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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'Autriche était allée jusqu'à l'extrême limite des concessions
« jusqu'au point où nous devons nous arrêter et déclarer : nous n'irons pas
plus loin ». L'Autriche, dit-il, ne renoncerait jamais à son indépendance et il
terminait par un appel émouvant : « Rouge-blanc-rouge (les couleurs nationales
autrichiennes) jusqu'à la mort !,» (Les deux membres de phrase riment en
allemand).
    « Le 24 février, écrivit Schuschnigg après la guerre, fut pour
moi une date décisive. » Il attendit anxieusement les réactions du Führer à la
suite de ce discours, dans lequel il semblait mettre le Reich au défi. Von
Papen télégraphiait le lendemain à Berlin pour conseiller au ministre des
Affaires étrangères de ne pas prendre les déclarations de Schuschnigg trop au
sérieux. Si le chancelier autrichien avait, dit-il, exprimé des sentiments nationalistes
aussi ardents, c'était pour rétablir sa situation dans le pays; en effet, à
Vienne, certains éléments songeaient à le renverser, indignés par les
concessions qu'il avait faites à Berchtesgaden. D'autre part, ajoutait von
Papen, « le travail de Seyss-Inquart... se poursuit conformément aux plans
établis (17) ». Le lendemain, von Papen, alors que ses longues années de
manœuvres tortueuses étaient sur le point de porter leurs fruits, prit
officiellement congé du chancelier autrichien et s'en alla faire du ski à
Kitzbuehl.
    Le discours d'Hitler du 20 février, diffusé par le réseau
autrichien de radio, suscita une série de démonstrations massives des nazis à
travers toute l'Autriche. Le 24 février, à Graz, pendant la transmission du
discours de Schuschnigg, une foule déchaînée de 20 000 nazis envahit la place
de l'Hôtel-de-Ville, jeta à terre les haut-parleurs et, après avoir amené le
drapeau autrichien, hissa à sa place la bannière allemande à croix gammée.
Alors que Seyss-Inquart commandait personnellement la police, rien ne fut tenté
pour refréner les débordements de la fureur nazie. Le gouvernement Schuschnigg
s'effondrait. Le chaos, non seulement politique, mais économique, commençait à
régner dans le pays. Les habitants, aussi bien que les étrangers, opéraient des
retraits de fonds massifs dans les banques. Les firmes étrangères, inquiètes,
annulaient leurs commandes à un rythme accéléré.
    Effrayés, les touristes étrangers, qui représentaient l'un des
principaux soutiens de l'économie autrichienne, repassaient la frontière.
Toscanini câbla de New York « qu'en raison des événements politiques qui se
déroulaient en Autriche » il ne participerait pas au festival de Salzbourg, qui
attirait chaque été des dizaines de milliers de mélomanes. La situation devenait
si désespérée qu'Otto de Habsbourg, le jeune prétendant exilé, écrivit de
Belgique à Schuschnigg — celui-ci le révéla plus tard — le conjurant, au nom du
serment de fidélité qu'il avait autrefois prêté comme officier de l'armée
impériale, de le nommer chancelier, s'il pensait qu'une telle mesure pût sauver
l'Autriche.
    Dans son désespoir, Schuschnigg se tourna vers les ouvriers
autrichiens. Pourtant il n'avait jamais rétabli ni leurs syndicats libres, ni
leur parti politique, la social-démocratie, supprimé depuis 1934, après la
répression brutale opérée par Dollfuss. Les ouvriers représentaient alors 42
pour 100 du corps électoral autrichien et si, à un moment quelconque, au cours
des quatre dernières années, le chancelier avait pu voir au-delà de l'horizon
borné qui était celui de sa dictature clérico-fasciste, s'il s'était assuré
leur soutien pour créer une coalition démocratique anti-nazie aux tendances
modérées, il aurait pu aisément venir à bout des nazis qui formaient une
minorité relativement faible. Mais Schuschnigg manquait de l'envergure
nécessaire pour prendre une telle mesure. Honnête et probe, il était aveuglé, à
l'exemple de tant d'autres en Europe, par un profond mépris pour la démocratie
occidentale et par un attachement passionné au gouvernement autoritaire du
parti unique.
    Sortant des usines et des prisons (un grand nombre d'entre eux
venaient d'être libérés en même temps que les nazis), les sociaux-démocrates se
pressèrent en foule, le 4 mars, pour répondre à l'appel du chancelier. En dépit
de tout ce qui s'était passé, ils se déclarèrent prêts à venir en aide au
gouvernement pour défendre l'indépendance de la nation: Ils ne formulaient
qu'une seule

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