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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Schuschnigg non sans surprise. Il se lança dans un long monologue, où
il était question de chevaux et de maisons. Il allait faire élever les plus
hauts gratte-ciel que le monde eût jamais vus. « Les Américains, dit-il à
Schuschnigg, vont voir que l'Allemagne construit des édifices plus grands et
plus beaux que ceux des États-Unis. » Quant au malheureux chancelier d '
Autriche, Papen remarque qu'il semblait « inquiet et préoccupé ». Fumeur
enragé, il avait dû s'abstenir en présence d'Hitler. Mais après le café, pris
dans une pièce contiguë, Hitler s'excusa, et Schuschnigg put pour la première
fois allumer une cigarette. Il put aussi communiquer les mauvaises nouvelles à
son ministre des Affaires étrangères, Guido Schmidt. Les nouvelles n'allaient
d'ailleurs pas tarder à devenir bien pires encore.
    Après s'être morfondus pendant deux heures dans une petite
antichambre, les deux Autrichiens furent introduits auprès de Ribbentrop, le
nouveau ministre des Affaires étrangères, et de von Papen. Ribbentrop leur
présenta le projet d'un « accord », comprenant deux pages dactylographiées.
Hitler, leur dit-il, formulait là ses exigences définitives et n'entendait pas
les discuter : l'accord devait être signé sur-le-champ. Schuschnigg répondit
qu'il se sentait soulagé de connaître enfin avec précision les désirs d'Hitler.
Mais, quand il parcourut le document, son soulagement disparut. Car il
s'agissait d'un ultimatum, lui enjoignant, en fait, de remettre le gouvernement
autrichien aux mains des nazis, dans un délai d'une semaine.
    L'interdit lancé contre le Parti nazi autrichien devait être
levé, tous les nazis actuellement en prison seraient amnistiés et l'avocat
viennois pronazi, le docteur Seyss-Inquart, serait nommé ministre de
l'Intérieur, ayant autorité sur la police et les services de sécurité. Un autre
pro-nazi, Glaise-Horstenau, serait nommé ministre de la Guerre, et les armées
autrichienne et allemande devraient établir entre elles des relations plus
étroites, grâce à un certain nombre de mesures, comportant l'échange
systématique de 100 officiers : « Des préparatifs seront faits, lisait-on au
dernier paragraphe, en vue de l'intégration du système économique autrichien
dans celui de l'Allemagne. Dans ce but le docteur Fischboeck (un pro-nazi) sera
nommé ministre des Finances (5). »
    Comme il l'a écrit par la suite, Schuschnigg comprit aussitôt
que, s'il acceptait l'ultimatum, ce serait la fin de l'indépendance de
l'Autriche.
    Ribbentrop me conseilla d'accepter immédiatement ces
conditions. Je protestai et lui rappelai mon précédent accord avec von Papen,
conclu avant ma venue à Berchtesgaden; je fis comprendre à Ribbentrop que je ne
m'attendais pas à des exigences aussi déraisonnables (6).
    Mais Schuschnigg était-il disposé à les accepter? Qu'il ne
s'attendait pas à de telles conditions était évident même pour un lourdaud
comme Ribbentrop. Une question se posait : signerait-il? A cette heure
difficile et décisive, le jeune Chancelier autrichien commença à faiblir. Il
demanda gauchement à ses interlocuteurs « s'il pouvait compter sur la bonne
volonté de l'Allemagne et si le gouvernement du Reich avait du moins
l'intention de tenir ses engagements (7) ». Il lui fut, dit-il, répondu
affirmativement.
    Alors von Papen commença à l'endoctriner. L'astucieux
ambassadeur avoua la « stupéfaction » qu'il avait éprouvée en prenant
connaissance de l'ultimatum. C'était là « une ingérence injustifiable dans la
souveraineté autrichienne ». Schuschnigg raconte que von Papen s'excusa auprès
de lui et exprima la « surprise totale » que lui causait la lecture des
conditions. Il conseilla néanmoins au chancelier autrichien de signer.
    Il me donna ensuite l'assurance formelle que, si je signais
et que j'accède à ses demandes, Hitler veillerait à ce que l'Allemagne demeurât
fidèle à cet accord et à ce que l'Autriche ne connût plus de nouvelles
difficultés ».
    Il ressort des déclarations ci-dessus, dont les dernières sont
tirées de sa déposition écrite au procès de Nuremberg, que non seulement
Schuschnigg faiblissait, mais qu'il était également le jouet de sa naïveté.
    Une dernière occasion de résister allait lui être offerte. Il
fut à nouveau convoqué auprès d'Hitler. Le Führer arpentait
son cabinet d'un air agité.
    Hitler :
Monsieur Schuschnigg..., voici la copie du document... Il n'y a pas à

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