ce fut exactement le contraire qui arriva,
par suite des événements qui, en cette année 1936, firent le jeu d'Hitler.
    Le 2 mai 1936, les forces italiennes pénétrèrent dans
Addis-Abeba capitale de l'Abyssinie. Le 4 juillet, la S.D.N. capitulait et
annulait ses sanctions contre l'Italie. Quinze jours plus tard, le 16 juillet,
en Espagne, Franco prenait la tête d'un soulèvement militaire. La guerre civile
commençait.
    Selon sa coutume à cette époque de l'année, Hitler suivait les
représentations du festival Wagner à Bayreuth. Le soir du 22 juillet, à son
retour du théâtre, un homme d'affaires allemand, venu du Maroc, accompagné du
chef nazi local, arriva à Bayreuth porteur d'une lettre urgente de Franco. Le
chef rebelle demandait une assistance militaire, en particulier des avions.
Hitler convoqua aussitôt Gœring et le général von Blomberg, qui se trouvaient
justement à Bayreuth et, le soir même, la décision fut prise de soutenir la
rébellion espagnole (36).
    Certes, l'aide accordée par l'Allemagne à Franco demeura
toujours moins considérable que celle de l'Italie, qui lui envoya de 60 à 70
000 hommes, ainsi que d'importantes fournitures (armes et avions). Elle fut
cependant considérable. Les Allemands estimèrent par la suite qu'ils avaient
dépensé dans cette aventure un demi-milliard de marks (37), sans compter la
fourniture d'avions et de chars, ainsi que le concours de techniciens et de
l'unité d'aviation appelée Légion Condor, qui se distingua en anéantissant la
ville espagnole de Guernica et toute la population civile. Comparé au réarmement
massif de l'Allemagne elle-même, ce n'était pas grand-chose, mais l'opération
rapporta de gros dividendes à Hitler.
    Elle entraînait pour la France l'établissement, sur ses
frontières, d'une troisième puissance fasciste hostile; elle exaspérait la
violence des luttes intestines entre la droite et la gauche françaises,
affaiblissant du même coup la principale rivale de l'Allemagne à l'ouest. Et
surtout elle rendait impossible le rapprochement avec l'Italie, que les
gouvernements de Paris et de Londres avaient espéré réaliser après la fin des
hostilités en Abyssinie, jetant ainsi Mussolini dans les bras d'Hitler.
    Dès le début, le Führer avait mené à l'égard de l'Espagne une
politique astucieuse,

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