Le Troisième Reich, T1
avec les Tchèques.
Le 18 septembre, journée que Chamberlain passa à rallier son
cabinet et le gouvernement français à sa politique d'abdication, fut marqué
pour Hitler et ses généraux par une activité intense. L'horaire du départ fut
donné pour 5 armées (la seconde, la huitième, la dixième, la douzième et la
quatorzième) comprenant 36 divisions, dont 3 blindées. Hitler confirma
également le choix des officiers commandant 10 armées. Le général Adam, bien
qu'il se fût regimbé, conserva le commandement complet des troupes de l'ouest.
Chose surprenante, deux des conspirateurs furent rappelés de leur retraite. Le
général Beck était nommé commandant de la première armée et le général von
Hammerstein de la quatrième.
Les préparatifs politiques du coup final qui allait être porté à
la Tchécoslovaquie se poursuivaient d'autre part. Les documents des Affaires
étrangères allemandes abondent en rapports sur la pression accrue exercée par
l'Allemagne sur la Hongrie et la Pologne, appelées à prendre leur part du
butin. Les Slovaques eux-mêmes furent chargés d'intervenir pour attiser le feu.
Le 20 septembre, Henlein les incitait à réclamer leur autonomie « de façon plus
pressante ». Le même jour, Hitler recevait le premier ministre hongrois Imredy,
et Kanya, son ministre des Affaires étrangères, pour les morigéner au sujet des
hésitations qu'on manifestait à Budapest. Un mémorandum des Affaires étrangères
donne un long compte rendu de cet entretien :
Tout d'abord le Führer reprocha aux Hongrois l'attitude
indécise de la Hongrie. Pour sa part, il était résolu à régler la question
tchèque, fût-ce au risque de déclencher une guerre mondiale... Il était
convaincu cependant que ni l'Angleterre ni la France n'interviendraient.
C'était pour la Hongrie la dernière occasion de se mettre de la partie. Sinon,
il ne serait pas en mesure de dire un mot en faveur des intérêts hongrois.
Selon lui, la meilleure solution consistait à supprimer la Tchécoslovaquie.
Il présenta deux demandes aux Hongrois : 1° La Hongrie
demanderait immédiatement qu'un plébiscite eût lieu dans les territoires
qu'elle réclamait et 2° elle ne garantirait aucune nouvelle frontière proposée
pour la Tchécoslovaquie (48).
Quoi qu'il advînt à la suite des entretiens avec Chamberlain,
Hitler — il le fit clairement comprendre aux Hongrois — n'avait aucune
intention de laisser subsister une Tchécoslovaquie, même mutilée. Quant au
Premier Britannique :
Le Führer a déclaré qu'il lui présenterait les exigences
allemandes avec une franchise brutale. A son avis, l'action de l'armée apporterait
la seule solution satisfaisante. Restait cependant le danger de voir les
Tchèques accéder à toutes ses exigences.
Danger qui allait hanter le dictateur lors de toutes ses
rencontres ultérieures avec le premier ministre, qui, lui, ne soupçonnait rien.
Le 21 septembre, à l'instigation de Berlin, le gouvernement
polonais exigea des Tchèques qu'un plébiscite eût lieu dans le district de
Teschen, où vivait une forte minorité polonaise, et il envoya des troupes à la
frontière de cette région. Le lendemain, le gouvernement hongrois en faisait
autant de son côté. Ce même jour, le 22 septembre, le corps franc des Sudètes,
soutenu par des détachements de S.S., occupa les villes frontières tchèques de
Asch et de Eger qui formaient saillie en territoire allemand.
Ce 22 septembre fut d'ailleurs un jour d'extrême tension à
travers l'Europe, car, le matin même, Chamberlain était reparti pour
l'Allemagne afin de conférer avec Hitler. Il nous faut maintenant considérer
rapidement ce qu'avait fait le Premier Ministre à Londres entre ses deux
visites au Führer.
Dès son retour, le soir du 16 septembre, Chamberlain réunit le
cabinet pour informer ses ministres des exigences d'Hitler. Lord Runciman fut
appelé de Prague et invité à donner ses suggestions. Elles étaient stupéfiantes.
Emporté par son zèle et son souci d'apaiser les Allemands, il allait même plus
loin qu'Hitler. Il conseillait de transférer à l'Allemagne les territoires où
les Sudètes étaient en majorité, sans se soucier d'un plébiscite. Il
recommandait vivement l'emploi de tous les moyens légaux pour étouffer toute
critique qui pourrait être formulée contre l'Allemagne, en Tchécoslovaquie, «
par des partis ou des personnes ».
Il demandait que la Tchécoslovaquie, même privée de
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