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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Et
Schuschnigg reprit, sans la moindre ironie, semble-t-il : « En ce moment,
l'état du monde semble plein de promesses, ne trouvez-vous pas (13) ? »
    Un tel propos, en un pareil moment, semble vraiment incroyable,
mais c'est le chancelier vaincu lui-même qui nous dit l'avoir tenu. Hitler lui
réservait encore une humiliation nouvelle. Schuschnigg ayant proposé qu'il soit
dit, dans le communiqué remis à la presse, que leur entretien confirmait
l'accord de juillet 1936, Hitler s'écria : « Oh! non, il faut d'abord que vous
remplissiez les conditions de notre accord. Voici en quels termes sera rédigé
le communiqué à la presse : « Aujourd'hui, le Führer chancelier
du Reich s'est entretenu au Berghof avec le chancelier
d'Autriche. C'est tout. »
    Déclinant l'invitation du Führer qui les
priait de rester à dîner, Schuschnigg et Schmidt redescendirent vers Salzbourg. La nuit était grise et brumeuse. Papen,
qui semblait être toujours partout, les accompagna jusqu'à la frontière,
quelque peu gêné par ce qu'il appelle « un silence oppressant ». Il ne put
s'empêcher de le rompre pour tenter de réconforter ses amis autrichiens.
    « Eh bien, s'écria-t-il, vous avez vu comment peut être le Führer! Mais, la prochaine fois, je suis sûr que ce sera tout
différent. Vous savez, il lui arrive de se montrer tout à fait charmant ! [91] »

UNE AGONIE DE QUATRES SEMAINES:
12 FEVRIER – 11 MARS 1938
    Hitler avait accordé à Schuschnigg un délai de quatre jours —
jusqu'au mardi 15 février — pour lui envoyer la « réponse définitive » par
laquelle il s'engagerait à souscrire à l'ultimatum, et trois jours de plus,
jusqu'au 18 février, pour le mettre à exécution. Schuschnigg regagna Vienne le
12 février au matin et se rendit immédiatement auprès du président Miklas.
Wilhelm Miklas était un homme à l'esprit lourd et médiocre, dont les Viennois disaient
que sa principale capacité dans la vie avait consisté à engendrer toute une
nichée d'enfants. Mais il était doué d'une sorte de solidité paysanne et au
cours de cette crise, après une carrière de fonctionnaire qui durait depuis
cinquante-deux ans, il devait montrer plus de courage qu'aucun autre
Autrichien. Il consentit à faire certaines concessions à Hitler, telles que
l'amnistie des nazis autrichiens, mais il regimba devant l'obligation de placer
Seyss-Inquart à la tête de la police et de l'armée. Von Papen ne manqua pas de rapporter la chose à Berlin, le soir du 14 février. Il
ajouta que Schuschnigg « espérait vaincre dès demain la résistance du Président
».
    Le même soir, à sept heures trente, Hitler approuvait l'ordre,
donné par le général Keitel, d'exercer une pression militaire sur l'Autriche :
    Répandre nouvelles fausses, mais parfaitement plausibles,
susceptibles d'aboutir à des préparatifs militaires contre l'Autriche (14).
    En réalité, Schuschnigg était à peine parti de Berchtesgaden que
le Führer commençait à simuler une action militaire,
pour s'assurer que le Chancelier autrichien se conformerait aux ordres qui lui
avaient été donnés. Jodl a noté les détails dans son journal.
    13 février . —Dans l'après-midi, le général
(Keitel) demande à l'amiral (Canaris [92] )
et à moi-même de venir dans son appartement. Le Führer, nous dit-il, a donné
des ordres pour qu'en simulant une action militaire la pression exercée sur
l'Autriche soit maintenue jusqu'au 15. Des préparatifs en vue de l'exécution de
ces mesures sont rédigés et soumis par téléphone à l'approbation du Führer.
    14 février . — L'effet a été rapide et considérable.
En Autriche, les gens ont l'impression que l'Allemagne entreprend d'importants
préparatifs militaires (15).
    Le général Jodl n'exagérait pas. Devant la menace de l'invasion
armée, le président Miklas céda et, le 15 février, dernier jour de grâce,
Schuschnigg avisa officiellement l'ambassadeur von Papen que
les accords de Berchtesgaden seraient exécutés avant le 18. Le 16 février, le
gouvernement autrichien annonça une amnistie générale en faveur des nazis, y
compris ceux qui avaient été reconnus coupables du meurtre de Dollfuss, et il
rendit publique la composition du cabinet remanié, dans lequel Arthur
Seyss-Inquart était nommé ministre de la Sûreté. Le lendemain, celui-ci se
précipita à Berlin pour rencontrer Hitler et lui demander ses ordres.
    Seyss-Inquart, le premier des Quisling, était un jeune homme de
loi viennois,

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