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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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soigneusement calculée et clairvoyante. Il suffit de
parcourir les documents allemands saisis après la guerre pour s'apercevoir
qu'il entrait dans les intentions d'Hitler de prolonger la guerre civile
espagnole, pour entretenir la discorde entre les démocraties occidentales et
l'Italie, ce qui aurait pour effet d'attirer à lui Mussolini [74] .
    Dès le mois de décembre 1936, Ulrich von Hassell, l'ambassadeur
d'Allemagne à Rome, qui ne possédait pas encore la connaissance profonde des
buts et des méthodes nazis, qu'il acquit par la suite et qui devait lui coûter
la vie, écrivait à la Wilhelmstrasse :
    Le conflit espagnol pourrait jouer dans les relations de
l'Italie avec la France et l'Angleterre le même rôle que la guerre d'Abyssinie,
en montrant avec évidence que les véritables intérêts des Puissances sont
opposés à ceux de l'Italie, empêchant même celle-ci de se laisser attirer dans
les filets des puissances occidentales pour servir à leurs machinations. La
lutte qui se livre actuellement pour une influence politique dominante en
Espagne révèle l'opposition naturelle existant entre l'Italie et la France; en
même temps, l'Italie entre en compétition avec la Grande-Bretagne en tant que
puissance en Méditerranée occidentale. L'Italie n'en reconnaîtra que mieux la
nécessité d'affronter les Puissances occidentales côte à côte avec l'Allemagne
(39).
    Telles furent les circonstances qui présidèrent à la naissance
de l'Axe Rome-Berlin. Le 24 octobre, à la suite de plusieurs entretiens avec
Neurath à Berlin, le comte Galeazzo Ciano, gendre de
Mussolini et ministre des Affaires étrangères, entreprit le premier de ses
nombreux pèlerinages à Berchtesgaden. Il trouva le dictateur allemand d'humeur
cordiale et expansive. Hitler lui déclara que Mussolini était « le premier
homme d'État du monde, auquel nul ne pouvait se comparer, même de loin ».
Ensemble, l'Italie et l'Allemagne seraient capables de vaincre non seulement le
bolchévisme, mais les puissances de l'ouest, y compris l'Angleterre! Hitler
pensait que les Britanniques chercheraient éventuellement à s'entendre avec une
Italie et une Allemagne unies. Sinon les deux puissances, agissant de concert,
pourraient aisément venir à bout d'elle : « Le réarmement allemand et italien,
rappela Hitler à Ciano, se poursuit avec une rapidité à
laquelle ne peuvent parvenir les Anglais... D'ici trois ans, l'Allemagne sera
prête (40)... »
    Précision intéressante. Trois ans plus tard, ce serait l'automne
de 1939.
    Le 21 octobre, Ciano et Neurath avaient
signé à Berlin un protocole secret définissant une politique étrangère commune
pour l'Allemagne et l'Italie. Dans un discours prononcé à Milan quelques jours
plus tard, le 1er novembre, Mussolini fit publiquement allusion à cet accord,
sans en révéler le contenu; il constituait, dit-il, un « axe », autour duquel
les autres puissances européennes « pourraient travailler ensemble ». Le mot
allait devenir célèbre — mais fatal pour le Duce.
    Maintenant qu'il avait pris Mussolini dans ses filets, Hitler
tourna son attention d'un autre côté. En août 1936, il avait nommé Ribbentrop
ambassadeur d'Allemagne à Londres, en le chargeant d'étudier la possibilité de
conclure un accord avec l'Angleterre — aux conditions fixées par lui.
Incompétent et paresseux, orgueilleux comme un paon, arrogant et dépourvu de
tout humour, Ribbentrop était fort mal choisi pour occuper un tel poste, et
Gœring s'en rendait bien compte : « Quand j'ai allégué que Ribbentrop ne
possédait pas les aptitudes nécessaires pour traiter les problèmes
britanniques, devait-il déclarer par la suite, le Führer me fit observer que
Ribbentrop connaissait Lord ceci et cela et tel ou tel ministre. A quoi je
répondis : « Oui, mais l'ennui c'est qu'eux aussi connaissent Ribbentrop (41)!
»
    Il est exact que Ribbentrop, si peu sympathique qu'il fût,
n'était pas sans avoir à Londres des amis influents. Parmi eux, croyait-on à
Berlin, se trouvait Mrs Simpson, l'amie du roi. Mais les premiers résultats des
efforts de Ribbentrop furent décourageants et, en novembre, il reprit l'avion
pour Berlin, afin d'y conclure certaines affaires auxquelles il s'était trouvé
mêlé et qui n'avaient rien à voir avec la politique britannique. Le 25
novembre, il signa avec le Japon le pacte anti-Komintern, par lequel,
déclara-t-il sans sourciller aux correspondants de presse (dont je faisais
partie),

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