Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
demande : le droit (que le chancelier avait déjà accordé aux
nazis) d'avoir leur parti politique et de prêcher librement leur doctrine.
Schuschnigg accepta, mais il était trop tard.
    Le 3 mars, le général Jodl, toujours bien informé, notait dans
son journal : « La question autrichienne devient critique. Cent officiers vont
être envoyés ici. Le Führer désire les voir
personnellement. Ils seront chargés de veiller non pas à ce que les forces
armées autrichiennes se battent mieux contre nous, mais à ce qu'elles ne se
battent pas du tout. »
    A cette heure critique, Schuschnigg décida de prendre une mesure
désespérée, à laquelle il n'avait cessé de songer depuis les derniers jours de
février, quand les nazis avaient commencé à gagner de l'influence dans les
provinces : il allait organiser un plébiscite. Il demanderait au peuple
autrichien s'il voulait « une Autriche libre, indépendante, sociale, chrétienne
et unie. — Ja oder Nein [93] ! »
    J'estimai le moment venu de prendre une décision claire et
nette, a-t-il écrit. C'était, me semblait-il, une folie d'attendre les mains
liées le moment où, au bout de quelques semaines, nous serions malgré tout
bâillonnés. La partie se jouait maintenant pour un enjeu qui exigeait de nous
un ultime et suprême effort (19).
    Peu après son retour de Berchtesgaden, Schuschnigg avait informé
Mussolini, protecteur de l'Autriche, de l'attitude menaçante adoptée par
Hitler. Il reçut aussitôt une réponse du Duce, assurant que la position de
l'Italie à l'égard de l'Autriche demeurait inchangée. Le 7 mars, il chargea son
attaché militaire à Rome de prévenir Mussolini qu'en raison des événements « il
allait sans doute avoir recours à un plébiscite ». Le dictateur italien
répondit que c'était là une erreur : « C'è un errore! » Il conseillait à
Schuschnigg de poursuivre son actuelle ligne de conduite. La situation,
disait-il, s'améliorait. Une détente imminente dans les relations entre Rome et
Londres contribuerait grandement à arranger les choses. Ce fut la dernière fois
que Schuschnigg entendit parler de Mussolini.
    Le soir du 9 mars, dans un discours prononcé à Innsbruck,
Schuschnigg annonçait que le plébiscite aurait lieu dans quatre jours, le
dimanche 13 mars. En apprenant cette nouvelle inattendue, Hitler entra dans une
violente fureur. Le journal de Jodl, du 10 mars, nous dit ce que fut la
réaction initiale à Berlin.
    Par surprise et sans consulter ses ministres, Schuschnigg a
ordonné un plébiscite pour le dimanche 13 mars.
    Le Führer est résolu à ne pas tolérer cela. Le soir même et
dans la nuit du 9 au 10, il fait appeler Gœring. Le général von Reichenau est
rappelé du Caire, où il prenait part aux travaux du Comité olympique. Le
général V. Schobert (commandant la région militaire de Munich en bordure de la
frontière autrichienne) est convoqué à Berlin, de même que le ministre
(autrichien) Glaise-Horstenau, qui se trouve... dans le Palatinat... Ribbentrop
est retenu à Londres. Neurath prend le ministère des Affaires étrangères (20).
    Le lendemain jeudi 10 mars, grand branle-bas à Berlin. Hitler
avait décidé l'occupation militaire de l'Autriche, et il est hors de doute que
ses généraux furent pris par surprise. Pour que le plébiscite, prévu pour le
dimanche, pût être empêché par la force, il fallait que l'armée entrât en
Autriche dès le samedi; or, aucun plan n'était prévu pour une manœuvre aussi
rapide. Hitler convoqua Keitel pour dix heures du matin, mais, avant d'accourir
chez le Führer, le général conféra avec Jodl et le général von Viebahn,
chef  du Führungsstab (état-major des opérations) de l'O.K.W. L'ingénieux
Jodl se rappela le « cas spécial Otto », qui avait été établi pour faire échec
à une tentative de restauration des Habsbourg. Puisqu'il n'existait pas d'autre
plan d'action militaire contre l'Autriche, Hitler décida que celui-ci ferait
l'affaire : « Préparez le cas Otto », ordonna-t-il.
    Keitel revint en toute hâte au quartier général de l'O.K.W. dans
la Bendlerstrasse, pour conférer avec le général Beck, chef d'état-major
général. Quand il demanda des détails sur le plan Otto, Beck répondit : « Nous
n'avons rien préparé, rien n'a été fait, rien du tout. » Beck à son tour fut
convoqué à la Chancellerie du Reich. Il alerta précipitamment le général von
Manstein sur le point de quitter Berlin pour prendre un poste de

Weitere Kostenlose Bücher