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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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intelligent et de manières agréables, qui, depuis 1918, brûlait
du désir de voir l'Autriche s'unir à l'Allemagne. Cette idée séduisait bon
nombre d'Autrichiens dans les années d'après-guerre. Le 12 novembre 1918, au
lendemain même de l'armistice, l'Assemblée nationale provisoire de Vienne, qui
venait de renverser la monarchie des Habsbourg et de proclamer la république
autrichienne, avait tenté de réaliser un Anschluss en affirmant que «
l'Autriche allemande était une partie composante de la République allemande ».
    Les alliés victorieux s'y étaient opposés et, en 1933, au moment
où Hitler prit le pouvoir, les Autrichiens étaient sans aucun doute hostiles en
majorité à la réunion de leur petite patrie avec l'Allemagne nazie. Mais, comme
Seyss-Inquart l'a déclaré au Procès de Nuremberg, les nazis étaient farouches
partisans d'un Anschluss; c'est pourquoi il leur accorda son appui. Il ne
s'affilia toutefois pas au parti et ne prit aucune part à ses excès et à ses
brutalités. Il fournit, au contraire, aux nazis autrichiens une sorte de façade
respectable et, après l'accord de juillet 1936, quand il fut nommé conseiller
d'État, il consacra tous ses efforts, aidé par von Papen et par d'autres
fonctionnaires et agents allemands, à agir par des voies souterraines.
    Chose étrange, Schuschnigg et Miklas semblent l'un et l'autre
avoir eu confiance en lui jusqu'au bout. Par la suite Miklas, dévot catholique
comme Schuschnigg, avoua avoir été favorablement impressionné par le fait que
Seyss-Inquart « fréquentait assidûment l'église ». Son catholicisme et le fait
qu'il avait servi, comme Schuschnigg, dans un régiment de Kaiser-jaeger (chasseurs impériaux) tyrolien pendant la première guerre, au cours de laquelle
il fut grièvement blessé, semblent avoir motivé la confiance que lui accordait
le chancelier d'Autriche.
    Malheureusement, Schuschnigg était incapable de juger un homme
en se fondant sur des raisons plus profondes. Peut-être croyait-il possible de
mettre au pas son nouveau ministre nazi par le simple recours à des
pots-de-vin. Il parle dans son livre de l'effet magique produit par l'octroi de
500 dollars, un an plus tôt, quand Seyss-Inquart, après avoir menacé de quitter
son poste de conseiller d'État, se ravisa au reçu de cette somme misérable.
Mais Hitler avait de plus grosses récompenses à faire miroiter aux yeux de
l'ambitieux homme de loi et Schuschnigg n'allait pas tarder à l'apprendre.
    Le 20 février, Hitler prononça devant le Reichstag le discours
attendu depuis longtemps. Prévu d'abord pour le 30 janvier, il avait été remis
en raison de l'affaire Blomberg-Fritsch et des manœuvres entreprises contre
l'Autriche. Tout en louant en termes chaleureux la « compréhension » dont avait
fait preuve Schuschnigg et la « cordiale bonne volonté » avec laquelle il
s'efforçait d'établir une entente plus étroite entre l'Autriche et l'Allemagne
— fumisterie qui fit impression sur le Premier Ministre Chamberlain — le Führer
lançait un avertissement qui, s'il ne fut pas entendu à Londres, le fut
aussitôt à Vienne et à Prague :
    Plus de 10 millions d'Allemands vivent dans deux des États
qui ont une frontière commune avec nous... Il est un point sur lequel je ne
veux laisser subsister aucun doute : la séparation politique d'avec le Reich ne
saurait impliquer la privation des droits — c'est-à-dire les droits généraux de
l'auto-détermination. Pour une puissance mondiale, il est intolérable de savoir
qu'à ses côtés des frères de race subissent à chaque instant les plus cruelles
souffrances parce qu'ils se sentent solidaires de la nation tout entière, en
union avec elle, avec sa destinée et son Weltanschauung . C'est au Reich
allemand de protéger les peuples germaniques qui ne sont pas en mesure
d'assurer, par leur propre effort, le long de nos frontières, leur liberté
politique et spirituelle (16).
    C'était faire savoir, publiquement, crûment, qu'aux yeux
d'Hitler l'avenir des 7 millions d'Autrichiens et des 3 millions d'Allemands
des Sudètes, en Tchécoslovaquie, était l'affaire du Troisième Reich.
    Schuschnigg répondit à Hitler quatre jours plus tard, le 24
février, dans un discours au Bundestag autrichien, dont les membres, comme ceux
du Reichstag allemand, étaient choisis par un régime dictatorial à parti
unique. Tout en se montrant soucieux de ne pas heurter l'Allemagne, Schuschnigg
assura avec force que

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