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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'Allemagne et le Japon venaient de s'allier pour défendre la
civilisation occidentale .
    En apparence, ce pacte semblait n'être qu'une manœuvre de
propagande grâce à laquelle l'Allemagne et le Japon s'assureraient un appui
mondial en exploitant l'aversion universelle contre le communisme et la
méfiance générale inspirée par le Komintern. Mais ce traité aussi comportait un
protocole secret, spécialement dirigé contre la Russie. En cas d'attaque non
provoquée de l'Union soviétique contre l'Allemagne ou le Japon, les deux
nations convenaient de se consulter sur les mesures à prendre « pour la
sauvegarde de leurs intérêts communs » et aussi « de ne prendre aucune mesure
susceptible d'être favorable à l'Union soviétique ». Il était également entendu
que les deux nations ne concluraient avec la Russie aucun traité politique
contraire à l'esprit du pacte, sans consentement mutuel (42).
    L'Allemagne ne devait guère tarder à rompre cet accord et à
accuser le Japon — de manière injustifiable, d'ailleurs — de ne pas l'observer.
Mais le pacte servit cependant certaines fins de propagande auprès des jobards,
si nombreux dans ce monde, et il réunit pour la première fois les trois peuples
agresseurs et mal nantis. L'Italie, en effet, le signa l'année suivante.
    Le 30 janvier 1937, Hitler, parlant devant le Reichstag, proclamait
que « l'Allemagne annulait la signature apposée par elle au bas du traité de
Versailles », geste vain, mais bien significatif, puisque le traité était
désormais complètement caduc, et il passait orgueilleusement en revue les
résultats de ses quatre années de pouvoir. Orgueil bien pardonnable, car
c'était un bilan impressionnant, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il avait,
nous l'avons vu, supprimé le chômage, suscité une vague de prospérité dans les
affaires, créé une armée, une flotte et une aviation puissantes, dotées
d'armements considérables, et dont la construction devait se poursuivre sur une
vaste échelle.
    Sans l'aide de personne il avait détruit les chaînes du traité
de Versailles et, par un coup de bluff, occupé la Rhénanie. Complètement isolé
au début, il avait trouvé deux alliés fidèles en la personne de Mussolini
d'abord, puis de Franco, et il avait détaché la Pologne de la France. Et, ce
qui était peut-être plus important encore, il avait déclenché l'énergie
dynamique du peuple allemand, réveillé sa confiance en la grandeur de la nation
et son sens de la mission de l'Allemagne, redevenue une grande puissance
mondiale en expansion.
    Le contraste était évident entre cette nouvelle Allemagne,
prospère, martiale, hardiment gouvernée, et les démocraties décadentes de
l'Ouest, dont le désarroi et les hésitations semblaient croître de mois en
mois. En dépit de leurs alarmes, la Grande-Bretagne et la France n'avaient pas
fait un geste pour empêcher Hitler de violer le traité de paix en réarmant l'Allemagne
et en réoccupant la Rhénanie; elles s'étaient montrées incapables d'arrêter
Mussolini en Abyssinie. Et maintenant, alors que s'ouvrait l'année 1937, elles
faisaient piètre figure en esquissant des gestes vains pour empêcher
l'Allemagne, et l'Italie de déterminer l'issue de la guerre civile en Espagne.
    Chacun savait de quelle manière l'Italie et l'Allemagne
agissaient en Espagne pour assurer la victoire de Franco. Pourtant les
gouvernements de Londres et de Paris continuèrent, pendant des années, à engager
de vaines négociations diplomatiques avec Berlin et Rome pour assurer « la
non-intervention » en Espagne. Ce jeu semble avoir amusé le dictateur allemand
et il accrut certainement son mépris pour les chefs politiques timorés de
France et de Grande-Bretagne, « de petits vers », dirait-il bientôt d'eux dans
une circonstance historique, où il humilia à nouveau les deux démocraties
occidentales avec la plus grande désinvolture.
    Ni la Grande-Bretagne ni la France (pas plus le gouvernement que
le peuple) ni d'ailleurs la majorité du peuple allemand, ne semblaient se
rendre compte, en ce début de 1937, que presque toute l'œuvre réalisée par
Hitler au cours de ces quatre premières années conduisaient à la guerre.
Jusqu'au 1er septembre 1939, je puis en témoigner d'après mes observations
personnelles, le peuple allemand demeura convaincu qu'Hitler obtiendrait ce
qu'il désirait — et ce que le peuple allemand lui-même désirait — sans avoir
recours à la guerre.

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