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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'impressionna visiblement. Une foule énorme — un
million de personnes — était massée au Champ de Mai pour entendre les discours
des deux dictateurs fascistes. Mussolini, s'exprimant en allemand, fut
transporté de joie par les applaudissements assourdissants et par les paroles
flatteuses d'Hitler. Le Führer déclara que le Duce « était l'un de ces hommes
uniques, comme il s'en trouve au cours des siècles, que l'Histoire ne fait pas,
mais qui font eux-mêmes l'Histoire ».
    Je me souviens qu'un orage violent éclata avant que Mussolini
eût achevé son discours; dans la confusion qui s'ensuivit, tandis que la foule
s'égaillait, les barrages de sécurité établis par les S.S. se rompirent et
l'orgueilleux Duce, trempé jusqu'aux os et en piteux état, fut contraint de
regagner seul et du mieux qu'il put son quartier général. Mais cette aventure
fâcheuse n'affaiblit en rien l'enthousiasme de Mussolini, fier d'être le
partenaire de cette puissante Allemagne nouvelle, et le lendemain, après avoir
passé en revue des détachements de l'armée, de la marine et de l'aviation, il
revint à Rome convaincu que son avenir était aux côtés d'Hitler.
    On ne saurait donc s'étonner si, un mois plus tard, quand
Ribbentrop se rendit à Rome pour que Mussolini pût apposer sa signature au bas
du pacte anti-Komintern, cérémonie qui eut lieu le 6 novembre, le Duce
l'avertit que l'Italie ne s'intéressait plus guère à l'indépendance de
l'Autriche : « Que les événements (en Autriche) suivent leur cours naturel »,
dit Mussolini. C'était le signal qu'Hitler attendait.
    Un autre chef d'État commençait lui aussi à être impressionné
par la puissance croissante du gouvernement nazi. Quand Hitler viola le traité
de Locarno, et, à la suite de l'occupation de la Rhénanie, installa des troupes
allemandes à la frontière belge, le roi Léopold déclara que son pays n'était
plus lié par le pacte de Locarno, dénonça son alliance avec la Grande-Bretagne
et la France et déclara que désormais la Belgique adopterait une attitude de
stricte neutralité. C'était là un coup funeste porté à la défense collective de
l'Ouest, mais, en avril 1937, la Grande-Bretagne et la France acceptèrent cette
décision, qu'elles n'allaient pas tarder à payer cher, ainsi d'ailleurs que la
Belgique elle-même.
    A la fin de mai, la Wilhelmstrasse avait vu avec intérêt Stanley
Baldwin quitter son poste de premier ministre pour être remplacé par Neville
Chamberlain. Les Allemands apprirent avec plaisir que le nouveau Premier
ministre prendrait à la direction des affaires étrangères une part plus active
que son prédécesseur et qu'il était résolu à parvenir, si possible, à un accord
avec l'Allemagne nazie. Un mémorandum secret, en date du 10 novembre, rédigé
par le baron von Weizsaecker, alors à la tête du département politique du
ministère des Affaires étrangères, montre sous quelle forme un tel accord eût
paru acceptable à Hitler :
    Nous voulons que l'Angleterre nous accorde des colonies et
pleine liberté d'action dans l'Est... Les Anglais ont un grand besoin de
tranquillité... Il serait profitable de découvrir quel prix l'Angleterre serait
disposée à payer pour obtenir cette tranquillité (45).
    L'occasion de savoir quel prix paierait l'Angleterre se présenta
en novembre, quand Lord Halifax, approuvé avec enthousiasme par M. Chamberlain,
fit le pèlerinage de Berchtesgaden. Le 19 novembre, il eut avec Hitler une
importante conversation et, dans le long mémorandum secret rédigé à ce sujet
par le ministère allemand des Affaires étrangères (46), trois points principaux
se dégagent : Chamberlain désirait vivement conclure un arrangement avec
l'Allemagne. La Grande-Bretagne souhaitait un règlement général en Europe, en
échange de quoi elle était prête à accorder des concessions à Hitler au sujet
des colonies et de l'Europe orientale; pour le moment Hitler ne s'intéressait
guère à la conclusion d'un accord anglo-allemand.
    Étant donné l'issue plutôt négative des entretiens, les
Allemands trouvaient surprenant que les Britanniques eussent l'air d'y voir
matière à encouragement [77] .
Le gouvernement britannique, lui, aurait été beaucoup plus surpris encore s'il
avait eu connaissance d'une rencontre ultra-secrète qui s'était tenue à Berlin
entre Hitler, ses chefs militaires et son ministre des Affaires étrangères,
exactement quatorze jours avant sa conversation avec Lord

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